La Civilisation et les grands fleuves historiques/4

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CHAPITRE IV


LES RACES


Races réprouvées et races élues. — Insuffisance absolue des diverses classifications anthropologiques et ethnologiques tentées jusqu’à ce jour. — Adaptation et hérédité. — La race n’est pas une cause, mais un résultat : le milieu est plus puissant qu’elle.


Pour expliquer les rôles si différents des peuples devant le problème fondamental de l’histoire, la science moderne ne saurait invoquer le hasard ou l’action providentielle ; par contre, elle nous propose deux théories : l’une, la théorie ethnologique, attribuant la répartition inégale des civilisations aux diverses aptitudes de races ; l’autre, que, pour abréger, nous appellerons la théorie géographique, en cherchant la raison dans le « milieu ». La première s’inspire surtout du principe conservateur de l’hérédité ; la seconde se réclame du système transformiste de l’adaptation au milieu, conçu par Lamarck et développé par Darwin.

Parmi les partisans les plus décidés de la théorie de l’hérédité, on rencontre, non sans surprise, la majeure partie des plus savants naturalistes de nos jours, ceux-là même qui se sont acquis une renommée universelle par leur adhésion sans réserve au principe fécond de l’évolution en biologie, M. Carl Vogt (Leçons sur l’Homme). Mlle C. Royer, et autres, M. Ch. Letourneau me semble être le fidèle interprète des vues prédominantes chez les plus illustres membres de la Société d’anthropologie de Paris, lorsqu’il s’exprime en ces termes[1] :

« Il y a une hiérarchie des races humaines… La race influe, plus que le milieu, sur le développement sociologique. Quel que soit son habitat, l’homme est mal armé pour le progrès, tant qu’il ne possède point un faisceau de facultés péniblement et lentement acquises dans la lutte pour vivre, puis transmises par l’hérédité. Ce sont : la sociabilité, qui unit et coordonne les efforts individuels ; l’intelligence, qui dirige ces efforts vers un but utile à la communauté ; enfin, la volonté patiente, qui fait persister et endurer… Le milieu fait beaucoup ; il ne fait pas tout, et la race importe davantage. Il n’y a jamais eu de grande civilisation nègre. L’Égypte ancienne n’a été que négroïde[2] et métisse ; les races asiatiques et berbères lui avaient sûrement apporté leur contingent…

« Jamais une race anatomiquement inférieure n’a créé une civilisation supérieure. Sur une telle race pèse une malédiction organique dont le poids ne se peut alléger que par des efforts bien plus que millénaires, par une lutte pour le mieux soutenue pendant des cycles géologiques. Or, sous le rapport de la noblesse organique, les races humaines sont fort dissemblables : les unes sont élues, les autres sont réprouvées… On a affirmé (Buckle) que les premières civilisations dignes de ce nom se développaient là seulement où le règne végétal fournissait une facile alimentation. Il y a du vrai dans cette proposition, mais les conditions du milieu ne font pas tout. Quoi de plus fortuné, sous ce rapport, que les bienheureuses îles de l’Océanie intertropicale ? et, pourtant, les sociétés humaines y sont demeurées à l’état rudimentaire. — Dira-t-on qu’en Polynésie l’homme ne s’est point développé à cause de son isolement, parce que son champ d’expérimentation, d’émigration était trop borné ? En Asie, en Europe, le mouvement de la civilisation semble d’accord avec cette interprétation des faits ; mais il en est tout autrement en Afrique. En effet, le Cafre n’est pas sensiblement supérieur au Chillouk du Nil blanc, et le Hottentot lui est fort inférieur. En Amérique, l’influence des migrations, du climat tempéré est plus contestable encore[3]. Les seuls essais de civilisation quelque peu avancée ont eu pour théâtre les régions tropicales ; ils y sont restés confinés, et les vastes régions de l’Amérique centrale et méridionale ont croupi dans la sauvagerie, à tel point que le Peau-Rouge n’avait pas même eu l’idée de domestiquer le bison, qu’il passait sa vie à chasser. »

En entendant certains des représentants les plus autorisés de la science tenir le même langage que les négriers et les anciens planteurs des États esclavagistes de l’Amérique, réprimons notre sentiment intime de révolte pour demander à cette même science ce qui différencie les « races élues » des « races réprouvées » : c’est là, précisément, que commence la difficulté.

Depuis le siècle dernier, on a souvent essayé de séparer le genre humain en groupes distincts et catégoriquement définis. Certaines de ces tentatives se basaient sur la coloration de la peau, et, cependant, nul ne songerait à déterminer d’après la nuance de son pelage à quelle race appartient un chien ou un cheval ; d’autres classent les hommes d’après la section du cheveu, ovale chez les peuples de chevelure laineuse (ulotriques) et ronde chez les Européens et les Sémites à chevelure lisse ou bouclée (leïotriques) ; d’autres encore d’après la forme du crâne, large (brachycéphale), ou allongée (dolichocéphale). etc. etc. Les essais moins nombreux d’une classification fondée, non sur un symptôme unique et plus ou moins superficiel, mais sur un ensemble de considérations anthropologiques essentielles, n’ont encore abouti qu’à des résultats confus et contradictoires. Au cœur de l’Afrique, mainte tribu, des plus heureusement douées, à la toison crépue et la peau d’ébène des nègres de Guinée, tandis que, dans d’autres régions, des groupes incorporés aux races élues et privilégiées présentent le prognathisme le plus bestial.

