La Harpe d’Armorique/La Chanson du Cloutie

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La Harpe d’ArmoriqueAlphonse Lemerre, éditeur1 (p. 201-203).

La Chanson du cloutier


Depuis que je demeure au bourg
J’entends le marteau du cloutier.

Tout le jour, toute la nuit, il frappe !
Son marteau frappe toujours !

Regardez ses bras nus et noircis
Retourner le fer en tous sens.

Tout le jour, toute la nuit, il frappe !
Son marteau frappe toujours !

Le beau soleil, il ne le voit jamais ;
Toujours le charbon et le feu rouge de la forge !

Tout le jour, toute la nuit, il frappe !
Son marteau frappe toujours !

Pour élever ses pauvres enfants
Chaque jour il fait des clous par centaines.

Tout le jour, toute la nuit, il frappe !
Son marteau frappe toujours !

Les autres s’en vont aux Pardons ;
Lui, il reste à faire ses clous.


Tout le jour, toute la nuit, il frappe !
Son marteau frappe toujours !

Petits clous et clous à tête.
Oh ! combien de fer pour un sou !
 
Tout le jour, toute la nuit, il frappe !
Son marteau frappe toujours !

Seulement le dimanche il chôme
Afin d’assister à la messe.

Tout le jour, toute la nuit, il frappe !
Son marteau frappe toujours !

Rarement le cabaretier
Voit dans son cabaret le cloutier.

Tout le jour, toute la nuit, il frappe !
Son marteau frappe toujours !

Que saint Eloi et Dieu bénissent,
Oui, qu’ils bénissent cet ouvrier !

Tout le jour, toute la nuit, il frappe !
Son marteau frappe toujours !


Au mois très noir (décembre) 1842