La Duchesse de Bourgogne et l’Alliance savoyarde/08

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La Duchesse de Bourgogne et l’Alliance savoyarde
Revue des Deux Mondes5e période, tome 45 (p. 84-100).
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LA DUCHESSE DE BOURGOGNE
ET
L’ALLIANCE SAVOYARDE

ÉPILOGUE DE L’ALLIANCE SAVOYARDE

Nous avons dit, au début de cette longue série d’études, dont la duchesse de Bourgogne devait demeurer la figure principale, que nous aurions cependant à raconter quelques épisodes de cette alliance savoyarde qui tint une place si importante dans la diplomatie du règne et à en marquer les vicissitudes. Il nous reste à dire brièvement quel fut l’épilogue de cette alliance.


I

Les avantages que Victor-Amédée avait retirés de son accession à la puissante ligue entretenue par l’Europe contre la France, n’avaient pas été aussi grands qu’il l’espérait, et il n’avait guère eu à se louer de cette nouvelle alliance par laquelle il avait remplacé l’alliance française. C’étaient ses états patrimoniaux qui, depuis le commencement de la guerre, servaient de théâtre aux opérations militaires. Les deux armées française et espagnole d’un côté, impériale et savoyarde de l’autre, s’y étaient trouvées aux prises depuis plusieurs années avec des fortunes diverses. A la suite de la désastreuse affaire de Turin, l’armée française avait bien été obligée d’évacuer le Piémont, et cette retraite avait permis à Victor-Amédée de s’emparer de certaines places situées sur les confins du Dauphiné et de la Savoie à la possession desquelles il tenait particulièrement, car les passages des Alpes en dépendaient, entre autres Exilles et Fenestrelles. Mais la Savoie et le comté de Nice n’avaient presque jamais cessé d’être occupés par les troupes de l’armée royale. Les incursions qu’il avait personnellement dirigées sur le territoire de la France n’avaient pas été heureuses. La vigoureuse résistance de Tessé l’avait, en 1707, arrêté devant Toulon, et cette tentative d’invasion de la France par la Provence n’avait pas mieux réussi que, deux siècles auparavant, celle de Charles-Quint. Victor-Amédée n’avait donc pas, au cours de cette longue guerre, recueilli cette gloire militaire dont il était avide et à laquelle sa valeur personnelle, poussée jusqu’à la témérité, lui donnait le droit de prétendre. Les convoitises territoriales qu’il nourrissait n’avaient pas, d’un autre côté, reçu satisfaction complète, et son amour-propre n’avait pas davantage été ménagé par son impérial qu’autrefois par son royal allié.

L’empereur Léopold avait bien consenti, » par un traité signé à Turin le 8 novembre 1703, à lui concéder les provinces d’Alexandrie et de Valence et la partie du Montferrat possédée par le duc de Mantoue. Mais c’était le Milanais tout entier qu’ambitionnait Victor-Amédée, et la pensée que Milan et le reste de la Lombardie demeureraient en la possession de l’Empereur le remplissait d’inquiétude. Il ne se souciait pas d’avoir un aussi puissant voisin. Maladroitement aussi Léopold blessa son nouvel allié en soulevant quelques difficultés à propos de l’investiture du Montferrat qui faisait de Victor-Amédée un vassal de l’Empire. L’orgueil de la victoire lui fit même, tout comme il arriva souvent à Louis XIV, commettre une faute plus grave qui faillit tourner contre lui. Le royaume de Naples et les Présides[1] de Toscane étant tombés entre les mains de l’armée impériale, Léopold crut le moment favorable pour publier un décret par lequel il déclarait vouloir faire revivre les droits de l’Empire sur toute la péninsule. Tous les princes italiens auraient été considérés comme des vassaux de l’Empire et toutes les Républiques menacées dans leur indépendance. Le mécontentement en Italie était général, et Victor-Amédée, en particulier, ne cachait pas le sien. Aussi commençait-il à s’agiter et à intriguer contre son dernier allié. A la République de Venise en particulier, avec laquelle il n’était pas en relations diplomatiques régulières, pour une question de cérémonial, mais où il entretenait des agens secrets, il faisait dire « qu’il seroit toujours bon Italien et que ses engagemens avec l’Empereur n’empêcheroient pas qu’il ne fît connoître ses sentimens lorsque l’occasion le demanderoit[2]. »

Ainsi, préludant déjà au rôle que devaient jouer un jour ses successeurs, Victor-Amédée commençait à la sourdine à se poser en champion de l’indépendance italienne. La diplomatie de Louis XIV, toujours à l’affût de tous les incidens dont elle pouvait tirer parti, conçut l’espoir de mettre à profit cette faute de l’Empereur. On résolut à Versailles d’envoyer en Italie un ambassadeur ou plutôt un plénipotentiaire chargé d’une mission secrète et qui aurait pour instructions de chercher à réunir dans une ligue contre l’Empereur les Républiques de Gênes et de Venise, les princes italiens, et jusqu’au Pape lui-même.