Si les races humaines étaient pures, dit M. Topinard dans son excellent manuel, l’Anthropologie[4], il suffirait de faire la somme de leurs différences et de leurs ressemblances, de tenir compte de leurs variations individuelles et des écarts pathologiques et de procéder à leur groupement le plus naturel. Mais le terrain est tout différent, l’unité manque ; les races se sont divisées, dispersées, mêlées, croisées en toutes proportions, en toutes directions, depuis des milliers de siècles ; la plupart ont quitté leur langue pour celle des vainqueurs, puis l’ont abandonnée pour une troisième, sinon une quatrième ; les masses principales ont disparu, et l’on se trouve en présence, non plus de races, mais de peuples dont il s’agit de retracer les origines ou que l’on classe directement… Dans les détails, lorsque les classifications des êtres humains tombent sur quelque peuplade bien isolée par des circonstances exceptionnelles, comme les Esquimaux au Groenland ou les Tasmaniens à l’île Van-Diemen, elles se comprennent encore. Mais, au-delà, le point de vue ethnographique apparaît seul, et l’on se sert du mot de race dans le sens le plus malheureux. On parle de race indo-germanique et latine, de race allemande, anglaise, slave, comme s’il y avait, dans ces épithètes, autre chose qu’une dénomination politique, une agglomération fortuite d’éléments anthropologiques de sources diverses… En Asie, ou les peuples ont été brassés de l’orient à l’occident et de l’occident à l’orient d’une façon si prodigieuse que sa race la plus caractéristique se trouve peut-être au-delà du Pacifique, dans les zones polaires ; en Afrique, où un mouvement semblable s’est opéré à plusieurs reprises ; en Amérique, où se sont produites aussi de grandes convulsions aux époques historiques, on ne rencontre plus de races primitives, mais des résultats de croisements répétés, de superpositions, de mélanges de toute nature… La classification des véritables divisions et subdivisions de la famille humaine est encore à créer, et ne pourra être abordée que lorsqu’on connaîtra les vrais éléments composants des peuples actuels. »

Citons un exemple des équivoques provenant de cette confusion si bien décrite par M. Topinard : les Allemands, qui ont tant sacrifié au spectre d’une unité politique basée sur des considérations prétendues scientifiques, n’en présentent pas moins un groupe anthropologique des plus hétérogènes et composé des éléments les plus divers, depuis les dolichocéphales et les brachycéphales blonds des provinces septentrionales, jusqu’aux brachycéphales bruns des royaumes du Sud. On peut en dire presque autant de l’Italie. Par contre, la Suisse, qu’on voit si souvent figurer dans les livres comme spécimen d’une agglomération factice et fortuite de races différentes, possède une unité anthropologique beaucoup moins contestable, et caractérisée par la brachycéphalie.

Puisque, dans l’histoire des civilisations, nous n’avons jamais affaire « à quelque peuplade bien isolée par des circonstances exceptionnelles, comme les Esquimaus du Groenland ou les Tasmaniens de l’île Van-Diemen », il devrait s’en suivre, de l’aveu de M. Topinard lui-même, que toutes les classifications anthropologiques du genre humain sont nulles et non avenues, du moins en matière sociologique et historique. Restent les classifications linguistiques, comme celle de M. Fred. Müller de Vienne : elles présentent en effet beaucoup plus d’unité logique et de précision que les essais de division basés sur la nuance de la peau, la nature des cheveux ou les indices anthropométriques ; mais on ne saurait leur accorder qu’une valeur tout à fait relative. Très utiles tant qu’il s’agit de systématiser nos études des idiomes et de l’ethnographie descriptive, elles ne peuvent projeter de lumière sur les problèmes sociologiques et sur la philosophie réaliste de l’histoire. En s’étayant sur la hiérarchie linguistique, on rangerait au degré le plus bas des « réprouvés » les Chinois, et les autres peuples de l’Asie orientale qui parlent des langues monosyllabiques. Par contre, les Zoulous, les Betchouanas et celles des peuplades de l’Afrique australe qui font usage de l’un des idiomes bantous si sonores, si souples, si bien outillées en vue de l’expression des plus délicates nuances du sentiment et de la pensée, devraient, de plein droit, figurer parmi les « élus ».

Le Dr Letourneau est loin de méconnaître l’état désespéré de la classification anthropologique et l’incompétence sociologique des classifications d’après la langue, mais il croit tout sauver en traitant cette question épineuse du haut de considérations purement historiques et sociologiques — ce qui revient à une simple pétition de principe. Pour « élire » et « réprouver », il lui suffit de diviser l’humanité en trois groupes, caractérisés en partie par la coloration plus ou moins foncée de la peau, en partie par les indices anatomiques, mais surtout par leurs rapports de la civilisation et à l’histoire :

1o La race noire, incapable, de par l’hérédité, de créer, sans mélange avec les races supérieures, une civilisation élevée et durable.

