La Fille ardente (Verhaeren)

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Les Blés mouvantsGeorges Crès et Cie (p. 137-138).
LA FILLE ARDENTE


 
Vents, dénouez mes longs cheveux
Et brûlez-en mes amoureux.

Mouillez mes mains, fraîche rosée,
Et qu’aussitôt mille désirs
Se rassemblent pour les saisir
Quand je les tends de ma croisée.

 
Pluie aimante, lavez mes yeux
Pour qu’ils soient clairs comme l’audace
Et que les bourgs par où je passe
Sentent flamber mon cœur en feu.

Et vous, soleil, dorez ma tête,
Dorez mes seins, et tout mon corps
À l’heure où l’amant le plus fort
Courbe ma chair sous sa conquête.

Vents, dénouez mes longs cheveux
Et brûlez-en mes amoureux.