La Doctrine du fascisme/Chapitre 1

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Traduction par Charles Belin.
Vallecchi (p. 7).


CHAPITRE PREMIER
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DOCTRINE POLITIQUE ET SOCIALE




1. Le Fascisme comme Philosophie


Comme toute saine conception politique, le fascisme associe la pensée à l’action. C’est une action animée par une doctrine. Cette doctrine est née d’un système donné de forces historiques, auquel elle reste intimement liée et qui reçoit d’elle son impulsion intérieure (1). Il a donc une forme correspondant aux contingences de lieu et de temps, mais il a en même temps un contenu idéal qui l’élève au rang de vérité supérieure dans l’histoire de la pensée (2).

On ne saurait agir spirituellement sur le monde, en tant que volonté humaine dominant d’autres volontés, sans une conception de la réalité passagère et particulière sur laquelle il faut agir, et de cette autre réalité permanente et universelle à laquelle la première emprunte son être et sa vie. Pour connaître les hommes il faut connaître l’homme, il faut connaître la réalité et ses lois. Il n’y a pas de conception de l’État qui ne soit dans le fond une conception de la vie. C’est une philosophie ou une intuition, un système d’idées qui se traduit dans une construction logique ou qui se résume dans une vision ou dans une foi, mais c’est toujours, au moins virtuellement, une conception organique du monde.


2. Conception spiritualiste


Aussi bien ne comprendrait-on pas le fascisme dans beaucoup de ses manifestations pratiques, soit comme organisation de parti, soit comme système d’éducation, soit comme discipline, si on ne le considérait en fonction de sa conception générale de la vie. Cette conception est spiritualiste (3). Pour le fascisme, le monde n’est pas ce monde matériel qui apparaît à la surface, où l’homme est un individu isolé de tous les autres, existant en soi et gouverné par une loi naturelle qui, instinctivement, le pousse à vivre une vie de plaisir égoïste et momentané. Dans ce qu’on appelle l’homme, le fascisme considère la nation et la patrie, les individus et les générations se trouvant unis, dans une même tradition et dans une même mission, par une loi morale qui supprime l’instinct de la vie maintenu dans le cercle étroit du plaisir, pour instaurer dans le devoir une vie supérieure, libérée des limites du temps et de l’espace : une vie où l’individu, par l’abnégation de lui-même, par le sacrifice de ses intérêts particuliers, par la mort même, réalise cette existence toute spirituelle qui fait sa valeur d’homme.


3. Conception positive de la Vie comme Lutte


Nous avons là une conception spiritualiste, née de la réaction générale du siècle présent contre le positivisme matérialiste et dégénéré du xixe siècle. Une telle conception est antipositiviste, mais positive : ni sceptique, ni agnostique, ni pessimiste, ni passivement optimiste, comme le sont généralement les doctrines (toutes négatives) qui placent le centre de la vie en dehors de l’homme qui, par sa libre volonté, peut et doit créer son monde. Le fascisme veut que l’homme soit actif et engagé dans l’action avec toutes ses énergies : virilement conscient des difficultés réelles et prêt à les braver. Il conçoit la vie comme une lutte, il estime qu’il appartient à l’homme de conquérir une vie vraiment digne de lui, en créant, avant tout, en lui-même, l’instrument (physique, moral, intellectuel) pour la construire. Et cela est vrai pour l’individu lui-même, pour la nation et pour l’humanité (4).

D’où la haute valeur de la culture sous toutes ses formes (art, religion, science) (5) et la très grande importance de l’éducation. D’où, également, la valeur essentielle du travail, par quoi l’homme triomphe de la nature et crée le monde humain (économique, politique, moral, intellectuel).


4. Conception morale


Cette conception positive de la vie est évidemment une conception éthique. Elle englobe toute la réalité, aussi bien que l’activité humaine qui la domine. Aucune action n’échappe au jugement moral ; rien au monde ne peut être privé de la valeur qu’ont toutes choses en fonction des fins morales. La vie, par conséquent, telle que la conçoit le fasciste, est grave, austère, religieuse : elle est vécue tout entière dans un monde que soutiennent les forces morales et responsables de l’esprit. Le fasciste méprise la vie commode (6).


5. Conception religieuse


Le fascisme est une conception religieuse (7), qui considère l’homme dans son rapport sublime avec une loi supérieure, avec une Volonté objective qui dépasse l’individu comme tel et l’élève à la dignité de membre conscient d’une société spirituelle. Ceux qui, dans la politique religieuse du régime fasciste, n’ont vu qu’une question de pure opportunité, n’ont pas compris que le fascisme est non seulement un système de Gouvernement, mais encore, et avant tout, un système de pensée.