2o La race jaune, mongole ou mongoloïde, de beaucoup supérieure à la première :

« De bonne heure, les meilleurs représentants de ce type, les Mongols asiatiques, ont formé de grandes sociétés, savamment organisées, qui, comme la société chinoise, rivalisent avec les civilisations des races blanches et, sous certains rapports, peuvent même leur servir de modèle. Même les mongoloïdes les plus mélangés, les plus inférieurs, les plus pauvres en cerveau, les Américains, dont les misérables échantillons languissent au plus bas degré de l’évolution intellectuelle et sociale, ont su, par leurs types supérieurs, donner jadis, au Mexique et au Pérou, de remarquables exemples de progrès social. »

3o La race blanche, enfin, qui a « gravi quelques degrés de plus dans la hiérarchie organique. Son cerveau s’est épanoui, son front s’est élargi et redressé, ses maxillaires se sont réduits ; il n’y a plus, dans ce groupe, de prognathisme et de bouche lippue »[5] ; ce qui, en définitive, vaut, à cette division privilégiée de l’humanité, l’inappréciable avantage d’être seule douée, de par l’hérédité, toujours, de l’aptitude à créer des civilisations de tout point supérieures et durables.

Cette classification sommaire présente sans doute l’avantage incontestable d’une extrême simplicité ; par malheur, elle ne fait qu’indiquer, et, à mon avis, pas toujours d’une manière correcte, les faits mêmes dont il s’agirait de donner l’explication.

La majorité des peuples qui ont joué ou jouent actuellement les premiers rôles dans l’histoire universelle, sont, en effet, censés appartenir à l’un des grands rameaux sémitique ou aryen de la race blanche. Tels sont ou ont été les Aryas du Pandjab, les Iraniens, les Assyro-Babyloniens (en partie)[6], les Phéniciens, les Hellènes, les Italiotes, les Gaulois, les Germains, ainsi que les peuples civilisés de l’Europe médiévale et moderne, à l’exception des Basques, peut être des Finnois et des Hongrois.

Mais, ne l’oublions pas, le groupe aryen, incontestablement le mieux étudié de tous les rameaux du genre humain, ne présente d’unité scientifiquement démontrable qu’a un point de vue exclusivement linguistique. Depuis les populations brahmaniques de l’Inde jusqu’aux blonds dolichocéphales de l’Allemagne du Nord, on trouve dans cette branche des variations infinies de la coloration de la peau, des cheveux et des yeux, des index céphaliques et d’autres caractères anthropologiques. Pourtant, combien de peuplades, dont l’appartenance à ce groupe ne saurait être douteuse, ne se sont guère plus distinguées sur l’arène de l’histoire que les nègres les plus foncés de la Guinée, que les races les plus « réprouvées » de l’Afrique centrale ! Ce n’est point sans raison ethnologique que les Afghans se disent proches parents des Anglais, et, cependant, les destinées historiques de ces deux nations ne sont rien moins que semblables. Les peuples les plus rebelles à toute civilisation élevée, les Bédouins, après un contact plusieurs fois millénaire avec les plus puissantes des civilisations, restent de nos jours ce qu’ils étaient sous les pharaons des dynasties thébaines ; ce sont néanmoins des Sémites[7], de race probablement plus pure que leurs congénères de Mésopotamie, ces créateurs des brillantes civilisations assyro-babyloniennes et, plus tard, de celle du Khalifat. Ainsi l’on pourrait dire : Les Aryens et les Sémites à peau plus ou moins blanche sont, entre tous les groupes de l’humanité, les seuls qui, dans certaines conditions, aient fondé les empires les plus puissants et des civilisations durables. Mais puisque, en d’autres conditions, des peuples de même race ont eu des destinées historiques absolument différentes, il est évident que le centre de gravité de la question ne se trouve pas dans les aptitudes de race, mais dans ces conditions indéterminées.

Ce vice essentiel de méthode nous conduit à des conclusions encore plus erronées quand on passe au second des grands groupes du Dr Letourneau, à l’homme jaune, mongol au mongoloïde. De tous les peuples de l’ancien continent que l’auteur de la Sociologie par l’Ethnographie a réunis sous cette rubrique, les Chinois seuls occupent une place d’honneur dans les annales du genre humain ; mais personne n’ignore que par leur langue, tout comme par leur aspect physique, les Fils de Han sont très distincts des autres nations mongoles ou touraniennes. Quant à l’empire incontestablement mongol, fondé par le khan Djenghiz et ses successeurs, Koublaî dans l’est et Batyi dans l’ouest, il a un certain renom dans l’histoire, mais un renom du genre de celui que s’acquit Érostrate en brûlant le temple d’Éphèse. En quoi serait-il considéré comme supérieur aux grandes dominations des Felatas, des Djakas et surtout à cet empire mystérieux, probablement bantou, et, en conséquence, classé parmi les nègres, auquel on doit les ruines remarquables de Zimbabyé, dont l’aspect grandiose a fait supposer la présence, absolument invraisemblable, de constructeurs européens au centre du Continent noir[8] ? Ainsi des empires de Tamerlan, de Baber-Mirza (le Grand Mogol).