Après avoir hésité entre le maréchal d’Estrées et Saint-Simon, qui prétend s’être défendu d’accepter, le choix du Roi s’arrêta sur notre vieille connaissance Tessé. Il est probable que ce choix fut en partie dicté par la pensée qu’il ne serait peut-être pas impossible de faire entrer dans cette ligue le duc de Savoie lui-même, et que Tessé, ayant réussi une première fois, quelque vingt ans auparavant, à le détacher de l’alliance impériale, aurait, plus que tout autre, chance d’y réussir une seconde. En effet, une bonne partie des instructions que Tessé emportait avec lui était consacrée à lui tracer la ligne de conduite qu’il devait suivre vis-à-vis du duc de Savoie[3]. Ces instructions lui prescrivaient de chercher à Gênes ou ailleurs des gens capables d’insinuer au duc de Savoie combien serait pour lui précaire et illusoire la possession de cette partie du Milanais qui lui avait été cédée par le traité du 8 novembre 1703, si l’Empereur en conservait la plus grande partie et devenait ainsi le proche voisin de la Savoie. Les instructions faisaient ressortir le danger de ce voisinage et d’un conflit entre la Savoie et l’Empire où Victor-Amédée serait écrasé. « La ressource de ceux de ses ancêtres dont il a le plus imité la conduite, continuent ces instructions, étoit de recourir à la France quand ils craignoient d’être accablés par la puissance de la maison d’Autriche. Mais les alliés de ce prince, persuadés qu’il suivroit cet exemple, ont eu une attention particulière à lui fermer cette route et, sous un faux prétexte d’union et d’intérêts communs, ils ont eu l’adresse de l’engager de plus en plus à irriter le Roi de manière qu’il fût à jamais privé du secours de Sa Majesté. Il n’a désormais aucun nouvel avantage à leur demander ; sa vue doit être de conserver ceux que la nécessité seule de son alliance lui a fait acquérir ; s’il attend pour les maintenir à la conclusion de la paix, ils seront peut-être sacrifiés d’un commun consentement à ceux du bien public, et sa possession ni ses nouveaux titres ne seront pas plus considérés que ses prétentions à la succession d’Angleterre l’ont été par les Anglais. Il est donc de sa prudence, de son habileté, et de la gloire de sa maison dont il est particulièrement touché, de prévenir la paix générale pour se réunir à la France et d’effacer par le service qu’il rendroit au Roi le souvenir du préjudice qu’il lui a causé par sa défection. »

Muni de ces instructions, Tessé partit pour l’Italie au mois d’août 1708, non sans nourrir l’espoir assez vraisemblable de réussir dans une mission à laquelle il se croyait propre et d’en tirer, lui aussi, quelques avantages. Cet espoir fut déçu, et il ne réussit pas mieux auprès du duc de Savoie qu’il ne devait réussir auprès des autres princes italiens et auprès du Pape avec lequel il finit par avoir querelle ouverte et violente. Il n’est même pas certain que l’occasion se soit offerte à lui de faire parvenir au duc de Savoie les propositions dont l’avait chargé Louis XIV, car, ainsi qu’il l’écrivait à la princesse des Ursins, « un prince qui n’a ni confesseur, ni ministre, ni maîtresse ne laisse pas d’être comme un fagot d’épines que l’on ne sait par où aborder[4]. » En tout cas, si ces propositions parvinrent à Victor-Amédée, celui-ci fit la sourde oreille, estimant sans doute que le moment n’était pas encore venu pour lui de trahir son nouvel allié.


II

Victor-Amédée aurait cependant cessé d’être lui-même si, à peine engagé dans une alliance, il n’avait cherché presque aussitôt une porte de sortie qui lui permît de s’en dégager, et s’il n’avait mis en balance les avantages qu’il pourrait tirer d’une alliance nouvelle, fût-ce au prix d’une trahison. Nous allons le voir en effet, deux ans plus tard, essayer lui-même de rentrer en relations avec Louis XIV et de négocier une paix à part, par l’intermédiaire de celui-là même qui commandait les troupes dirigées contre lui, ainsi qu’il avait fait en 1693 lorsqu’il avait négocié avec Tessé et signé avec lui le traité de Turin. Cette tentative de Victor-Amédée n’était que très imparfaitement connue par quelques pages des Mémoires de Berwick[5]. Depuis lors, quelques-unes des dépêches de Berwick à Torcy ont été publiées, avec les réponses de Torcy, dans les Instructions données aux Ambassadeurs et Ministres de France[6]. Ces dépêches et les recherches que nous avons entreprises tant aux Affaires étrangères qu’aux Archives de Turin nous permettent de résumer brièvement les phases de cette négociation, qui du reste ne devait point aboutir.

