La Franc-maçonnerie des femmes/8

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Bourdilliat (p. 94-104).

CHAPITRE VIII

Opinion de Philippe Beyle sur les femmes.


Irénée errait depuis longtemps dans les jardins, indifférent aux charmes de la soirée, et recherchant de préférence les allées désertes, lorsqu’il fut distrait par un grand bruit de voix et d’éclats de rire, qui s’élevait d’un pavillon situé à l’une des extrémités du bâtiment de la mairie. Machinalement, il s’avança.

Ce pavillon, brillamment éclairé, avait été transformé pour cette circonstance en salon de jeu. Mais, en ce moment, les tables d’écarté et de bouillotte étaient à peu près inoccupées ; une causerie bruyante avait remplacé les émotions du tapis vert. Par les croisées, restées ouvertes à cause de la chaleur, Irénée aperçut une vingtaine d’hommes entourant Philippe Beyle, dont la verve narquoise défrayait leur bonne humeur. Il fut curieux de connaître le sujet de l’entretien, et, caché par quelques arbustes, il prêta l’oreille.

Philippe Beyle parlait des femmes.

— Elles sont, disait-il, le principe de tout mal et de tout désordre ; je ne leur reconnais aucune vertu, aucune qualité…

Les assistants se récrièrent.

— Non, continua Philippe Beyle, aucune vertu. Pas plus à l’état sauvage qu’à l’état civilisé : à Taïti, il y a les navigateurs ; à la cour de France, il y a les millions de Mazarin et le : Vous m’en direz tant ! de la reine. Les prix de vertu ? M. de Montyon ? vous savez aussi bien que moi ce que c’est : l’apothéose des vieilles servantes qui ont religieusement coiffé tous les soirs, pendant cinquante ans, le même bonhomme avec le même bonnet de coton !

— Pourtant, les rosières… hasarda quelqu’un.

— Des rosières ? où cela ? à Nanterre ? Bah ! des Èves dans un pays où il n’y a pas de pommes.

— L’histoire fourmille de traits de vertu, monsieur ! dit avec solennité un personnage, dont les lunettes d’or étincelaient comme un lustre de théâtre.

— Oui, je sais. Pour désigner une femme vertueuse, on dit une Lucrèce. L’Agnès de l’ École des Femmes a également donné son nom aux innocentes. Convenez que voilà deux exemples qui ont bien l’air de deux mystifications. Ensuite ?

Le monsieur aux lunettes éblouissantes interrogea sa mémoire, mais sa mémoire ne lui répondit pas.

— Tenez, reprit Philippe, en fait de vertu, il ne s’est trouvé qu’un homme sensé ; c’est celui qui a érigé ce décret à son usage : « La femme de César ne doit pas être soupçonnée. » Après cela, il s’est frotté les mains et il a dormi tranquille. À la bonne heure ! celui-là a vu clair dans la question ; d’un seul mot, il l’a définie et résolue.

— Passe pour la vertu, murmura d’un ton aimable un homme entre deux âges ; je ne suis pas fort éloigné du scepticisme de monsieur sur ce chapitre. Mais refuser aux femmes d’autres qualités, les leur refuser toutes même, comme je crois l’avoir entendu, c’est ce qui me paraît plus difficile à soutenir.

Et quel accent délicieux et flûté ce monsieur avait, en soutenant cette thèse !

— Pourquoi cela ? et de quelles qualités voulez-vous les doter ?

— Mais… leur sensibilité, leur tendresse !

— Des nerfs, et rien de plus. Autant de larmes pour un épagneul que pour un homme. De la manie, et non de la passion Croyez-moi, c’est précisément dans la gamme des sentiments que leur infériorité absolue et complète éclate davantage. Aucune idée de l’honneur : c’est une femme qui empêchera d’aller se battre en duel son amant souffleté. Pas de magnanimité : c’est une femme qui fera pourrir Latude pendant trente ans dans les bastilles. Pas de poésie : relisez Joconde, et demandez-vous pourquoi une femme préféra un nain stupide à son mari spirituel et beau ? L’amour d’une femme, allons donc ! D’abord, cela ne dure pas, ou bien, si cela dure, cela ne s’appelle plus de l’amour ; cela s’appelle de l’habitude, du calcul ou de l’orgueil.

