La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle/Planche 46″

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Planche 46", t. I, p. 359.


Insectes, Arachnides et Limule fossiles.


La description suivante des insectes figurés dans cette planche repose sur des données dont je suis redevable à M. Curtis et à M. Samouelle.

1 et 2. Représentent des restes d’insectes appartenant à la famille des curculionides, dont on a dans le charançon un exemple bien connu. Ils ont été découverts par M. W. Curtis, dans le minerai ferrugineux de la formation houillère de Coalbrock-Dale.
1. Ressemble beaucoup à quelques types de charançons de l’Amérique du sud ; mais les antennes sont plus longues et plus fortes que chez les espèces ordinaires actuelles. La face dorsale seule de la tête est visible et fait connaître la place qu’occupent les yeux ; le rostre n’est pas apparent, et pénètre probablement dans l’intérieur du minerai, position qui explique l’apparence extérieure des antennes et la place qu’elles occupent. Les élytres paraissent avoir été connées à leur extrémité postérieure ; mais on aperçoit distinctement leur ligne de jonction - près du thorax. La substance des élytres, du thorax et de certaines portions des membres est remplacée par un minerai ferrugineux blanc qui a le lustre du satin.

M. Curtis pense que l’apparence veloutée des membres, dans cet échantillon, peut devoir son origine aux moisissures formées après la mort, ainsi que cela a fréquemment lieu dans les contrées intertropicales. Le développement des cuisses, que l’on observe dans les membres postérieurs de notre fossile, est un caractère qui est propre aux curculionides[1] (D’après nature.)

2. Espèce fossile que M. Samouelle regarde comme très voisine du Brachycerus apterus d’Afrique[2]. (D’après nature.)

3. Limulus trilobitoides (Nob), formant le noyau d’un nodule ferrugineux de Coalbrock-Dale[3]. T. I, p. 348. (D’après nature.)

4-9. Elytres d’insectes du schiste oolitique de Stonesfield. M. Curtis les rapporte à la famille des buprestides. (D’après nature.)
10. Patte d’un insecte du schiste de Stonesfield. M Curtis pense qu’elle a appartenu à un charançon[4]. (D’après nature.)
11. Mouche fossile de la formation d’eau douce d’Aix en Provence. Collection de Mme Murchison. M. Curtis regarde cette mouche comme appartenant à la même espèce que celle qu’il a représentée dans la figure 11 de ses planches d’insectes de cette localité. (Journal de Jameson, oct. 1829.) (D’après nature.)

Bien que ce diptère ne se rapporte à aucun genre actuel, M. Curtis pense qu’il appartient indubitablement a la famille des Tipulides, et qu’il se rapproche beaucoup du genre Bibio, maintenant très répandu, et commun en Europe et dans les deux Amériques.

Voyez Curtis, Brit. Ent. t. III, pl. 138.

On voit dans ce fossile la face inférieure de l’animal.

13. Araignée fossile de la formation miocène d’eau douce d’Aix en Provence. Collection de Mme  Murchison. On voit l’animal par sa face inférieure ; et les petits tubercules de la partie postérieure de l’abdomen sont probablement des filières rendues saillantes par la pression.
Voyez Kirby et Spence, Introduction à l’Entomologie, 4e édition, t. I, p. 204.— Herold, Von der Erzeugung, der Spinnen un Eie, pl. 2, fig. 4, 9, 11, etc. (D’après nature.
a Arceaux dorsaux de l’abdomen.
b Segment de la queue.
c Canal intestinal. (?)
d Fragment de ce même canal. (?)



  1. En attendant que l’on ait recueilli des données plus complètes sur lesquelles puissent être établis les caractères génériques de cet insecte fossile, je propose de le désigner sous le nom provisoire de Curculionides Austicii.
  2. L’animal couché sur le dos, avec le côté gauche plus élevé que le côté opposé, et laissant voir une partie de la surface externe de l’élytre gauche.

    a, b, sont les débris d’antennes ; et ce que l’on aperçoit, près de la base de a, est probablement un fragment du bec. Toutes les pattes sont incomplètes ; le thorax est très grand, et l’on n’en découvre que la surface interne de la portion dorsale qui a été mise à nu par l’enlèvement de la portion pectorale du tronc. Cette surface est recouverte de dentelures irrégulières, qui représentent l’intérieur creux d’une série de tubercules épineux, et d’apophyses verruqueuses situées à la partie dorsale du thorax.

