La Jeune Lune/Le don

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LE DON


Je désire te faire un don, mon enfant, car la vie nous emporte à la dérive.

Nos destinées nous sépareront, nos amours seront oubliées.

Sans doute, je n’ai pas la naïveté d’espérer que je pourrais acheter ton cœur avec mes cadeaux.

Jeune est ta vie, longue ta route ; d’une seule gorgée tu bois la tendresse que nous t’apportons, puis tu te détournes et fuis loin de nous.

Tu as tes jeux et tes compagnons. Qu’importe si tu ne nous consacres ni temps ni pensée ?

Mais à nous la vieillesse donne le loisir de compter les jours d’autrefois, de choyer dans nos cœurs ce que nos mains ont perdu pour jamais.

Le fleuve rapide coule en chantant et brise devant lui tous les obstacles. Mais la montagne immobile le suit avec amour et garde le souvenir du passé.