— Eh bien… les sublimités de l’amour maternel ?

— Le pélican est tout aussi sublime, répondit Philippe.

— La mère et le lion de Florence ?

— C’est le lion qui a le beau rôle.

L’interlocuteur s’obstinait : il multiplia ses citations.

— Vous n’effacerez pas d’un trait de satire, dit-il, le dévouement d’Antigone nourrissant son père.

— Non ; mais je lui opposerai la femme du siège de Paris, faisant rôtir son enfant pour le manger.

Personne ne répliquant, Philippe Beyle continua :

— Voilà pour le cœur. Maintenant, faut-il parler de leur esprit ? À quoi bon ? L’esprit a nom Beaumarchais, Voltaire, Rivarol ; tout autre nom pâlit à côté de ceux-là. De leur industrie ? Ce qu’elles font aujourd’hui, un métier le fera demain. De leur gaieté ? Où avez-vous une femme gaie ? Une femme gaie n’existe pas. Une femme sera ou bruyante, ou bavarde, ou mordante ; elle ne sera pas gaie.

Il y eut des marques d’assentiment.

— La plupart des femmes meurent à leur retour d’âge ; c’est constaté par les statistiques. Ne vous semble-t-il point par là que, passé cette époque, le destin ait voulu consacrer leur inutilité flagrante ? Triste rôle, en effet, que le rôle des vieilles femmes dans la société ! Des gardes-malades, des radoteuses ou des épouvantails. Une grand-mère ne conquiert l’affection de ses petits-enfants qu’à la condition d’avoir ses poches remplies de gâteaux, et elle n’est supportable aux yeux que tout autant que sa robe et ses coiffes ont le caractère artiste du temps passé.

— Pauvres grand-mères, et vous aussi ! dit une voix qu’Irénée crut reconnaître.

— Faut-il que je me résume ? demanda Philippe.

— Oui ! oui !

— C’est que je vais bien m’éloigner des traditions de M. Legouvé.

— Bah ! dirent les assistants.

— Eh bien, donc, voici mes conclusions : la femme ne vaut que par ses attraits lorsqu’elle est jeune, que par sa fécondité lorsqu’elle est mûre, et elle ne vaut rien du tout quand elle est vieille.

Des rires unanimes couronnèrent cette facétie. Quelqu’un essaya de protester cependant.

— Le mal que vous dites des femmes prouve deux choses : ou que vous avez beaucoup souffert par elles, ou que vous en souffrirez beaucoup.

Celui qui parlait ainsi était M. Blanchard. Une contraction légère anima les sourcils de Philippe Beyle, mais il s’était trop mis en avant pour reculer ; il se sentait d’ailleurs en veine de riposte.

— Souffrir par les femmes ! dit-il après avoir salué M. Blanchard ; ce serait confesser leur importance, et je ne suis pas encore près de le faire.

— Prenez garde ! de plus forts et de plus grands que vous ont vu crouler leur philosophie sous un coup d’éventail.

— Qui ? ces colosses menés en laisse étaient-ils vraiment des colosses ; les avez-vous mesurés ? Le vrai génie est solitaire. Homère ne partage sa gloire avec aucune femme. Newton meurt vierge. Regardez : est-ce avec un cortège d’amoureuses que se présentent à nous Christophe Colomb, Gutenberg, Shakespeare ? Voilà de grand noms, je crois, des gloires et des forces. Qui leur opposerez-vous ? Molière ? mais Molière n’a jamais saisi la plume que pour se moquer des femmes ou pour les maudire ; son esprit n’a été perpétuellement occupé qu’à venger son cœur. Dante ? il a voulu railler avec sa Béatrix de neuf ans. Pétrarque ? ah ! Pétrarque ! une oie autant qu’un cygne !

