La Femme et la démocratie de nos temps/36

La bibliothèque libre.

CHAPITRE XXXVI.


Nous avons vu que le peuple, chez les nations illustres, a eu son rôle à jouer et l’a bien rempli. On ne peut supporter de voir l’Américain se risquer au milieu des tempêtes pour baisser d’un sou le prix du thé ; mais on admire le cultivateur romain et l’ouvrier anglais qui soutiennent les droits de la justice : le Français renverse la loi, combat, meurt ; soldat, roi, il fait tout à lui seul dans l’État.

Il ne faut pas comparer le sort du peuple à celui des riches, mais à celui de l’homme placé sur la terre pour y vivre à la sueur de son front. La nature a créé le grand nombre des hommes pour les grossiers travaux où elle les destine. Nés pour porter des fardeaux, rouler des pierres, ouvrir un sillon, faites qu’ils unissent les idées du citoyen à leur vie laborieuse et innocente ; admettez enfin à la fois dans la société ces deux principes, forts l’un par l’autre, qui sont dans la nature, l’aristocratie et la démocratie.