6. Conception éthique et réaliste


Le fascisme est une conception historique, dans laquelle l’homme n’est ce qu’il est, qu’en fonction du processus spirituel auquel il concourt, dans le groupe familial et social, dans la nation et dans l’histoire à laquelle toutes les nations collaborent. D’où la haute valeur de la tradition dans les mémoires, dans la langue, dans les mœurs, dans les lois de la vie sociale (8). En dehors de l’histoire, l’homme n’est rien. C’est pourquoi, le fascisme est contraire à toutes les abstractions individualistes, à base matérialiste, genre xixe siècle ; c’est pourquoi aussi il est contraire à toutes les utopies et à toutes les innovations jacobines. Il ne croit pas à la possibilité du « bonheur » sur la terre, comme le voulait la littérature des économistes du xviiie siècle ; aussi repousse-t-il toutes les conceptions téléologiques d’après lesquelles, à un certain moment de l’histoire, le genre humain parviendrait à un stade d’organisation définitive. Une telle doctrine est contraire à l’histoire et à la vie, qui est mouvement incessant et perpétuel devenir. Le fascisme veut, politiquement, être une doctrine réaliste ; pratiquement, il n’aspire à résoudre que les problèmes qui se posent historiquement d’eux-mêmes et qui, d’eux-mêmes, trouvent ou suggèrent leur solution (9). Pour agir sur les hommes, comme sur la nature, il faut entrer dans le cours de la réalité et se rendre maître des forces en action (10).


7. Anti-individualisme et Liberté


Anti-individualiste, la conception fasciste est pour l’État, et elle est pour l’individu, en tant que celui-ci s’harmonise avec l’État, conscience et volonté universelle de l’homme dans son existence historique (11). Elle est contre le libéralisme classique, né du besoin de réagir contre l’absolutisme et qui a terminé sa fonction historique, depuis que l’État est devenu la conscience même et la volonté même du peuple. Le libéralisme niait l’État dans l’intérêt de l’individu ; le fascisme réaffirme l’État comme la véritable réalité de l’individu (12). Et, si la liberté doit être l’attribut de l’homme réel, et non du fantoche abstrait auquel pensait le libéralisme individualiste, le fascisme est pour la liberté. Il est pour la seule liberté qui puisse être chose sérieuse, la liberté de l’État et de l’individu dans l’État (13). En effet, pour le fasciste, tout est dans l’État, et rien d’humain ni de spirituel n’existe et a fortiori n’a de valeur, en dehors de l’État. En ce sens, le fascisme est totalitaire, et l’État fasciste, synthèse et unité de toute valeur, interprète, développe et domine toute la vie du peuple (14).


8. Antisocialisme et Corporatisme


Ni individus, ni groupes (partis politiques, associations, syndicats, classes) (15) en dehors de l’État. Le fascisme s’oppose donc au socialisme, qui fige le mouvement historique dans la lutte des classes et ignore l’unité de l’État qui fond les classes en une seule réalité économique et morale ; et de même, il est contre le syndicalisme de classe. Mais le fascisme veut que, dans l’orbite de l’État, les exigences réelles qui donnèrent naissance au mouvement socialiste et syndicaliste soient reconnues ; et il les fait valoir dans le système corporatif où ces intérêts s’accordent avec l’unité de l’État (16).


9. Démocratie et Nation


Les individus forment des classes, selon les catégories d’intérêts ; ils sont syndiqués selon les diverses activités économiques coïntéressées ; mais ils sont, avant tout et surtout, l’État. Celui-ci n’est ni le nombre ni la somme des individus formant la majorité d’un peuple. Le fascisme est par là opposé à la démocratie qui assimile le peuple au plus grand nombre d’individus et le rabaisse à ce niveau (17). Il est cependant la forme la plus pure de la démocratie. Du moins, si le peuple est conçu, ainsi qu’il doit l’être, sous l’aspect qualificatif et non quantitatif, s’il signifie l’idée la plus puissante parce que la plus morale, la plus cohérente, la plus vraie qui s’incarne dans le peuple comme conscience et volonté d’un petit nombre ou même d’un seul, tel un idéal qui tend à se réaliser dans la conscience et dans la volonté de tous (18) : de tous ceux qui, en vertu de la nature ou de l’histoire, forment ethniquement une nation ; suivent la même ligne de développement et de formation spirituelle, ont une seule et même conscience et une seule volonté. Il ne s’agit ni de race, ni d’une région géographique déterminée, mais d’un groupement qui se perpétue historiquement, d’une multitude unifiée par une idée qui est une volonté d’existence et de puissance : idée que nous appellerons aussi conscience de soi, ou personnalité (19).