Berwick, qui commandait en Dauphiné, c’est-à-dire sur les frontières de la Savoie, avait, durant tout l’été de 1710, guerroyé contre le comte de Thann qui commandait les armées impériales et savoyardes réunies, sans qu’il y eût, de part ni d’autre, aucune action bien décisive. Il se trouvait dans la vallée de Barcelonnette, dont les deux armées se disputaient la possession, lorsqu’il reçut avis : « qu’un nommé Arnaud, religieux dont le duc de Savoie se servoit en beaucoup d’affaires, avoit parlé à un nommé Laurent, procureur de la susdite vallée, au sujet de la guerre qui étoit entre le Roi et Son Altesse Royale et lui avoit donné à entendre qu’on pouvoit aisément trouver les moyens de s’accommoder[7]. »

Berwick avait cru d’abord que ce n’étaient là que « discours en l’air » lorsque, le 5 septembre, il reçut la visite du procureur Laurent qui lui communiqua une lettre singulière du père Arnaud dont le début était ainsi conçu : « J’ai pressenti le fromage que vous m’avez adressé. L’amy l’a reçu avec plaisir et il me paroist qu’il en fera sa provision s’il est sûr qu’on ne le fraudera pas et qu’on le lui vendra de la première main de l’ouvrier, sans altérations et sans détours. » Continuant la métaphore, le père Arnaud énumère dans cette lettre les diverses qualités que devait présenter le fromage ; après quoi, il cherchait quel pouvait être le meilleur intermédiaire de cette vente et il concluait ainsi : « Celuy au nom duquel vous avez envoyé la montre me paroist le plus propre parce que je sçay l’amy prévenu en sa faveur. Il s’agit donc de l’aller trouver où il sera, après vous estre abouché avec votre voisin qui connoist la meilleure qualité de fromage du pays et de faire un estat de tout ce qu’on en voudra vendre[8]. »

En même temps qu’il apportait cette lettre amphibologique, Laurent en donnait la traduction. L’ami, c’était le duc de Savoie ; le voisin, c’était le maréchal de camp Le Guerchois[9] qui commandait, sous les ordres de Berwick, dans la vallée de Barcelonnette ; celui en faveur de qui l’ami était prévenu, c’était Berwick lui-même ; enfin le fromage, c’étaient les territoires dont le duc de Savoie comptait demander la cession en échange de sa défection.

L’affaire prenant corps, Berwick crut devoir en référer à Versailles. « Je vous dépêche, monsieur, écrivait-il au ministre de la Guerre, un courrier pour vous prier de vouloir bien envoyer le paquet ci-joint à M. de Torcy. C’est au sujet de quelque espèce d’ouverture pour un traité avec M. le duc de Savoie. Vous trouverez icy copie de ma lettre à M. de Torcy[10]. » Le paquet à l’adresse de Torcy contenait la traduction de la lettre « au sens figuré » du père Arnaud et une lettre très courte par laquelle Berwick demandait des instructions.

En d’autres temps le Roi aurait peut-être accueilli avec un certain dédain des ouvertures faites par des personnages aussi secondaires et provenant d’un prince aussi artificieux. Mais l’heure des dédains et des hauteurs était passée. Les conférences de Gertruydenberg avaient été rompues au mois de juillet précédent. Tout espoir d’arriver à la paix générale semblait écarté. Sans doute, traiter séparément avec le duc de Savoie, c’était un peu se raccrocher aux branches ; mais on ne pouvait cependant oublier que c’était par un traité séparé et secret qu’on était parvenu à le détacher de la ligue d’Augsbourg, et le procédé auquel il avait recours en s’adressant à Berwick par l’intermédiaire du procureur Laurent et du père Arnaud rappelait celui dont il s’était servi en s’adressant à Tessé par l’intermédiaire de Groppel. Il ne fallait donc pas négliger cette ouverture. Aussi Torcy répondait-il à la lettre de Berwick par une longue dépêche où, tout à la fois, il le mettait au courant d’une situation diplomatique que Berwick aurait pu ignorer et il lui donnait des instructions sur la manière de négocier avec le duc de Savoie, « Il y a plus d’un an, disait Torcy, que M. le duc de Savoie sait que le Roi est disposé à traiter avec lui et à lui donner les moyens qu’il peut désirer pour la conservation des pays que ses alliés lui ont cédés, pour l’augmentation de sa puissance et pour la splendeur de sa maison. En effet, monsieur, Sa Majesté lui offroit, et le roi d’Espagney auroit consenti, de le maintenir dans la possession de la partie du Milanais dont il jouit présentement, de le rendre maître de celle que l’Empereur s’est réservée, de le reconnoître en qualité de roi de Lombardie, de lui donner, pour agir sous ses ordres, une partie de l’armée que vous commandez et d’y joindre encore des subsides proportionnés à ceux qu’il reçoit de ses alliés. »

Berwick était autorisé à renouveler ces offres, et non seulement Louis XIV ne demandait plus, comme il l’avait fait autrefois, la cession de la Savoie en compensation des agrandissemens considérables dont Victor-Amédée allait profiter, mais prévoyant que celui-ci demanderait à conserver les deux places d’Exilles et de Fenestrelles, en ce moment occupées par lui, il autorisait par avance Berwick à « relâcher ces deux places assez inutiles, » non sans lui recommander cependant de paraître « surpris que M. le duc de Savoie veuille s’agrandir aux dépens de Sa Majesté dans le temps qu’elle ne songe qu’à lui procurer de nouveaux états » et de défendre « l’ancien domaine de Sa Majesté aussi longtemps qu’il lui seroit possible[11]. » En même temps, il exhortait Berwick « à ne pas perdre en complimens et en cérémonies un temps précieux que l’on peut employer utilement à prendre des mesures solides » et, pour ne point perdre de temps en effet, il envoyait par avance à Berwick un plein pouvoir conçu dans les termes les plus larges, mais dont la forme un peu hautaine n’aurait probablement pas été du goût du duc de Savoie si ce pouvoir avait passé sous ses yeux. « Le Roy, y était-il dit, voulant faciliter à M. le duc de Savoie les moyens de rentrer dans l’honneur des bonnes grâces de Sa Majesté, donne à M. le duc de Berwick plein pouvoir, commission et mandement spécial d’écouter tout ce qui lui sera proposé de la part du dit duc de Savoye… promettant Sa Majesté sa foy et parole de roi d’accomplir et d’exécuter ponctuellement, avoir pour agréable, tenir pour ferme et stable, à toujours, tous et chacun les traités, articles et conditions que le dit duc de Berwick aura signés en vertu du présent pouvoir[12]. »