— Plaisanteries et paradoxes, murmura M. Blanchard.

— Après cela, je parle pour moi. Je défie bien les femmes de m’arrêter ou de m’empêcher dans mon chemin. À défaut d’autres mérites, j’ai l’orgueil de mon sexe et je suis jaloux de tous ses privilèges. On dit que l’amour fait accomplir de grandes choses ; c’est possible, mais je plains de tout mon cœur l’homme qui ne fait de grandes choses qu’en vue d’une femme. Livrer bataille pour un ruban ou un baiser, inventer un système de bateaux à vapeur dans l’espoir d’obtenir un regard de deux beaux yeux, voilà des actes de faiblesses indignes. Aussi, je promets bien…

— Ne promettez pas !

— Je jure, alors, dit Philippe en riant.

— Je vous conseille de ne pas jurer.

En disant cela, les yeux de M. Blanchard pétillaient d’une expression très singulière. Ses mots devenaient de plus en plus taquins. On sentait que la conversation allait brûler tout à l’heure entre ces deux hommes. Déjà même, le silence commençait à se faire autour d’eux. M. Blanchard reprit le premier :

— Je vais tâcher d’être aussi poli que possible pour vous dire que je ne crois pas à la prétention que vous avez de vous soustraire à l’influence des femmes.

Le début était précis, Philippe Beyle fit un mouvement.

— Oh ! soyez tranquille, ajouta M. Blanchard ; ce n’est pas à coups d’érudition que je vous répondrai.

— C’est dommage, dit Philippe en ricanant.

— Mes arguments ne gisent pas dans les dictionnaires et dans les livres d’histoire ; ils sont vivants, et c’est ce qui établit leur supériorité.

— Je ne comprends plus.

— Habitué à exprimer hautement et partout mon opinion, voilà une demi-heure que je suis au supplice en vous écoutant. Pour qui me connaît, c’est une des plus grandes contraintes que je me sois jamais imposée. Non pas que je ne rende hommage à votre enjouement et à votre esprit : l’un et l’autre sont forts brillants sans doute ; mais c’est que vos théories me paraissent d’autant plus fragiles et votre profession de foi d’autant plus hasardée que je savais n’avoir qu’un mot à dire, qu’un ressort à toucher, pour vous établir immédiatement en flagrante contradiction avec vous-même.

— Expliquez-vous plus clairement, monsieur, dit Philippe inquiet ; jusqu’à présent vous n’avez parlé que par des énigmes.

— Soit, dit M. Blanchard ; je vais me faire entendre. Il y a à côté, dans ces salons, une jeune femme, belle et intelligente, que nous venons tous de voir et d’applaudir : c’est la Marianna.

Philippe frémit.

— Vous oubliez… murmurait-il.

— Je n’oublie rien. La Marianna (je la nomme par son nom d’artiste honorée et glorieuse), vous est attachée, dit-on par des liens que vous envient beaucoup d’hommes, mais qui, d’après vos principes, sont pour vous sans doute bien légers et surtout bien fragiles. Tranchons le mot, la Marianna est votre maîtresse.

— Monsieur !

— C’est de notoriété, ici comme partout.

— Assez, monsieur ! dit Philippe avec impétuosité ; il est des sujets de conversation dont la seule convenance doit interdire le choix.

— J’ai touché le ressort, se contenta de dire M. Blanchard froidement.

Philippe se contint ; il était appuyé contre une table, il se dérangea et alla s’adosser à la cheminée, pour obéir à ce besoin de mouvement qu’imprime un sentiment de colère contenu.

Il se trouvait alors tout à fait en face de M. Blanchard.

— Où voulez-vous en venir, monsieur ? lui demanda-t-il.

— À une proposition.

— Voyons, je vous écoute.

