La Chanson des gueux/ Ballade Villon

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Maurice Dreyfous (p. 246-247).


II

BALLADE VILLON


Roi des poètes en guenilles,
Ô gueux, maître François Villon,
Buveur de vin, coureur de filles,
Sonneur de joyeux carillon,
Grand mélancolique en paillon,
Tes vers sur ta tête honnie
Font flamber le sacré rayon,
Escroc, truand, marlou, génie !

Tu fus le père des bons drilles
Dont tu remplis le corbillon ;
Et pour de telles peccadilles
Tu faillis, quittant le sillon,
Au gibet comme échantillon
Pendre, figure racornie
Dont la pluie eût fait un bouillon,
Escroc, truand, marlou, génie !


Laisse les chercheurs de vétilles
Te piquer de leur aiguillon.
Sur leurs sermons tu dégobilles.
Amant de Margot la souillon,
Tu sus, même à son cotillon,
Allumer l’étoile bénie
Qui fait resplendir ton haillon,
Escroc, truand, marlou, génie !

envoi

Prince, arbore ton pavillon,
Et tant pis pour qui te renie,
Roi des poètes sans billon,
Escroc, truand, marlou, génie !