Ainsi dûment autorisé, Berwick engagea, toujours par l’intermédiaire du procureur Laurent et du père Arnaud, une négociation qui dura plusieurs mois, sans qu’il fût possible de rien conclure. Berwick ne tarda pas en effet à se heurter à des exigences excessives de la part du duc de Savoie qui, en échange des avantages à lui concédés, ne voulait prendre de son côté que les engagemens les plus vagues. De septembre à décembre, on discuta à coups de mémoires sur la part du fromage qu’il convenait de découper en faveur du duc de Savoie. Une des pièces les plus curieuses qui soient aux Affaires étrangères est certain Dialogue d’un amy à son confident[13], où il est fort question d’un troisième personnage qu’on appelle le principal. Une note en marge nous apprend que l’amy est le duc de Savoie, le confident le père Arnaud, et le principal le duc de Berwick. Dans ce dialogue, comme dans les mémoires adressés à Berwick par Arnaud et Laurent, apparaissent les prétentions exorbitantes du duc de Savoie. Non seulement il prétendait garder Exilles et Fenestrelles, mais il demandait que le Roi lui abandonnât Briançon, Mont-Dauphin et le fort de Barraux, c’est-à-dire trois places qui commandaient les passages des Alpes par lesquels une armée savoyarde aurait pu pénétrer en France. En échange de concessions aussi considérables, il n’offrait rien d’autre que d’empêcher les Allemands de rien faire en se déclarant neutre, et il témoignait l’espoir « que Sa Majesté l’agréeroit comme arbitre à la paix générale. » Enfin il demandait que la place de Monaco, qui n’appartenait point à la France, mais qui était occupée par ses troupes, lui fût livrée.

Le duc de Savoie devenant tout à la fois le maître des passages qui conduisaient d’Italie en France et l’arbitre de l’Europe, la prétention était un peu forte. Louis XIV acceptait cependant de discuter ces prétentions avec une modération où les négociateurs de Victor-Amédée croyaient voir la preuve de l’extrémité à laquelle il était réduit, et qui les enflait d’orgueil. « Voicy, écrivait le père Arnaud à Victor-Amédée, le plus fier et le plus opignâtre ennemy de Votre Altesse Royale, adouci, humilié et repenti. Il demande, à ce que m’escrit le procureur Laurent, quartier. S’il le mérite, Dieu le sçait. Votre Altesse Royale le voit ; il s’en flatte, mais je ne le crois pas ; et s’il m’est permis d’escrire avec ma sincérité naturelle, un roy qui, comme celui de France, est allé chercher Votre Altesse Royale dans son berceau pour troubler son repos n’en devroit point trouver qu’au tombeau. J’ay, avec tout cela, une secrète, mais inexprimable consolation de voir que la Providence divine se déclare en votre faveur, et je regarde le projet que le duc de Berwick présente à Votre Altesse Royale de la part de son Roy (s’il est tel que le suggère le procureur Laurent), comme un monument éternel de la gloire de Votre Altesse Royale puisque la postérité verra par là que la France, qui a pratiqué des excès jusqu’à elle inouïs pour anéantir la souveraineté de Votre Altesse Royale, se trouve obligée de recevoir ses loix[14]. »