— Si votre thèse de tout à l’heure n’a d’autre valeur que celle d’un jeu d’esprit, ma proposition vous paraîtra toute naturelle et vous l’accueillerez comme la chose la plus simple du monde, comme une plaisanterie renouvelée de la Régence. Dans le cas contraire…

— Eh bien ?

— Votre courroux me donnera infailliblement raison, en ce sens qu’il réduira à néant vos affirmations et vos prétentions à la philosophie en matière de femmes.

— Au fait, monsieur.

— J’y arrive ; et la dernière phrase de ce préambule sera pour vous prier d’excuser ce que ma proposition contient d’un peu suranné et de théâtral…

Philippe Beyle cherchait à lire dans les yeux de M. Blanchard, dont le sang-froid l’irritait graduellement, mais lui imposait.

— Enfin, cette proposition ? dit-il.

— La voici. Je vous joue ce que vous voudrez, ce diamant, par exemple (il détacha une bague de son doigt), qui est magnifique et d’un prix royal ; je vous le joue à l’écarté ou à toute autre partie qu’il vous conviendra de choisir ; je vous le joue contre la Marianna.

Philippe se redressa comme par un choc d’électricité.

— Est-ce folie ou insulte, monsieur ? s’écria-t-il en faisant un pas.

M. Blanchard, par contraste, était demeuré immobile et souriant.

— Quand je vous le disais ? dit-il aux assistants stupéfaits.

Puis, s’adressant directement à Philippe, sans paraître comprendre son emportement, sans vouloir s’apercevoir de sa pâleur :

— Niez donc les femmes ! et voyez ce qu’elles vous font faire. Que j’ajoute un mot de plus, et vous allez me provoquer au sujet d’une femme ! et vous allez vous battre pour une femme ! Et supposons que je vous tue, c’est une femme qui aura causé votre mort !

Philippe Beyle le regarda pendant quelques secondes en silence, avec des yeux où la rage et la confusion étaient peintes.

— Jouer une femme, murmura-t-il enfin, c’est plus que théâtral, c’est fou ! car ni vous ni moi nous ne pouvons engager la volonté de cette femme. Votre proposition ne peut que me mettre en demeure d’abdiquer les droits que vous me supposez sur la Marianna.

— C’est ainsi que je l’entends, dit M. Blanchard.

Les railleurs s’étaient déjà retournés contre Philippe. Il comprit le danger de sa situation, et, par un effort d’orgueil, il le surmonta. Allant à une table, il prit un paquet de cartes et dit à M. Blanchard :

— Eh bien, j’accepte.

Sa voix était altérée, son geste convulsif, mais son visage était calme. Si l’attention n’avait pas été si exclusivement concentrée sur cette scène, on aurait pu remarquer une singulière agitation dans les arbres qui formaient un rideau à la croisée ouverte et qui servaient de poste d’observation à Irénée de Trémeleu.

— Êtes-vous prêt, monsieur, dit Philippe ; je vous répète que j’accepte.

Il mêlait déjà les cartes. Le sourire de M. Blanchard disparut, et ce fut d’un ton grave qu’il répondit :

— Le fait de votre acceptation suffit pour lever tous mes doutes ; je n’hésite pas à vous en donner acte, en présence d’une preuve aussi convaincante. Restons-en donc là d’une discussion que mon intention n’était pas de pousser si avant, et d’où vous sortez avec les honneurs de la guerre.

— Est-ce une nouvelle gageure ?

M. Blanchard fit un geste de dénégation.

— Alors, c’est de la magnanimité, ajouta Philippe en raillant ; dans ce cas, je vous préviens que je ne suis pas homme à me contenter de cette défaite. Je veux jouer, à mon tour. Vous aviez raison tout à l’heure, je le reconnais : mes théories exigent une épreuve ; il ne faut pas que le mot de fanfaronnade puisse être murmuré. C’est vous qui avez porté la discussion sur son terrain extrême ; elle y restera, monsieur. Voici les cartes, commençons.