10. Conception de l’État


Cette personnalité supérieure s’identifie avec la nation en tant qu’État. Ce n’est pas la nation qui crée l’État, comme dans la vieille conception naturaliste, qui servait de base aux études des publicistes des États nationaux du xixe siècle. Au contraire, la nation est créée par l’État, qui donne au peuple, conscient de sa propre unité morale, une volonté, et par conséquent une existence effective. Le droit d’une nation à l’indépendance n’est pas fondé sur la conscience littéraire et idéale de sa propre existence, et moins encore sur une situation de fait plus ou moins inconsciente et inerte, mais sur une conscience active, sur une volonté politique agissante et prête à démontrer son droit : c’est-à-dire sur une sorte d’État déjà « in fieri ». L’État, en tant que volonté éthique universelle, crée le droit (20).


11. Un État éthique


La nation, en tant qu’État, est une réalité éthique, qui existe et vit dans la mesure où elle se développe. Pour elle, s’arrêter, c’est mourir. L’État n’est donc pas seulement une autorité qui gouverne et donne une forme légale et une valeur de vie spirituelle aux volontés individuelles ; il est aussi une puissance qui fait valoir sa volonté à l’extérieur, en la faisant reconnaître et respecter, c’est-à-dire en démontrant, par les faits, son universalité dans toutes les manifestations nécessaires de son développement. De là, une organisation et une expansion, au moins virtuelle. L’État peut ainsi être assimilé à la nature de la volonté humaine, qui ne connaît pas de limites à son développement et prouve son infinité en se réalisant (21).


12. Contenu de l’État


L’État fasciste, qui est la forme la plus élevée et la plus puissante de la personnalité, est une force mais une force spirituelle, une force qui résume toutes les formes de la vie morale et intellectuelle de l’homme. On ne peut donc pas le limiter à de pures fonctions d’ordre et de protection, comme le voulait le libéralisme. Ce n’est pas un simple mécanisme qui limite la sphère des soi-disant libertés individuelles. C’est une forme, une règle intérieure et une discipline de l’être tout entier : elle pénètre, la volonté comme l’intelligence. Son principe — inspiration centrale de la personnalité humaine vivant en communauté civile — pénètre au plus intime de l’individu et dans le cœur de l’homme d’action comme du penseur, de l’artiste comme du savant : c’est l’âme de l’âme (22).


13. L’Autorité


Au total, le fascisme n’est pas seulement législateur et fondateur d’institutions ; il est aussi éducateur et promoteur de vie spirituelle. Il veut refaire non pas les formes de la vie humaine, mais son contenu : l’homme, le caractère, la foi. Et à cette fin, il veut une discipline et une autorité qui pénètrent dans les esprits et y règnent sans partage. C’est pourquoi son insigne est le « faisceau des licteurs », symbole de l’unité, de la force et de la justice.


NOTES RELATIVES
AU PREMIER CHAPITRE
[1]




1. Le Fascisme comme Philosophie

(1)« Maintenant, le fascisme italien, sous peine de mourir ou, pis encore, de se suicider, doit se donner un « corps de doctrine ». Ce ne sera pas et ce ne doit pas être une tunique de Nessus qui nous lie pour l’éternité, car le lendemain est mystérieux et imprévu ; mais ce doit être une règle qui oriente notre activité politique et individuelle de chaque jour.

« Moi-même qui les ai dictées, je suis le premier à reconnaître que les tables modestes de ce programme — orientations théoriques et pratiques du fascisme — doivent être revues, corrigées, augmentées, développées, car elles ont, çà et là, subi les injures du temps. Je crois que leur base essentielle est toujours dans les postulats qui, pendant deux ans, ont servi de signe de ralliement aux troupes du fascisme italien, mais tout en partant de cette conception primitive, il est temps de procéder à une nouvelle et plus vaste élaboration de ce programme.

« À ce travail, vital pour le fascisme, devraient collaborer tous les fascistes d’Italie et spécialement ceux des régions où — avec ou sans accords — on est parvenu à une coexistence pacifique des deux mouvements antagonistes.

« Le mot est un peu fort, mais je voudrais que, dans les deux mois qui nous séparent de l’Assemblée nationale, fût créée la philosophie du fascisme. Milan, avec sa première école de propagande et de culture, concourt à cette œuvre.

« Il ne s’agit pas seulement de préparer les éléments d’un programme qui servira de base solide à l’organisation du parti auquel doit fatalement aboutir le mouvement fasciste, il s’agit aussi de détruire la fable stupide d’après laquelle il n’y aurait que des violents dans le fascisme, alors qu’en réalité il y a aussi des esprits inquiets et méditatifs.