Le ton que Louis XIV prenait alors avec Victor-Amédée différait singulièrement en effet de celui sur lequel il s’exprimait, au temps où les hauteurs de Louvois jetaient le duc de Savoie dans les bras de l’Empereur. Cependant, le père Arnaud se méprenait sur le sens des instructions qu’avait reçues Berwick. Il se peut que Louis XIV fut repenti, mais il n’était pas cependant disposé à recevoir « les lois » de Victor-Amédée. Berwick, que Torcy avait pris soin de mettre en garde contre les exigences excessives du duc de Savoie, y opposait une résistance absolue. Il répondait « que Sa Majesté ne pouvoit en aucun cas consentir à mettre entre les mains d’aucun étranger deux places (Briançon et Barraux) qui étoient les clefs de son royaume, et qu’à l’égard de Monaco, le Roi ne pouvoit, ni en honneur, ni en conscience, disposer d’un bien qui n’étoit pas à lui[15]. » Victor-Amédée s’obstinait cependant dans ses exigences, et la négociation traîna ainsi, sans avancer d’un pas, durant tous les mois de novembre et de décembre. À ce moment, les deux armées prirent leurs quartiers d’hiver, et Berwick s’en fut à Saint-Germain. Il donne à entendre, dans ses Mémoires, que son départ amena la rupture des négociations. L’assertion n’est pas tout à fait exacte. Les Archives de Turin contiennent en effet une longue dépêche de Berwick, datée du 14 décembre et écrite de Saint-Germain-en-Laye, dans laquelle il précise de nouveau les conditions que Louis XIV offrait à Victor-Amédée au cas où ce prince consentirait à signer avec lui un traité particulier. Ces conditions étaient toujours, si Victor-Amédée se bornait à rester neutre, cette portion du Milanais que l’Empereur lui avait déjà cédée, et, s’il consentait à joindre ses armes à celles de Louis XIV, le Milanais tout entier, plus « une somme dont Sa Majesté conviendra avec Elle, payable annuellement ou sous le nom de subsides ou sous tel autre nom qu’Elle jugera à propos de concert avec ce prince. » Quant à la principauté de Monaco, Berwick faisait observer que « ne pouvant avec justice disposer du bien d’autrui, Sa Majesté ne pouvoit s’engager à ce que demandoit M. le duc de Savoie[16]. » Enfin, quant à la rétrocession d’Exilles et de Fenestrelles, Berwick donnait à entendre que le Roi n’y opposerait pas un refus absolu.

Offertes quelques années plus tôt, ces conditions auraient suffi peut-être pour retenir Victor-Amédée dans l’alliance française. Mais ses exigences avaient grandi avec le succès, et il caressait des rêves plus ambitieux. Aussi semble-t-il bien que la rupture des négociations soit venue de lui. La dernière pièce relative à cette négociation qui se trouve aux Affaires étrangères est une note ainsi conçue : « Son Altesse Royale a vu le mémoire que le procureur Laurent a remis au père Arnaud. Elle charge ce père d’écrire au procureur de se retirer, puisque ces articles ne sont qu’un simple verbiage et une plotterie ( ? ) sans fondement qui ne convient du tout point à Son Altesse Royale[17]. »

Le ton presque insolent de cette note n’empêchait cependant point Berwick de tenter quelque temps après un nouvel effort. Au mois d’avril suivant, quelques jours après la mort de l’empereur Joseph, il adressait à Victor-Amédée, avec l’autorisation du Roi, une lettre où, après avoir déclaré « qu’il étoit inutile d’exposer à la pénétration de Son Altesse Royale le changement que la mort de l’Empereur apporte aux affaires de l’Europe, » il ajoutait : « Elle fera mieux que personne les réflexions convenables à ce grand événement, mais j’aurai l’honneur de dire à Votre Altesse Royale que, si Elle juge à propos d’en profiter, Elle trouvera toujours de très bonnes dispositions de la part du Roy[18]. » À cette nouvelle ouverture, Victor-Amédée faisait encore la sourde oreille. Sans doute, il estimait que son intérêt ne lui commandait pas encore de trahir son dernier allié et qu’il obtiendrait de meilleures conditions à la paix générale. La suite des événemens ne devait pas lui donner tort.


III

Cette même année s’ouvraient entre la France et l’Angleterre des négociations secrètes qui devaient, au commencement de l’année 1712, aboutir à la réunion dans la petite ville d’Utrecht d’un congrès où se trouvaient représentées toutes les puissances belligérantes. La France avait comme plénipotentiaires le maréchal d’Huxelles, et l’abbé de Polignac, celui-là même dont le départ précipité pour Rome avait autrefois arraché des larmes à la pauvre Duchesse de Bourgogne, et enfin le député de Rouen au Conseil du commerce Mesnager, car déjà, en ces temps, les questions commerciales commençaient à tenir leur place dans les traités. La Savoie était représentée par le comte Maffei, le comte del Borgo et le conseiller d’État Pierre Mellarede.

Ce serait dépasser les bornes de notre sujet que d’entrer dans le détail de ces négociations qui se prolongèrent pendant de longs mois. Disons seulement que le duc de Savoie s’y trouvait dans une situation singulière, et qu’il faillit payer cher ses trahisons successives. En effet les plus passionnés de ses adversaires au congrès d’Utrecht furent les représentans de l’Autriche, à qui les menées tortueuses de Victor-Amédée n’avaient pas échappé. Les représentans de la France, sans témoigner contre lui une hostilité aussi ardente, n’avaient guère raison de prendre parti pour lui, car ils avaient à se défendre contre ses prétentions exorbitantes. Il n’aurait donc point trouvé de soutien, si fort heureusement pour lui, il n’avait rencontré l’appui de l’Angleterre qui se fit son champion. Quant à lui, fidèle à son système de demander beaucoup, dût-il finir par ne rien obtenir, il continuait de réclamer en Italie le Milanais tout entier et, du côté de la France, non seulement Exilles et Fenestrelles, situées sur le versant italien des Alpes, mais Mont-Dauphin, Briançon, le fort de Barraux, qui étaient situés sur le versant français, de sorte qu’il serait devenu le maître des passages, « le portier des Alpes. » La France ne pourrait plus entrer chez lui, et il pourrait toujours entrer en France. Mais ce qu’il souhaitait par-dessus tout, car il n’était pas moins orgueilleux qu’intéressé, c’était une couronne. D’Utrecht il voulait s’en revenir roi.