    Au centre du thorax se voit une dépression plus grande que le reste, et indiquant la présence d’une saillie dorsale correspondante.

    Parmi les curculionides vivans, le Brachycerus apterus présente sur le thorax des tubercules irréguliers et des projections de cette nature.

    L’élytre gauche seule est distinctement visible, et elle embrasse le bord de l’abdomen par sa face latérale : sa surface externe est couverte de petits points irrégulièrement disposés. Son extrémité postérieure porte deux tubercules épineux ; et l’on voit un troisième tubercule appartenant à l’élytre droite. De semblables épines existent sur les élytres des brachycères et de quelques curculionides de la Nouvelle-Hollande. Les anneaux abdominaux sont très distincts. Je désignerai provisoirement cet insecte - sous le nom de Curculionides Prestvicii.

    M. Auduuin a fait voir à la réunion des naturalistes de Bonn (septembre 1835) une aile fort belle de névroptère, trouvée dans un nodule de fer argileux provenant probablement des environs de Coalbrock-Dale ; celle aile, que M. Mantell avait achetée à la vente de la collection de Parkinson et transmise à M. Brongniart, a près de trois pouces de long, et ressemble beaucoup à celles des corydales actuelles de la Caroline et de laPensylvanie ; elle est beaucoup plus large et à peu près aussi longue que l’aile d’une grande libellule (dragon fly).

  3. La collection de M. W. Anstice, à Madely Wood, possède plusieurs échantillons de cette espèce. Noire figure a été dessinée d’après le moule ou l’impression de la face dorsale de l’animal dans le minerai ferrugineux ; et les lignes transversales qui coupent le segment abdominal n’y sont pas très apparentes. Sur d’autres échantillons, on voit des sillons transversaux profonds, ressemblant extérieurement aux segmens distincts de la région dorsale d’un trilobile, mais ne paraissant pas partager la coquille en plus d’un segment abdominal, et non susceptibles de flexion comme le sont les segmens articulés d’un trilobile.

    Les dépressions transversales qui sillonnent la face dorsale du second segment du corps de cet animal constituent un caractère par où il se rapproche des trilobites plus quene le fait le limule de l’époque actuelle.

    On voit distinctement, dans la figure S et dans d’autres échantillons, l’articulation de la longue queue en forme de dard avec le corps. Ce limule est l’Eniomolithus monoculites de Martin (Petrefacta derbiensia, pl. 43, fig. 4), et le Belinurus bellulus de Kœnig (Icon. sect., pl. XVIII, n°250). Parkinson (Org. Rem. iii. pl. XVII, figure 48, a représenté un fossile semblable provenant de Dudley, contenu dans un minerai de fer de la formation houillère.

  4. M. Rr. C. Taylor dit que l’on a rencontré des élytres d’escargots dans le schiste des puits de Dauby-coal, dans les marais de l’est du Yorkshire : ce schiste occupe à peu près la même place que le schiste de Stonesfield dans la série oolitique. Voyez le Mag. Nat. Hist. deLondon, T. III, page 361.

    J’ai vu en 1835, dans la collection particulière du docteur Siebold, à Leyde, un échantillon unique et magnifique d’un bupreste du Japon, ayant environ un pouce de long, et converti en calcédoine. Les antennes elles-mêmes, et des portions des membres, sont conservées d’une manière distincte.

    Il existe dans la même collection des fragmens de bois silicifiés percés de cavités tubulaires, probablement par des larves d’insectes, et M. Brongniart a observé dans ces cavités des masses de poussière produites par suite de la perforation du bois, et qui ont été converties en calcédoine. Nous pouvons conjecturer d’après cette circonstance que l’insecte parfait était logé dans un tube semblable quand il a été transformé en calcédoine. La surface de cet insecte est recouverte par des groupes de ces petits anneaux concentriques de calcédoine (orbicules de Brongniart), qui se rencontrent si fréquemment dans les coquilles fossiles silicifiees.