De ces nations de l’Ancien Monde classées sous l’étiquette « race jaune », il ne nous reste à citer que les Turcs Othmanli. Ceux-là, il est vrai, ont inscrit leurs noms dans les pages de l’histoire, mais nullement à titre de fondateurs de civilisation : on a souvent comparé leur rôle à celui des chacals et des oiseaux de proie qui font la police dans les villes musulmanes, en dévorant les charognes qu’on a négligé d’emporter ; cette similitude n’est point tout à fait exacte, car si les Turcs ont partagé les dépouilles des civilisations expirantes de l’empire byzantin et du Khalifat, ils ne se sont nullement préoccupés du cadavre des victimes, que jusqu’au temps présent, ils laissaient se décomposer au grand jour. Et cependant, comme les Tatars de la Crimée, ces Turcs Othmanli ne tiennent plus que par leur idiome à la famille ouralo altaïque : anthropologiquement parlant, ils se sont anoblis en s’apparentent à la race blanche par leur habitude, plusieurs fois séculaire, d’approvisionner leurs harems de femmes enlevées ou achetées en Grèce, dans les provinces danubiennes, en Pologne, en Ukraine, au Caucase et en Arménie.

Donc, cette incapacité de créer des civilisations supérieures que le Dr Letourneau accepte comme caractéristique de la race réprouvée des nègres, on la retrouve aussi dans une bonne partie de la race blanche, et chez la presque totalité des jaunes. Toutes les grandes civilisations historiques ont d’ailleurs été le produit de mélanges complexes des éléments ethniques les plus disparates, dans lesquels la part, même approximative, des blancs, des jaunes et des noirs me parait bien difficile à préciser[9]. La civilisation égyptienne, par exemple, qui semble avoir été la plus ancienne, et une des plus « isolées » du globe, n’en a pas moins exigé le concours de quatre groupes ethniques très distincts, différenciés par la coloration de la peau et par d’autres indices anthropologiques. Ces quatre éléments sont reproduits, à Thèbes, avec une fidélité qui fait l’admiration des archéologues, sur le célèbre tableau polychrome du tombeau de Seti Ier (XIXe dynastie). Nous y reconnaissons les trois groupes du Dr Letourneau : l’homme blanc, le Tama’hou (non encore porté par ces populations africaines si semblables aux Européens, et que les Arabes appellent des Touareg) ; l’homme jaune, Amon, aux traits sémitiques, plus ou moins mélangé d’éléments touraniens ; le Nahasiou ou l’homme noir, nègre à cheveux crépus. Un quatrième type vient s’y joindre, qui n’a pas trouvé place dans la classification de la Sociologie d’après l’Ethnographie, mais qui semble avoir joué le rôle principal dans l’Égypte pharaonique : c’est le Rot de F. Lenormant[10] ou Retou, synonyme hiéroglyphique de Loud (pluriel Loudim) de la Genèse, au teint rouge, évidemment identique à ces populations de couleur brique ou brunâtre qui, dès les temps préhistoriques, étaient déjà répandues sur les deux rives de la mer Rouge et jusqu’en Palestine et en Syrie ; populations dont les restes se retrouvent encore dans les parages du cap Gardafui, sur le haut Nil, et sur le littoral méridional de l’Arabie. On reconnaît une allusion à la nuance de leur peau dans le nom de Poun qu’elles portaient depuis la plus haute antiquité, et qui est probablement l’origine des φοίνιχος des Grecs, des Pœni, Punici des Romains. La mer Rouge pourrait leur devoir son appellation ; celle de Himyarites, donnée aux Sabéens de l’Arabie Heureuse, provient de la racine h-m-r, en arabe homra, — qui désigne le rouge dans les langues sémitiques.

Impossible, dans l’état actuel de la science, de faire le départ tant soit peu équitable du travail de ces quatre facteurs ethniques. Sur la foi des prêtres égyptiens, les auteurs classiques avaient admis la provenance éthiopienne des civilisateurs de la basse vallée du Nil. D’après les traditions, Osiris, la personnification du principe d’ordre et de progrès dans la création et la société, avait la peau noire[11] ; à Typhon, son satan ou son antagoniste, on donnait des cheveux roux et ce teint jaune que le tableau du tombeau de Seti Ier attribue aux Amou sémitiques.

Certes, nous ne pouvons plus aujourd’hui adopter sans restrictions l’opinion des historiens grecs et des prêtres de Saïs ; l’étude de la langue et des croyances égyptiennes nous amène forcément à conclure que les Retou, les Égyptiens d’autrefois, avaient des attaches sémitiques[12]. Mais, puisque ni Libyens ni Sémites purs n’ont jamais su créer de civilisation élevée et durable dans cette même région de l’Afrique, il ne serait pas difficile de retourner la thèse de notre auteur et d’affirmer que les races blanches, les privilégiées de l’histoire, ont eu aussi besoin du sang réprouvé des nègres, et que, non fécondées par ce bienfaisant mélange, elles sont condamnées à la stérilité. Les Aryens de l’Europe ne seraient jamais devenus ce qu’ils sont de nos jours, si, par l’intermédiaire des Phéniciens et des Hellènes, ils n’avaient reçu en temps opportun le précieux héritage de cette admirable civilisation égyptienne, produit de métissages franchement nègres et négroïdes.