Durant tout le temps que dura le congrès, son sort se débattit avec des fortunes diverses. Il en avait été ainsi autrefois durant les négociations préliminaires à l’ouverture de la succession d’Espagne. À ces négociations Victor-Amédée était partie sans le savoir et il n’était pas tenu au courant du rôle qu’on lui réservait. Mais à Utrecht, il était présent et se défendait avec énergie et souplesse. L’Autriche le combattait avec acharnement ; l’Angleterre le soutenait avec chaleur ; la France prenait une position intermédiaire. Elle combattait ses prétentions lorsqu’il voulait s’agrandir aux dépens de la France ; elle consentait à ce qu’il s’agrandît en Italie aux dépens de l’Espagne et à ce qu’un royaume de Lombardie, constitué sous la maison de Savoie par l’union du Piémont et du Milanais, servît de rempart contre les ambitions impériales. L’habile et aimable abbé de Polignac, dans ses conversations privées avec le conseiller d’État Mellarede, allait au-devant d’un rapprochement, et déjà il ébauchait, avec une singulière prescience de l’avenir, un projet d’alliance entre la France et la Savoie, contre l’Autriche. « Il disait au conseiller Mellarede que, dans l’état des choses, les pensées du duc de Savoie devaient se tourner vers l’Italie, sur laquelle la France avait dépouillé toute prétention, étant décidée à ne plus repasser le alte espaventose alpi, excepté pour rendre un service à Son Altesse Royale et faire contrepoids à la prépondérance de la maison d’Autriche. Le duc de Savoie serait roi de la Gaule Cisalpine, et une union indissoluble serait conclue entre les rois des deux Gaules. » À ce discours, Mellarede répondait « que les visées de Son Altesse Royale n’allaient pas aussi loin, les confins de la Gaule Cisalpine étant marqués par le Rubicon, petite rivière qui se jetait dans l’Adriatique, à quatre lieues de Rimini. La Gaule Cisalpine comprendrait donc la Romagne, Ferrare et les territoires de Venise, Modène, Parme, Gênes et Milan, trop vaste domaine pour les raisonnables ambitions de Son Altesse Royale[19]. » Ainsi c’était le représentant de la France qui, avec son intelligence ouverte et déliée, pressentait déjà le rôle que la Savoie serait appelée à jouer dans l’histoire de l’Italie, et c’était le représentant de la Savoie qui, plus timide, repoussait ces rêves comme trop ambitieux.

Peu s’en fallut qu’au cours de ces négociations une destinée singulièrement imprévue et brillante, qui aurait changé la face de l’Europe, ne s’ouvrît devant Victor-Amédée. Pour désarmer l’insurmontable opposition de l’Autriche qui ne voulait point accepter Victor-Amédée comme roi de Lombardie, et pour s’acquitter cependant vis-à-vis de lui de la promesse d’une couronne, l’Angleterre s’avisa de proposer un échange. Philippe V aurait cédé l’Espagne à Victor-Amédée, en conservant la Sicile, et Victor-Amédée lui aurait cédé la Savoie, le Piémont et le Montferrat. Chose surprenante ! Ce fut la France qui se prononça avec le plus d’ardeur en faveur d’une combinaison si glorieuse pour Victor-Amédée qui aurait ceint son front de la couronne de Charles-Quint. Depuis que, par les malheurs successifs dont il avait été frappé, Louis XIV n’avait plus comme héritier qu’un enfant frêle et maladif, il ne pouvait prendre son parti de la renonciation de Philippe V à ses droits héréditaires sur la couronne de France, renonciation qui était une des conditions imposées par les alliés à la conclusion de la paix générale. Dans la combinaison proposée par l’Angleterre, Philippe V aurait au contraire conservé ses droits. Aussi Louis XIV le pressait-il d’accepter cette combinaison, et, oubliant ses griefs contre Victor-Amédée, il se faisait avec plus d’ardeur encore que l’Angleterre le champion de la cause et de la grandeur de son ancien ennemi. « Je vous avoue, écrivait-il à Philippe V, que, nonobstant la disproportion des états, j’ai été sensiblement touché de penser que vous continueriez de régner, que je pour-rois vous regarder toujours comme mon successeur, et que votre situation vous permettroit de venir de temps en temps auprès de moi. Jugez en effet du plaisir que je me ferois de pouvoir me reposer sur vous pour l’avenir, d’être assuré que, si le Dauphin vit, je laisserai en votre personne un régent accoutumé à commander, capable de maintenir l’ordre dans mon royaume et d’en étouffer les cabales ; que si cet enfant vient à mourir, comme sa complexion faible ne donne que trop sujet de le croire, vous recueilleriez ma succession suivant l’ordre de votre naissance, et j’aurais la consolation de laisser à mes peuples un roi vertueux, propre à leur commander, et qui, me succédant, réuniroit à la couronne des États aussi considérables que la Savoie, le Piémont et le Montferrat. Je vous avoue que je suis si flatté de cette idée, mais principalement de la douceur que je me proposerois de passer avec vous et la Reine une partie du reste de ma vie et de vous instruire moi-même de l’état de mes affaires, que je n’imagine rien de comparable au plaisir que vous me feriez si vous acceptez ce nouveau projet[20]. »