« Cette direction nouvelle de l’activité fasciste ne diminue pas, j’en suis très certain, ce magnifique esprit et ce tempérament de combativité, qui sont la caractéristique particulière du fascisme. Meubler le cerveau de doctrines et de convictions solides ne signifie pas désarmer l’action, mais la fortifier et la rendre toujours plus consciente. Les soldats qui se battent en connaissance de cause sont toujours les meilleurs. Le fascisme peut prendre pour devise le binôme de Mazzini : « Pensée et Action » (Lettre à M. Bianchi, 27 août 1921, à l’occasion de l’ouverture de l’École de propagande et de culture fascistes à Milan ; dans : Messages et Proclamations (Messaggi e proclami). Milan, Libr. d’Italie, 1929, p. 39).

« Il faut mettre les fascistes en contact les uns avec les autres et faire en sorte que leur activité soit aussi une activité de doctrine, une activité d’esprit et de pensée…

« Si nos adversaires avaient assisté à notre réunion, ils se seraient convaincus que le fascisme n’est pas seulement action, mais aussi pensée ». (Au Conseil national du Parti fasciste, 3 août 1924, dans le vol. La Nuova politica d’Italia, IV° édition, Milan, Alpes, 1928, pages 316-317).

(2) « Aujourd’hui, j’affirme que le fascisme considéré comme idée, doctrine, réalisation, est universel : italien dans ses institutions particulières, il est universel dans son esprit et il ne saurait en être autrement. L’esprit, par sa nature même, est universel. On peut donc prévoir une Europe fasciste, une Europe qui s’inspire, dans ses institutions, des doctrines, de la pratique du fascisme, c’est-à-dire une Europe qui résolve dans un sens fasciste le problème de l’État moderne, de l’État du XXe siècle, bien différent des États qui existaient avant 1789 ou qui se formèrent ensuite. Le fascisme répond aujourd’hui à des exigences de caractère universel. Il résout en effet le triple problème des rapports entre l’État et l’individu, entre l’État et les groupements, entre des groupements quelconques et des groupements organisés ». ( Message pour l’An IX, aux Directoires Fédéraux réunis au Palais de Venise, 27 octobre 1930, dans Scritti e Discorsi dal 1929 al 1931, Milan, Hoepli, 1934, p. 223).

2. Conception spiritualiste

(3) « Ce processus politique est accompagné d’un processus philosophique. S’il est vrai que la matière est restée pendant un siècle sur les autels, aujourd’hui c’est l’esprit qui prend sa place. C’est pourquoi toutes les manifestations qui sont les propres de l’esprit démocratique sont rejetées : le laisser-aller, l’improvisation, le défaut du sentiment de responsabilité personnelle, l’exaltation du nombre et de cette mystérieuse divinité qu’on appelle « peuple » ; toutes les créations de l’esprit, à commencer par les créations religieuses, sont placées au premier plan et personne n’ose plus s’attarder sur les positions de cet anticléricalisme, qui fut pendant des dizaines et des dizaines d’années, dans le monde occidental, l’occupation préférée de la démocratie.

« Quand on dit que Dieu revient, on veut affirmer que les valeurs de l’esprit reviennent ». (Da che parte va il mondo dans Gerarchia a. I, 1922, N°3 ; dans Scritti e Discorsi, vol. II : La Rivoluzione fascista, Milan, Hoepli, 1934, p. 257).

« Il y a une zone qui est moins réservée à la recherche qu’à la méditation des fins suprêmes de la vie. Par conséquent, la science part de l’expérience, mais aboutit fatalement à la philosophie, et, à mon avis, seule la philosophie peut illuminer la science et la conduire à l’idée universelle » (Au Congrès des Sciences de Bologne, 31 octobre 1926, dans Scritti e Discorsi dal 1925 al 1926, Milan, Hoepli, 1934, p. 461).

« Pour être compris, le mouvement fasciste doit être considéré dans toute son ampleur et toute sa profondeur de phénomène spirituel. Ses manifestations pratiques ont été des plus puissantes et des plus décisives, mais il ne faudrait pas que se bornât à elles toute notre attention. En effet, le fascisme italien n’a pas été seulement une révolte politique contre les gouvernements faibles et incapables qui avaient laissé tomber en décadence l’autorité de l’État et menaçaient d’arrêter l’Italie sur la voie de son développement, mais il a été une révolte spirituelle contre de vieilles idéologies qui corrompaient les principes sacrés de la religion, de la patrie et de la famille. Le fascisme a donc été une manifestation directe de peuple ». (Un message au public anglais, 5 janvier 1924, dans Messages et Proclamations, Milan, Librairie d’Italie, 1929, p. 107).