Passons maintenant à cette autre civilisation puissante qui nous a fait des legs non moins précieux, et qui, sous plus d’un rapport, pourrait disputer à la vallée du Nil la palme de la priorité, j’ai nommé la Mésopotamie. Au seuil de l’histoire, nous y trouvons cette même fusion de sang et de races que le tableau de la nécropole thébaine nous a permis de constater en Égypte. Bien avant l’apparition de l’élément aryen (seul de tous les assyriologues français, anglais et allemands, M. Halévy conteste la présence de l’élément touranien en Mésopotamie), Soumirs et Accads[13], c’est-à-dire Touraniens jaunes et Sémites blancs, ont collaboré à cette grande civilisation, mais ils avaient été précédés dans la basse Chaldée par ces populations à peau plus foncée encore que celle de beaucoup de nègres, les Kouchites de nos archéologues et de nos ethnographes. Or, d’après l’opinion des plus accrédités de nos savants, c’est à ces noirs que revient l’honneur d’avoir ouvert la voie où devaient courir leurs successeurs[14].

Franchissant la triple et presque inexpugnable barrière des montagnes de Salomon, transportons-nous de l’occident à l’orient, entrons dans cette Inde où le plus noble rameau de la race privilégiée des Aryas fit sa première apparition sur l’arène historique. À leur arrivée dans le Chapta Gaudava, le Pandjab actuel, les Aryo-Hindous y trouvèrent déjà une civilisation plus avancée que la leur. M. Emile Burnoul[15] en voit la preuve dans la prière que les chantres védiques adressent sans cesse à leurs divinités, de remettre dans leurs propres mains les biens des Dacyas, leurs vaches, leurs chevaux, leur or, leurs parures, et de donner leurs terres à l’Arya.

Toutes ces bonnes choses convoitées par les poètes védiques, n’étaient point — les recherches modernes nous portent à le croire — le fruit des travaux des Dacyas jaunes, des envahisseurs touraniens qui les avaient précédés sur les rives de l’Indus ; elles appartenaient à une population indigène, très bien distinguée de ceux-ci dans les poèmes épiques, mais que le Ramayana confond avec les singes. Ces indigènes dravidiens avaient la peau noire[16], et, d’après une étude récente de M. Julius Lippert[17], seraient simplement un rameau de cette même race kouchite, déjà rencontrée en Égypte et en Mésopotamie, et qui ne se différencierait des nègres que par sa chevelure moins laineuse et moins crépue : cette diminution de l’ulotrichie suffirait-elle pour séparer les Kouchites des nègres proprement dits et pour les classer sous la rubrique moins « réprouvée », mais plus indécise, de « négroïdes » ?

Du reste, pour se représenter le type nègre comme celui d’une famille bien définie du genre humain, il faut n’avoir pas vu de près les populations de l’Afrique. Tous ceux qui ont étudié « sur le vif » l’ethnologie du Continent noir, Livingstone, Stanley. W. Reade, Werner Munzinger, Ad. Rastian, Rob. Hartmann, Casalis, G. Fritsch, etc., s’accordent à reconnaître l’impossibilité absolue de tracer une limite précise entre les nègres et les non-nègres. G. Fritsch, notamment, dans son ingénieux projet d’une classification nouvelle de l’humanité[18], envisage les Méditérannéens, les Mongols et les Nigritiens, c’est-à-dire les blancs, les jaunes et les noirs du Dr Letourneau, comme des variétés issues d’une souche commune qu’il appelle Homo primitivus migratorius, par opposition à l’Homo primitivus sedentarius, l’ancêtre présumé des populations australiennes et océaniennes, des Papouas, Dravidas, Aïnos, Khoïn-Khoïn ou Hottentots. Or, puisque la faculté de migration, qui suppose une élasticité organique et une facilité d’adaptation aux divers milieux, constitue un avantage réel de « l’homme migrateur » sur « l’homme sédentaire », les nègres, les « réprouvés » du Dr Letourneau se trouvent subitement portés par M. G. Fritsch, c’est-à-dire par le connaisseur le plus accrédité du monde cafre ou bantou, au rang des « élus », d’un des groupes privilégiés de la famille humaine.

Malgré tout ce qui précède, admettons un instant que les diverses races soient, de par l’hérédité, douées d’aptitudes spécifiques nécessaires pour jouer un rôle déterminé dans l’histoire, à peu près comme le pavot, par exemple, est doué d’une vertu narcotique[19] ; comment pourrions-nous répondre aux questions suivantes ?

1o Pourquoi des groupes ethniques aussi étroitement congénères que les Kourdes et les Allemands, les Anglais et les Afghans, etc., faisant les uns et les autres partie du rameau aryen de la race blanche, ont-ils joué dans l’histoire des rôles si différents ?

