La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 37

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XXXVII

485 Marsilies fut esculurez de l’ ire, Marsile, de fureur, est tout décoloré ;
Freint le scel, getet en ad la cire, Il brise le sceau, il en fait choir la cire,
Guardet al bref, vit la raisun escrite :
Jette un regard sur la lettre, et voit tout ce qui y est écrit :
« Carles me mandet, ki France ad en baillie, « Celui qui a la France en son pouvoir, Charles me mande
« Que me remembre de la dulur e de l’ ire ; « De me souvenir de la colère et de l’antique douleur ;
490 « Ço est de Basan e de sun frere Basilie, « C’est-à-dire de Basan et de son frère Basile,
« Dunt pris les chefs as puis de Haltoïe. « Dont j’ai pris les têtes là-bas, aux monts de Haltoïe.
« Se de mun cors voeill aquiter la vie, « Si je veux racheter la vie de mon corps,
« Dunc li enveie mun uncle, l’Algalife, « Il me faut lui envoyer le Calife, mon oncle :
« Kar altrement ne m’amerat il mie. » « Autrement il ne m’aimera plus..... »
495 Après parlat sis filz envers Marsilie, Après Marsile, son fils prend la parole :
E dist al Rei : « Guenes ad dit folie. « Ganelon a parlé follement, dit-il au Roi.
« Tant ad erret nen est dreit que plus vivet ; « Son crime est tel qu’il mérite la mort.
« Liverez le mei, jo en ferai la justise. » « Livrez-le-moi, j’en ferai justice. »
Quant l’oït Guenes, l’espée en ad branlie, Ganelon l’entend, brandit son épée,
500 Vait s’apuier suz le pin à la tige... Aoi. Et sur la tige du pin va s’adosser...


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Vers 488.Carle. O. Pour le cas sujet il faut Carles.

Vers 489.Dolur. O. On ne trouve dolur ou dolor que trois fois dans notre manuscrit. (Vers 489, 2946, 2695.) Mais la première syllabe du s’y rencontre tout au moins dix-huit fois, tantôt avec dulor (v. 1437, 1622, 1679, 1787, 1977, 2101, 2335, 2428, 3711), tantôt avec dulur. (Vers 716, 2030, 2234, 2547, 2901, 2907, 2914, 3741, 3772.) Nous n’avions donc pas à hésiter sur la forme que nous devions adopter, d’autant plus que l’u est conforme à la phonétique de notre manuscrit. ═ Il en est de même pour le second u de dulur. (V. la note des vers 27 et 30.)

Vers 492.Voeil. O. La forme presque uniquement employée dans notre manuscrit est voeill (avec ce redoublement de la lettre l que l’on trouve si fréquemment dans le texte de la Bodléienne : cunseill, seignurill, etc. Voel ne se rencontre qu’une fois (v. 3836), ainsi que voeil (v. 492). Mais on ne trouve pas voeill moins de onze fois (Vers 309, 522, 651, 1027, 1091, 1701, 3283, 3593, 2180, 3907, 3909.) Tout nous portait à adopter cette forme.

Vers 493.Envei. O. Erreur évidente. Le présent du subjonctif prend toujours l’e à sa première personne du singulier.

Vers 494. — Nous avons ajouté kar pour la mesure.

Vers 495.Ses. O. V. la note du v. 39.

Vers 497. — Lire dreiz. O. V. notre théorie sur les neutres, à la note du v. 9.

Vers 498.Livrez. Mu. V. la note du v. 38.

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