3. Conception positive de la vie comme lutte

(4) « La lutte est à l’origine de toutes choses, car la vie est toute pleine de contrastes : il y a l’amour et la haine, le blanc et le noir, le jour et la nuit, le bien et le mal, et tant que ces contrastes ne trouveront pas leur équilibre, la lutte sera toujours au fond de la nature humaine comme une suprême fatalité.

« Du reste, il est bon qu’il en soit ainsi. Aujourd’hui, nous pouvons avoir la guerre, la lutte économique, la lutte des idées, mais le jour où il n’y aurait plus de lutte serait un jour de mélancolie, de fin, de ruine. Or, ce jour-là ne viendra pas, précisément parce que l’histoire se présente toujours comme un panorama changeant. Si l’on prétendait revenir au calme, à la paix, à la tranquillité, on combattrait les tendances de la période dynamique actuelle. Il faut se préparer à d’autres surprises, à d’autres luttes. Il n’y aura pas de période de paix, tant que les peuples ne s’abandonneront pas à un rêve chrétien de fraternité universelle et qu’ils ne pourront se tendre la main au delà des océans et des montagnes. Pour mon compte personnel, je ne crois pas trop à ces idéalités, mais je ne les exclus pas, car je n’exclus rien ». (Discours au Politeama Rossetti de Trieste, 20 septembre 1920 ; dans Scritti e Discorsi, vol. II : La Rivoluzione fascista, Milan, Hoepli, 1934 p. 95).

(5) « J’entends l’honneur des nations dans la contribution qu’elles ont fournie à la culture de l’humanité ». (E. Ludwig, Entretiens avec Mussolini, Milan, Mondadori, 1932, p. 199).

4. Conception éthique

(6) « J’ai appelé au contraire cette organisation : « Faisceaux italiens de combat ». Dans ce mot dur et métallique, il y avait tout le programme du fascisme, tel que je le rêvais, tel que je le voulais et tel que je l’ai fait !

« Camarades, voilà quel est encore notre programme : combattre.

« Pour nous fascistes, la vie est un combat continuel et incessant, que nous acceptons avec une grande désinvolture, avec un grand courage, avec l’intrépidité nécessaire ». (À Rome : Pour le VIIe anniversaire de la fondation des Faisceaux, 28 mars 1926 ; dans Scritti e Discorsi dal 1925 al 1926, Milan, Hoepli, 1934, p. 297).

« Nous voici de nouveau à l’essence même de la philosophie fasciste. Quand un philosophe finlandais me pria récemment de lui donner, en une phrase, le sens du fascisme, j’écrivis en allemand : « Nous sommes contre la vie commode ! » (E. Ludwig : Entretiens avec Mussolini, Milan, Mondadori, 1932, p. 190).

5. Conception religieuse

(7) « Si le fascisme n’était pas une foi, comment donnerait-il le stoïcisme et le courage à ses adeptes ? Seule une foi qui a atteint l’élévation d’une religion peut suggérer les mots sortis des lèvres maintenant exsangues de Federico Florio ». (Liens du sang, dans le Popolo d’Italia du 19 janvier 1922 ; et dans Scritti e Discorsi, vol. II : La Rivoluzione fascista, Milan, Hoepli, 1934, p. 231).

6. Conception éthique et réaliste

(8) « La tradition est certainement une des plus grandes forces spirituelles des peuples, en tant qu’elle est une création successive et constante de leur âme ». (Breve preludio, dans Gerarchia, a. I, 1922, No I ; et dans Tempi della rivoluzione fascista, Milan, Alpes, 1930, p. 13).

(9) « Notre tempérament nous porte à envisager l’aspect concret des problèmes et non leurs sublimations idéologiques et mystiques. Et c’est pourquoi nous retrouvons facilement l’équilibre ». (Aspects du drame, dans le Popolo d’Italia du 31 octobre 1917 ; et dans Scritti e Discorsi, vol. I : Dall’Intervento al Fascismo, Milan, Hoepli, 1934, p. 271).

« Notre bataille est plus ingrate, mais elle est plus belle parce qu’elle nous oblige à ne compter que sur nos forces. Nous avons mis en pièces toutes les vérités révélées, nous avons craché sur tous les dogmes, nous avons rejeté tous les paradis, nous avons bafoué tous les charlatans — blancs, rouges, noirs — qui introduisent dans le commerce les drogues miraculeuses qui donneront « le bonheur » au genre humain. Nous ne croyons ni aux programmes, ni aux plans, ni aux saints, ni aux apôtres, et surtout nous ne croyons pas au bonheur, au salut et à la terre promise.