2o Pourquoi, aux différentes périodes historiques, a-t-on vu d’intervertir la hiérarchie de race ? Aux temps, par exemple, où les Kouchites allumaient, dans la basse Chaldée et dans l’Inde septentrionale, le flambeau qui, de main en main, nous a été transmis à travers les siècles, les sociologistes-ethnographes de l’époque pouvaient, et à bon droit, branler la tête au sujet des populations à peau moins foncée et les condamner à l’abjection à perpétuité. Certes, elles ne possédaient point alors ce faisceau de facultés lentement et péniblement acquises dans la lutte pour vivre, puis transmises par l’hérédité ! D’après Hérodote[20], c’est bien à peu près, mais sous une forme plus polie, ce que les prêtres égyptiens disaient aux Hellènes, encore presque des troglodytes en dépit de leur peau blanche, tandis que, depuis trente ou quarante siècles, les négroïdes de la vallée du Nil vivaient au milieu d’une civilisation raffinée.

3o Pourquoi les destinées historiques d’un même groupe de populations ont-elles si souvent varié, leurs caractères ethniques et anthropologiques restant sensiblement les mêmes ? les fellah de l’Égypte actuelle ont beau merveilleusement ressembler à leurs ancêtres des temps pharaoniques, ils ne pèsent plus comme les Retou, les Loudim dans la balance de l’histoire ; les Hellènes des ministères Delyannis ou Tricoupis n’occupent plus dans les annales de la civilisation leur place d’honneur du siècle de Périclès ; les rapports entre Italiotes et Germains, sous le prince de Bismarck et le roi Humbert, ne ressemblent guère à ce qu’ils étaient au temps de Tacite. Dégénérescence, nous dit-on ; mais ce n’est point en le désignant par un terme de convention que l’on explique un phénomène de l’histoire !

La biologie transformiste enseigne que l’hérédité n’a point empêché les descendants d’un couple de lémuriens de devenir singes, primates, ou hommes, suivant les conditions diverses des milieux ambiants auxquels ils s’adaptaient : il nous semblerait peu logique d’en déduire que cette même hérédité peut ou doit causer des abîmes, créer des barrières infranchissables entre les différents groupes du genre humain. Au contraire, si les prémisses sont vraies, les différences de race, loin de constituer la donnée première et invariable de l’histoire, ne sauraient être considérées que comme le produit de la préhistoire et de l’histoire, comme le fruit de l’adaptation aux différents milieux géographiques et sociaux[21]. On connaît les modifications importantes subies, en quelques générations, par les Anglo-Saxons et les nègres de Guinée aux États-Unis de l’Amérique. Un de nos plus consciencieux observateurs, M. Gl. Ouspensky, nous apprend, dans une série de lettres sur un voyage en Caucasie, publiées en 1887 par une revue de Moscou, que les dissidents religieux déportés depuis quelques dizaines d’années seulement, des plaines monotones de la Grande Russie dans les pays montagneux riverains de la mer Noire, s’y sont déjà métamorphosés au point de constituer un nouveau type ethnique et sociologique.

On a constaté si souvent des cas analogues, qu’il nous serait impossible de les énumérer en quelques lignes. L’exemple le plus saillant peut-être de ces transformations opérées par l’influence du milieu, nous le trouvons dans Livingstone, qui, parmi les Hollandaises du Transvaal, a vu des cas de cette stéatopygie que l’on accepte généralement comme caractéristique de la race Hottentote ou khoïn-khoïn. Pourtant la haine et le mépris des Boërs pour les naturels ne permettent point de supposer un résultat de métissage et de croisement.

Les intéressantes recherches faites depuis plusieurs années dans les prisons de Milan et de Turin par le Dr C. Lombroso, ont révélé l’existence, dans les grandes villes lombardes et piémontaises, d’une variété humaine qui, par ses caractères anthropologiques, s’écarte notablement du type normal des populations du Nord de l’Italie. Il se rapproche, au contraire, de la race jaune ou touranienne par la nuance bistrée de la peau, par une abondante chevelure lisse, dure et noire, par le strabisme, par la proéminence et la largeur des pommettes, par une diminution remarquable des différences secondaires entre les sexes[22]… Le savant docteur italien me semble avoir méconnu la grande portée scientifique de ces études en leur imprimant une direction purement criminologique, et en appliquant à ces représentants dégénérés de l’humanité la dénomination assez malheureuse d’hommes criminels. Pour expliquer la présence de ce type barbare au milieu des plus opulentes cités de la moderne Italie, le Dr Lombroso a eu recours à une hypothèse des moins vraisemblables : Les habitués des prisons de Milan et de Turin se recruteraient surtout parmi les restes de quelque mystérieuse population aborigène qui, par l’effet d’un atavisme merveilleux, se seraient conservés jusqu’à ce jour à travers toutes les vicissitudes, les croisements, les émigrations. Pourtant ce fait seul que, de l’avis de l’auteur lui-même, les représentants de ce type dégradé sont incomparablement plus nombreux dans les grandes villes que dans les campagnes isolées, suffirait à rendre inadmissible cette théorie atavistique. Plusieurs écrivains ont affirmé, et un illustre naturaliste anglais a démontré récemment[23], que le milieu ambiant auquel sont forcées de s’adapter les classes indigentes dans toutes les grandes et riches cités européennes, est bien moins favorable à l’évolution anthropologique que les conditions de la vie des sauvages de l’archipel Malais ou de tout autre pays barbare. L’homme criminel du Dr C. Lombroso nous présenterait donc l’instructif exemple d’une race dégradée créée directement par un milieu dégradant ; et, puisque le développement du paupérisme dans les villes lombardes et piémontaises date tout au plus du commencement du siècle actuel, pas n’est besoin de l’action accumulée de périodes géologiques pour provoquer, dans l’organisation anatomique et physique de l’homme, des modifications importantes et du plus haut intérêt au point de vue de l’histoire et de la sociologie.