Les considérations de sentiment que Louis XIV invoquait d’une façon plus touchante peut-être que politique n’étaient pas pour amener Philippe V à prendre son parti d’un aussi inégal échange. Sa fierté s’y refusait, et peut-être même se montrait-il plus clairvoyant que Louis XIV, lorsque, dans la réponse qu’il adressait, après avoir pris deux jours de réflexion, à la dépêche de son grand-père, il faisait valoir le danger pour la France de mettre la couronne d’Espagne « sur la tête d’un prince de l’amitié duquel elle ne pouvoit s’assurer[21]. » Le refus de Philippe V coupa court à cette combinaison étrange, mais il ne tint pas à Louis XIV que les visées les plus ambitieuses de Victor-Amédée ne fussent comblées, et au-delà. La maison de Savoie régnant sur l’Espagne, avec l’assentiment de la France, c’était un dénouement de l’alliance savoyarde auquel, même au moment de son union la plus intime avec Louis XIV, Victor-Amédée n’aurait jamais osé prétendre.

Il devait cependant gagner une couronne au congrès d’Utrecht. De nouveau l’Angleterre prit sa cause en main et proposa que le royaume de Sicile lui fût abandonné par l’Espagne. A cet abandon Philippe V se résigna, et Louis XIV donna également son assentiment. Le dernier allié de Victor-Amédée, l’empereur Charles VI, fut le seul qui s’y opposât avec passion. Mais le congrès passa outre, et, le 12 avril, en même temps qu’un traité de paix en trente articles était signé entre l’Angleterre et la France, un traité en dix-neuf articles était signé avec la Savoie. Ce traité donnait satisfaction à presque toutes les ambitions de Victor-Amédée. Non seulement il obtenait la restitution de la Savoie et du comté de Nice, mais il prenait possession de la vallée de Pragelas avec les forts d’Exilles et de Fenestrelles et « de tout ce qui est à l’eau pendante des Alpes du côté du Piémont. » Mais il cédait, il est vrai, « à Sa Majesté très chrétienne, à toujours, la vallée de Barcelonnette et ses dépendances de manière que les sommités des Alpes et montagnes serviront à l’avenir de limites entre la France, le Piémont et le comté de Nice. » Louis XIV donnait en outre son assentiment au traité par lequel l’Empereur avait abandonné à Victor-Amédée une partie du Milanais. Enfin l’article 5 l’instituait roi de Sicile. Désormais le duc de Savoie allait marcher de pair avec les têtes couronnées. M. Legrelle, dans le savant ouvrage où il a minutieusement rendu compte de ces négociations laborieuses, a raison d’ajouter : « Victor-Amédée se voyait trop généreusement payé par la France de ses trahisons[22]. »

Victor-Amédée avait hâte de ceindre cette couronne, objet de son éternelle ambition. « Le 22 septembre, jour de la fête de Saint-Maurice, au milieu d’une nombreuse assistance qui réunissait les princes du sang, les évêques, la noblesse et la magistrature du Piémont, il prenait solennellement le titre de roi de Sicile[23]. » Peu attachée à ses souverains espagnols qui jamais ne l’avaient visitée, la Sicile était heureuse de passer sous la domination d’un prince italien. Aussi Victor-Amédée recevait-il des adresses des principales villes que le prince de Roccafiorita lui apportait à Turin. Les habitans de Messine se distinguaient par leur enthousiasme. « Puisse le ciel, disaient-ils, exaucer les vœux que nous formons pour la gloire de Votre Majesté ! Puisse un jour, de notre promontoire, s’élever, grâce à sa formidable épée, un pont qui, facilitant la conquête de nouveaux royaumes, unisse ce domaine à ses domaines héréditaires des Alpes[24] ! » Au mois de novembre suivant, Victor-Amédée se faisait transporter en Sicile par les vaisseaux de l’amiral anglais Jennings, car il n’avait point de marine. Il emmenait avec lui la pauvre duchesse, devenue la reine Anne, qui avait jusque-là tenu si peu de place dans la vie de son époux, et qui était tout heureuse de se voir ainsi associée à sa gloire[25]. Le nouveau souverain de la Sicile fit à Palerme une entrée vraiment royale. Cavalcade, feux de mousqueterie, acclamations populaires, sacre, Te Deum, rien n’y manqua. « Partout, pendant huit jours, ce ne fut que bals, sérénades, tournois. On grava sur le marbre les épisodes du couronnement. On frappa des médailles avec l’aigle de Sicile et la croix de Savoie, et une députation de l’ordre de Malte vint offrir le faucon, suprême hommage dû à la couronne de Charles d’Anjou[26]. » Pendant que Victor-Amédée triomphait ainsi à Palerme, Louis XIV vieillissait solitaire dans Versailles attristé.


