La Jeune Lune/Le rappel

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LE RAPPEL


Quand elle est partie, la nuit était noire et tous dormaient.

Maintenant aussi la nuit est sombre et je l’appelle : « Reviens, mon trésor, le monde est endormi ; si tu venais un moment, tandis que les étoiles échangent de longs regards, nul ne s’en douterait. »


Elle est partie quand les arbres bourgeonnaient, quand le printemps était jeune.

Maintenant tout est en pleine floraison et je l’appelle : « Reviens, mon trésor. Les enfants cueillent et jettent des fleurs par brassées dans la fougue de leurs jeux insouciants. Et si tu reviens prendre une seule petite fleur, nul n’en sera appauvri. »


Ceux qui jouaient alors, jouent encore aujourd’hui. Si prodigue est la vie.

J’écoute leur babil et j’appelle : « Reviens, mon trésor, le cœur de ta mère déborde d’amour et si tu viens lui dérober un seul petit baiser, nul ne le lui reprochera. »