La Figure de proue/Un chant de retour

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Eugène Fasquelle (p. 242-243).

Un chant de retour

Honfleur, ma ville de naissance
Que j’aime plus que de raison,
Je te reviens de l’horizon
Ayant mené loin mon enfance.

Je t’avais dans l’âme et la chair,
Et si j’ai quitté ta jetée,
Ce n’est qu’à tout jamais hantée
Par ta grisaille sur la mer.

Ailleurs, il fait parfois bon vivre,
Mais toujours, ville des prés verts,
On est un peu ton marin ivre
Qui tangue à travers l’univers.


Qui sait quels calmes, quelles rages
On a vu loin de toi, Honfleur ?
Quels continents couleur de fleur,
Et qui sait même quels naufrages ?

Nul ne saura jamais jusqu’où
On a pu conduire sa barque.
Mais vois-tu quand on naît monarque,
Monarque on reste jusqu’au bout.