M. Blanchard ne bougea pas. Témoin d’un duel pour le lendemain, il ne pouvait prendre Philippe à partie pour son propre compte.

— Eh bien… vous ou un autre ! s’écria Philippe en s’exaltant de plus en plus ; qui est-ce qui veut tenir la place de M. Blanchard ? qui est-ce qui veut s’ériger en champion du beau sexe ?

Un jeune homme se décida à sortir du cercle et à s’avancer ; un jeune homme rouge comme une pivoine, mais résolu, élégant, quelques fils de propriétaire, sans doute. Il ne pouvait y avoir en effet qu’un jeune homme pour ramasser un tel défi. Philippe Beyle réprima un mouvement de surprise, et entraîna son nouveau partenaire à une table de jeu. Autour d’eux les spectateurs se resserrèrent.

Irénée en avait vu et entendu assez ; ne se sentant plus maître de lui, il s’enfuit à travers les jardins pour empêcher l’explosion de son indignation. Ses poings se contractaient ; il respirait à doses inégales et bruyantes. Il n’avait pas fait vingt pas qu’au détour d’une charmille il se trouva face à face avec Marianna. Elle était radieuse ; tous les triomphes et toutes les félicités remplissaient son cœur et le débordaient. À sa vue, Irénée poussa une exclamation presque sauvage.

— Vous ! s’écria-t-il ; ah ! vous arrivez à propos ; venez ! venez !

Marianna recula, effrayée.

— Qu’avez-vous donc ? demanda-t-elle.

— Venez ! répéta-t-il en la saisissant par le bras et en la conduisant vers le pavillon du jeu.

La partie était commencée ; c’était une partie d’écarté ; auprès des joueurs chacun se taisait ; seul Philippe Beyle continuait de parler et de railler.

— Tenez ! dit Irénée en le lui désignant du doigt ; regardez : voilà l’homme dont vous voulez sauver la vie ! voilà l’homme à qui vous avez tout sacrifié ! Savez-vous ce qu’il fait là, publiquement, hautement ?

— Irénée ! vous me rendez tremblante.

— Il vous joue, vous, Marianna ; il vous joue avec le premier venu, contre la première chose venue ! Vous êtes l’enjeu de cette partie qui se débat sous vingt regards !

— Ah ! cela n’est pas vrai !

— Vous ne me croyez pas ? Attendez donc, et écoutez !

Presque au même instant, Philippe élevait la voix et disait à son jeune adversaire :

— La fortune vous favorise, monsieur ; encore quelques coups de cartes, et la Marianna sera décidément à vous…

Un cri surhumain se fit entendre. C’était Marianna qui s’évanouissait et tombait sur l’herbe. Tout le monde s’élança hors du pavillon, Philippe Beyle le premier.

— Infâme ! trois fois infâme ! lui cria Irénée dans le paroxysme de l’égarement.

— On se jeta entre eux, tandis que quelques personnes transportaient Marianna à l’hôtel.

À la même heure, Mme la marquise de Pressigny rentrait dans son appartement. Elle renvoya sa femme de chambre plus tôt que de coutume, mit le verrou à la porte et ferma soigneusement les lourds rideaux de la fenêtre. Toutes ces précautions prises, elle ouvrit d’une main frémissante d’impatience le coffret que M. Blanchard lui avait remis à l’issue du concert. Elle en retira d’abord un parchemin, couvert de signes particuliers, et qu’elle parcourut rapidement, d’un air de satisfaction triomphante. Puis, son regard revint au coffret et y plongea de nouveau. Sous le parchemin se trouvait la plaque d’un ordre inconnu. C’était une croix à sept pointes, en pierreries, suspendue à un large ruban bleu-azur. Le tout reposait sur un coussin de satin blanc.

Mme de Pressigny demeura un moment immobile et comme éblouie par le feu que les pierreries lançaient. Lorsqu’elle fut revenue de son extase :

— Grande maîtresse ! dit-elle avec orgueil ; je suis grande maîtresse de la Franc-Maçonnerie des femmes !