Cette race réprouvée, produit endémique de la misère de nos grandes villes, n’est malheureusement pas limitée à l’Italie : on en constate l’existence partout où se retrouve un milieu favorable à son éclosion. De nombreux travaux de statistique criminelle et de psychiatrie sociale, dont quelques-uns, ceux de Moreau Christoffe[24] en France, par exemple, ou du Dr Maudsley en Angleterre[25] sont antérieurs à l’ouvrage de Lombroso, dévoilent la présence de l’ « homme criminel » dans toutes les capitales du monde civilisé[26]. Nous regrettons que les savants auteurs de cette découverte importante, exclusivement absorbés par leurs préoccupations, psychiatriques chez Maudsley, criminologiques chez Lombroso et ses collaborateurs, n’en profitent guère pour étudier sur le vif la création d’une variété anthropologique par un milieu très caractérisé. Quelques-uns d’entre eux, il est vrai, ont à l’occasion montré la part qui, dans cette dégénérescence du type normal, revient à quelques agents spécifiques, tels que, par exemple, l’air vicié des habitations, la nourriture insuffisante et malsaine[27]. Mais, en renchérissant outre mesure sur ce fait que le crime, la perversion du sens moral, la dégradation générale du type constituant un triste legs qui, dans certaines familles, se transmet de génération en génération, ces savants semblent rapporter la cause déterminante de cette dégénérescence, non point aux conditions défavorables du milieu, mais à la seule hérédité. Pour nous, l’hérédité, ici ou partout ailleurs, intervient comme un facteur important, sans nul doute, mais de nature secondaire : elle ne fait que perpétuer l’action défavorable du milieu sur une série de générations consécutives, en consolidant, au moyen de la transmission héréditaire, les caractères acquis par un ancêtre éloigné.

A. de Candolle et le Dr P. Jacoby ont publié naguère, mais dans un autre ordre d’idées, des travaux importants sur l’hérédité dans ses rapports naturels avec la sélection chez l’homme. Malgré ma profonde estime pour la science et le talent de leurs auteurs, je dois cependant signaler le peu de méthode scientifique qui préside aux recherches relatives à cette grave question : chaque fois que l’on voit un caractère ou un ensemble de caractères transmis de père en fils pendant quelques générations, on conclut à l’hérédité ; mais il arrive le plus souvent que le fils, placé dans les conditions sociales, locales et autres où se trouvait déjà son père, aurait pu, tout aussi bien, acquérir ce caractère par l’influence directe du milieu. Le fils d’un savant embrasse une carrière scientifique ; le fils de son cocher reste cocher ; le fils d’un voleur condamné se laisse renfermer pour vol. Il se peut que chacun des trois ait reçu de ses parents quelque aptitude spécifique ; mais, de par leur naissance seule, ils se trouvaient placés dans des conditions où le milieu surtout déterminait leur destinée. Ce n’est certainement pas ce procédé qui permettra un jour de faire le bilan exact de l’hérédité et de l’adaptation, de la race et du milieu.

Comme nouvel exemple de la création d’une race, c’est-à-dire d’un type anthropologique formé par le milieu et perpétue par l’hérédité, nous citerons le crétinisme, endémique, on le sait, dans certaines vallées de montagnes, en Savoie et en Suisse aussi bien qu’au Caucase, dans les Andes colombiennes et les Alpes du Sze-tchouen. Ici, nous sommes en présence d’un de ces cas extrêmes où l’action anthropoplastique du milieu devient, pour ainsi dire, appréciable à l’œil nu : l’exception est toujours plus facile à saisir que la règle ; en raison même de sa permanence et de sa monotonie, le fait normal échappe souvent à notre attention. On peut citer aussi les types professionnels, c’est-à-dire les empreintes caractéristiques et indélébiles que laisse sur l’homme l’exercice prolongé de certains métiers. Tandis que, de l’avis des savants les plus compétents, les signes auxquels un anthropologiste reconnaît les diverses races sont indécis et confus, un observateur attentif parvient, en tous pays et dans les conditions géographiques les plus diverses, à discerner les habitués de certaines professions, forgerons, agriculteurs, pêcheurs et mariniers, soldats, prêtres, hommes de loi, savants. Or, puisque l’exercice continu d’occupations déterminées marque des individus de provenance absolument hétérogène d’un cachet uniforme, plus apparent que les caractères essentiels de race, à plus forte raison toutes ces influences intimes et complexes comprises sous la dénomination de milieu, doivent-elles posséder une puissance transformatrice suffisante pour expliquer toutes les variations morbides ou anormales du type humain. L’hérédité, en somme, est un puissant agent, avec le concours duquel l’adaptation façonne les variétés humaines, mais qui ne parvient jamais à émanciper la race de l’influence décisive du milieu.