« Nous ne croyons pas à une solution unique, qu’elle soit économique, politique ou morale, à une solution linéaire des problèmes de la vie, parce que — ô illustres chantres de toutes les sacristies, — la vie n’est pas linéaire et vous ne la réduirez jamais à un segment circonscrit par des besoins primordiaux ». (Il faut naviguer, dans le Popolo d’Italia, 1er janvier 1922, et dans Diuturna, p. 223).

(10) « Nous, nous ne sommes pas, et nous ne voulons pas être des momies perpétuellement immobiles, le visage toujours tourné vers le même horizon, nous ne voulons pas non plus nous renfermer dans les étroites limites de la bigoterie subversive, où l’on rabâche mécaniquement des formules pareilles aux prières des religions professées ; mais nous sommes des hommes, et des hommes vivants, qui veulent apporter leur contribution, si modeste soit-elle, à la création de l’histoire ». (Audace, dans le Popolo d’Italia, 15 novembre 1914, et dans Scritti e Discorsi, vol. I : Dall’intervento al Fascismo, Milan, Hoepli, 1934, p. 7).

« Nous utilisons des valeurs morales et traditionnelles, que le socialisme néglige et méprise ; mais avant tout, l’esprit fasciste a horreur de tout ce qui est hypothèque arbitraire sur le mystérieux avenir ». (Après deux ans, dans le Popolo d’Italia, 23 mars 1921, et dans Scritti e Discorsi, vol. II : La Rivoluzione fascista, Milan, Hoepli, 1934, p. 151).

« En présence des mots et des idées de conservation et de rénovation, de tradition et de progrès, qui se formulent de droite et de gauche, nous ne nous cramponnons pas désespérément au passé, comme à une dernière planche de salut, et nous ne nous lançons pas non plus à corps perdu dans les mirages séduisants de l’avenir ». (Breve preludio, id ., p. 235).

« La négation, l’immobilité éternelle, c’est la damnation. Je suis pour le mouvement. Je suis un marcheur ». (E. Ludwig, Entretiens avec Mussolini, p. 204).

7. Anti-individualisme et Liberté

(11) « Nous sommes les premiers à avoir affirmé en présence de l’individualisme démo-libéral, que l’individu n’existe qu’en tant qu’il est dans l’État, et que, au fur et à mesure que la civilisation prend des formes plus complexes, la liberté de l’individu se restreint toujours plus ». (Au grand rapport du fascisme, 14 septembre 1929, dans Scritti e Discorsi, vol. VII, Milan, Hoepli, 1934, p. 127).

« Le sens de l’État grandit dans la conscience des Italiens, qui sentent que l’État seul est la garantie indispensable de leur unité et de leur indépendance ; que l’État seul représente la continuité dans l’avenir de leur race et de l’histoire ». (Message du VIIe anniversaire, 25 octobre 1929, id., p. 151).

« Si au cours des 80 années qui se sont écoulées, nous avons réalisé des progrès aussi imposants, vous pensez et vous pouvez supposer et prévoir que, dans 50 ou 80 ans, le chemin parcouru par l’Italie, par cette Italie que nous sentons si puissante, si pleine de sève, sera vraiment grandiose, surtout si la concorde subsiste entre tous les citoyens, si l’État continue à être l’arbitre dans les différends politiques et sociaux, si tout est dans l’État et rien en dehors de l’État, car, aujourd’hui, on ne conçoit pas un individu en dehors de l’État, sinon l’individu sauvage qui ne peut revendiquer que la solitude et le sable du désert ». (Disc. au Sénat du 12 mai 1928 : dans Scritti e Discorsi, vol. VI, Milan, Hoepli, 1934, p. 167).

« Le fascisme a rendu à l’État son activité souveraine. Il a revendiqué, contre tous les particularismes de classe et de catégorie, la valeur éthique de l’État ; il a rendu au Gouvernement de l’État, réduit au rôle d’instrument exécutif de l’assemblée élue, sa dignité de représentant de la personnalité de l’État et la plénitude de son pouvoir de commandement ; il a soustrait l’administration aux pressions de toutes les factions et de tous les intérêts ». (Au Conseil d’État, 22 décembre 1928, id., p. 291).

(12) « Qu’on ne pense pas à nier le caractère moral de l’État fasciste, car j’aurais honte de parler de cette tribune, si je ne sentais pas que je représente la force morale et spirituelle de l’État. Que serait l’État s’il n’avait pas son esprit, sa morale, ce qui donne de la force à ses lois, et grâce à quoi il réussit à se faire obéir par les citoyens ?