Tel fut l’épilogue de l’alliance savoyarde sous Louis XIV. Près de deux siècles se sont écoulés depuis les événemens que nous avons entrepris de raconter. Le vœu que formaient les habitans de Messine, et qui pouvait sembler singulièrement chimérique s’est réalisé. De leur promontoire s’élève aujourd’hui un pont qui rejoint la Sicile aux États patrimoniaux des ducs de Savoie, et ce pont, c’est l’Italie elle-même. Le petit Piémont a joué dans la formation du nouveau royaume le même rôle que l’Ile-de-France dans la formation du royaume de France. La dynastie issue du mariage entre Odon, fils d’Humbert aux blanches mains, et Adélaïde de Turin, à laquelle il a su demeurer fidèle, règne aujourd’hui sur la péninsule entière, comme la dynastie issue d’Hugues Capet avait fini par régner sur la France. Le rôle que le Piémont a joué dans l’affranchissement de l’Italie a été la juste récompense de cette fidélité. Lorsqu’un peuple, petit ou grand, a su incarner avec persistance dans une famille ses ambitions et ses espérances, il est rare qu’il n’en résulte pas pour lui, à la longue, un accroissement de puissance et de grandeur. La prodigieuse fortune du Piémont n’est pas le seul exemple que nous en offre l’histoire. La fidélité du Brandebourg à la maison de Hohenzollern, dont le congrès d’Utrecht devait également consacrer la dignité royale, n’a pas médiocrement servi à la fortune de la Prusse. De tous les États représentés à ce congrès, le Piémont et la Prusse sont les seuls qui aient vu depuis lors s’étendre leur territoire, on sait dans quelles proportions. Cette leçon est-elle la seule qui se dégage des enseignemens de l’histoire, et n’est-il pas permis d’en tirer une autre des événemens qui, à la fin du XVIIIe et du XIXe siècle, ont changé la face de l’Europe et rompu l’équilibre entre les puissances ? C’est que les peuples qui ont séparé leur fortune d’avec celle de leur dynastie nationale ont eu plus souvent à s’en repentir qu’à s’en féliciter ?


HAUSSONVILLE.

  1. On appelait Présides les ports de mer de la Toscane qui assuraient ses relations maritimes avec l’Espagne.
  2. Recueil des Instructions données aux ambassadeurs et ministres de France, Savoie, Sardaigne et Mantoue, t. I, p. 262.
  3. Id., ibid., p. 259 et suiv.
  4. Lettres du maréchal de Tesse, publiées par le comte de Rambuteau, p. 286.
  5. Collection des Mémoires relatifs à l’Histoire de France, par Petitot et Monmerqué, 2e série, t. LXVI, Mémoires de Berwick, p. 172 et suiv.
  6. Savoie, Sardaigne et Mantoue, t. I, p. 269 et suiv.
  7. Mémoires de Berwick, seconde partie, p. 172. Nous suivons la version de Berwick, mais nous devons dire que, d’après les documens dont nous avons pris connaissance aux Archives de Turin, ce serait lui qui, au contraire, aurait fait les premières ouvertures. Voici en effet ce que le père Arnaud écrivait le 23 août 1710 à Victor-Amédée : « Je ne sçay par quel motif le duc de Berwick m’envoye le procureur Laurent pour me parler des matières qui sont au-dessus de son esphère et de la mienne. Il me demande le secret. J’y serai fidelle. » Il est possible cependant que le père Arnaud, craignant d’être désavoué par Victor-Amédée, n’ait pas voulu convenir de l’initiative prise par lui.
  8. Affaires étrangères, Corresp. Turin, vol. 116.
  9. Dépôt de la Guerre, n° 2 249, Berwick à Voysin, 5 sept. 1710.
  10. Dépôt de la Guerre, n° 2 249, Berwick à Voysin, 5 sept. 1710.
  11. Recueil des Instructions, etc., p. 272 et suiv.
  12. Aff. étrangères, Correspond, Turin, vol. CXVI.
  13. Recueil des Instructions, etc., p. 278.
  14. Archives de Turin. Le père Arnaud à Victor-Amédée, 8 oct. 1710.
  15. Mémoires de Berwick, seconde partie, p. 177.
  16. Archives de Turin. Le maréchal de Berwick au procureur Laurent. Saint-Germain-en-Laye, 14 déc. 1710. La dépêche porte cette mention : « Format officiel pour être présenté tel à Son Altesse Royale. »
  17. Affaires étrangères, Corresp. Turin, vol. 116.
  18. Archives de Turin. Le maréchal de Berwick à Son Altesse Royale, 26 avril 1711. La minute de cette lettre se trouve aux Archives des Affaires étrangères.
  19. Carutti, Storia della diplomazia della Corte di Savoia, t. III, p. 436.
  20. La diplomatie française et la succession d’Espagne, par a Legrelle, t. VI, p. 95.
  21. Ibid., p. 100.
  22. Legrelle, op. cit., p. 157.
  23. Baraudon, la Maison de Savoie et la Triple Alliance, p. 33.
  24. Carutti, Storia della diplomazia della Corte di Savoia, t. III, p. 471.
  25. Sur la participation de la reine Anne aux fêtes données à Palerme, voyez : La régina Anna di Savoia, par Luisa Saredo, t. II, p. 357 et suiv.
  26. Baraudon, op. cit., p. 38.