  1. La Sociologie d’après l’Ethnographie.
  2. Le Dr Livingstone et M. Winwood Reade ne sont pas de cet avis : ils croient retrouver le vrai type ancien égyptien chez les nègres des lacs Bangueolo et Moëro Okuta. – Voir le Dernier Journal du Dr Livingstone, t. I.
  3. Ces objections sont justes : seulement elles ne s’adressent pas à la théorie géographique du milieu, mais aux abus que certains auteurs en ont fait en exagérant l’importance sociologique des degrés de latitude et des lignes isothermes. M. P. Mougeolle, je l’ai déjà fait remarquer, a péché, sous ce rapport, bien plus que son illustre prédécesseur Th. Buckle.
  4. Bibliothèque des Sciences contemporaines, publiée par M. Reinwald.
  5. Ch. Letourneau, ouv. cité.
  6. La plus ancienne des civilisations de la Chaldée, celle qui paraît avoir été la plus puissante, n’était certainement ni sémitique, ni aryenne. Nous y reviendrons plus tard.
  7. Cf. l’extrait des mémoires de l’Égyptien Binch, réfugié chez les nomades Sati du pays de Tennou, sous Amen-em-hat Ier, Histoire ancienne de l’Orient.
  8. R. Hartmann, Die Nigritier, t. I.
  9. Les difficultés inhérentes à la matière sont bénévolement augmentées par l’obstination mise à conserver, dans la nomenclature ethnologique, les termes empruntés au Xe chapitre de la Genèse. Des savants sérieux parlent encore d’un groupe khamitique, embrassant d’un côté des négroïdes et des populations plus noires que la moyenne des nègres, et, de l’autre, les Libyens ou Berbères blancs aux cheveux blonds et aux bleus. Les Kouchites noirs, aux cheveux crépus, sont regardés comme des proto-Sémites, c’est-à-dire des congénères d’un des grands rameaux de la race blanche. — D’ailleurs, en épousant les haines politiques et religieuses des Juifs Yahvistes (Jéhovistes) pour leurs frères du littoral, adorateurs d’Astarté et du bel Adonis, l’ethnologie moderne classe encore les Hébreux et les Phéniciens dans des groupes distincts et passablement éloignés : ceux-là seraient des Sémites et ceux-ci des Khamites, en dépit de leurs ressemblances physiques et du voisinage de leur habitat, en dépit de l’étroite parente de leurs idiomes.
  10. Histoire ancienne de l’Orient jusqu’aux guerres médiques.
  11. Plutarque, Sur Isis et Osiris.
  12. G. Maspéro, Histoire ancienne des peuples de l’Orient.
  13. J. Oppert tient les Soumirs pour Touraniens ; les Anglais et Fr. Lenormant considèrent les Soumirs comme Kouchites et voient des Touraniens dans les Accads. Tous sont d’accord sur la présence de ces deux éléments en Mésopotamie depuis les temps les plus reculés. Cf. aussi M. Hamy, Bull. de la soc. d’anthropologie de Paris, 1873, p. 34-36.
  14. G. Maspéro. Fr. Lenormant, ouvrages cités.
  15. Essai sur le Véda.
  16. E. Burnouf, ouv. cité. Quatrefages, Matériaux pour servir à l’histoire de l’Homme.
  17. Kulturgeschichte der Menschheit in ihrem organischen Aufbau.
  18. Venhandlungen des Geselschaft für Erdkunde zu Berlin, VII, 1881.
  19. Avec cette différence que tout marchand de simples sait définir convenablement le pavot, et que pas un des anthropologistes n’est encore parvenu à définir une race humaine.
  20. Histoire, livre II, Euterpe.
  21. C’est aussi à ce point de vue que paraît se placer Lippert dans son remarquable Essai (mentionné plus haut) d’une classification nouvelle des familles humaines.
  22. Uomo delinquente.
  23. Alfred Russell Wallace, The Land Nationalisation.
  24. Le Monde des Coquins.
  25. Le Crime et la Folie ; Pathologie de l’Esprit, tous deux traduits en français.
  26. Déjà à New-York, en 1872, des études analogues sur les Jukes, criminels de profession, ont été publiées par des agents du Comité de surveillance des prisons. – Cf. The nether side of New-York, Edw. Crapscy, 1872 ; The Jukes, a study in crime, pauperism, disease and heredity, R. L. Dugdale.
  27. Cf. les intéressants travaux du Dr Lombroso lui-même sur la pellagre, en rapport avec l’usage de la farine de maïs avariée.