« … L’État fasciste revendique pleinement son caractère éthique : il est catholique, mais avant tout il est fasciste, exclusivement, essentiellement fasciste.

« Le catholicisme en fait partie intégrante et nous le déclarons ouvertement, mais que personne ne pense à brouiller les cartes par des subtilités philosophiques ou métaphysiques ». (Disc. à la Chambre des Députés, 14 mai 1929. Les accords du Latran. Rome, Libreria del Littorio, 1929. V. également : Scritti e Discorsi, vol. VII, Milan, Hoepli, 1934, p. 31).

« … un État qui est conscient de sa mission et qui représente un peuple en marche, un État qui transforme continuellement ce peuple, même dans son aspect physique. L’État doit dire de grandes choses à ce peuple, agiter de grandes idées et de grands problèmes et ne pas faire seulement de l’administration ordinaire ». (id.).

(13) « Le concept de liberté n’est pas absolu car, dans la vie, il n’y a rien d’absolu. La liberté n’est pas un droit, mais un devoir. Ce n’est pas un cadeau : c’est une conquête ; ce n’est pas une égalité, c’est un privilège. Le concept de liberté change suivant le moment. Il y a une liberté en temps de paix, qui n’est plus la liberté en temps de guerre. Il y a une liberté en temps de richesse, qui ne peut être accordée en temps de misère ». (Ve anniversaire de la fondation des Faisceaux, 24 mars 1924 ; dans Scritti e Discorsi, vol. IV : Il 1924, Milan, Hoepli, 1934, p. 63).

« Dans notre État, la liberté ne manque pas à l’individu. Il la possède plus que l’homme isolé : puisque l’État le protège, il est une partie de l’État. L’homme isolé reste sans défense ». (E. Ludwig, Entretiens avec Mussolini, p. 129).

(14) « Aujourd’hui, nous annonçons au monde entier la création du puissant État unitaire italien, des Alpes à la Sicile, et cet État s’exprime en une démocratie centralisée, unitaire, dans laquelle le peuple circule à l’aise. En effet, Messieurs, ou vous introduisez le peuple dans la citadelle de l’État et il la défendra, ou il restera dehors et il l’attaquera ». (À la Chambre des Députés, 26 mai 1927, dans Scritti e Discorsi, vol. VI, Milan, Hoepli, 1934, p, 37).

« Dans le régime fasciste, l’unité de toutes les classes, l’unité politique, sociale et morale du peuple italien se réalise dans l’État et dans l’État fasciste seulement ». (À la Chambre des Députés, 9 décembre 1928 ; id., p. 277).

8. Antisocialisme et corporatisme

(15) « Nous avons créé l’État unitaire italien. Pensez que, depuis l’empire romain, l’Italie n’avait plus été un État unitaire. Ici, nous affirmons à nouveau et solennellement notre doctrine de l’État. Ici, j’affirme à nouveau et non moins énergiquement la formule de mon discours à la Scala de Milan : « Tout dans l’État, rien contre l’État, rien en dehors de l’État ». (À la Chambre des Députés, 26 mai 1927 ; id., p. 37).

(16) « Nous sommes donc dans un État qui contrôle toutes les forces agissant au sein de la Nation. Nous contrôlons les forces morales, nous contrôlons les forces économiques, nous sommes par conséquent en plein État corporatif fasciste…

« Nous représentons un principe nouveau dans le monde, nous représentons l’antithèse nette, catégorique, définitive de la démocratie, de la ploutocratie, de la maçonnerie, en un mot, de tout le monde des immortels principes de 1789 ». (Pour l’installation du nouveau Directoire national du Parti, 7 avril 1926 ; dans Scritti e Discorsi, vol. V, Milan, Hoepli, 1934, p. 307).

« Le Ministère des Corporations n’est pas un organe bureaucratique, il n’entend pas non plus se substituer aux organisations syndicales dans leur action nécessairement autonome, visant à encadrer, à sélectionner et à rendre meilleurs leurs adhérents. Le Ministère des Corporations est l’organe grâce auquel, tant au centre qu’à la périphérie, se réalise la corporation intégrale et s’établit l’équilibre entre les intérêts et les forces du monde économique. Cette réalisation est possible sur le terrain de l’État car, seul, l’État s’élève au-dessus des intérêts opposés des individus et des groupes pour les coordonner vers une fin supérieure, et elle est facilitée du fait que toutes les organisations économiques reconnues, garanties et protégées dans l’État corporatif, vivent dans l’orbite commune du fascisme : c’est-à-dire acceptent la conception doctrinale et pratique du fascisme ». (À l’inauguration du Ministère des Corporations, 31 juillet 1926 ; id., p. 371).

« Nous avons constitué l’État corporatif et fasciste, l’État de la société nationale, l’État qui concentre, contrôle, harmonise et modère en même temps les intérêts de toutes les classes sociales, qui se voient également protégées. Et, tandis qu’auparavant, durant les années du régime démo-libéral, les masses ouvrières qui regardaient l’État avec méfiance étaient en dehors de l’État, étaient contre l’État, considéraient l’État comme un ennemi de chaque jour et de chaque heure, aujourd’hui, il n’y a pas un Italien qui travaille, qui ne cherche sa place dans les corporations, dans les fédérations, qui ne veuille être une molécule vivante de ce grand et immense organisme vivant qu’est l’État national corporatif fasciste ». (Pour le VIe anniversaire de la Marche, du balcon du Palais Chigi, 28 octobre 1926 ; même vol., p. 447).

9. Démocratie et Nation

(17) « La guerre a été « révolutionnaire » en ce sens qu’elle a liquidé — dans des fleuves de sang — le siècle de la démocratie, le siècle du nombre, de la majorité, de la quantité » (Da che parte va il mondo, dans Gerarchia, 1922 et dans Scritti e Discorsi, vol. II, Milan, Hoepli, 1934, p. 257).

(18) Cfr. ci-dessus, note 13.

(19) « Race : c’est un sentiment, et non une réalité : 95% de sentiment ». (Ludwig, Entretiens avec Mussolini, p. 75).

10. Conception de l’État

(20) « Une nation existe en tant qu’elle est un peuple. Un peuple s’élève quand il est nombreux, laborieux, organisé. La puissance est la résultante de ce trinôme fondamental ». (À l’Assemblée générale du Régime, 10 mars 1929 ; dans Scritti e Discorsi, vol. VII, p. 11).

« Le fascisme ne nie pas l’État ; il affirme qu’une société civique nationale ou impériale ne peut être conçue que sous la forme de l’État ». (État, anti-État, Fascisme, dans Gerarchia, 25 juin 1922 et dans Scritti e Discorsi, vol. II, p. 291.).

« Pour nous, la Nation est surtout esprit et non pas seulement territoire. Il y a des États qui ont eu d’immenses territoires et qui n’ont laissé aucune trace dans l’histoire de l’humanité. Ce n’est pas seulement le nombre, car il y a eu, dans l’histoire, des États très petits, microscopiques, qui ont laissé des documents importants, impérissables dans l’art et dans la philosophie.

« La grandeur de la Nation est un ensemble de toutes ces énergies, de toutes ces conditions. Une nation est grande lorsqu’elle traduit dans la réalité la force de son esprit ». (Discours de Naples, 24 octobre 1922 ; id., p. 339).

« Nous voulons unifier la nation dans l’État souverain, qui est au-dessus de tous et peut-être contre tous, parce qu’il représente la continuité morale de la nation dans l’histoire. Sans l’État, la nation n’existe pas ; il n’y a que des agrégats humains, susceptibles de toutes les désintégrations que l’histoire peut leur infliger ». (Au Conseil national du Parti fasciste, 7 août 1924, Scritti e Discorsi, vol. IV, p. 235).

11. Un État éthique

(21) « Je crois que les peuples… s’ils veulent vivre, doivent déployer une certaine volonté de puissance ; autrement, ils végètent, vivotent et seront la proie d’un peuple plus fort qui aura développé davantage en lui-même cette volonté de puissance ». (Discours au Sénat, 28 mai 1926).

(22) « C’est le fascisme qui a reformé le caractère des Italiens, en éliminant de nos âmes toute scorie impure, en le trempant par tous les sacrifices, et en donnant ainsi au visage italien son véritable aspect de force et de beauté ». (Discours de Pise, 25 mai 1926 ; dans Scritti e Discorsi, col. V, p. 345).

« Il n’est pas hors de propos d’illustrer le caractère intrinsèque, la signification profonde de la levée fasciste. Il ne s’agit pas seulement d’une cérémonie, mais d’un moment très important dans le système d’éducation et de préparation totalitaire et intégrale de l’homme italien, que la Révolution fasciste considère comme une des tâches fondamentales de l’État. Si l’État ne remplit pas cette tâche ou consent, de quelque façon que ce soit, à la discuter, il met purement et simplement en jeu son droit à l’existence ». (À la Chambre des Députés, 28 mai 1928).

Édition française
revue et corrigée par Charles Belin
  1. Extraits de publications antérieures à l’exposé de la doctrine du Fascisme.