La Mystification fatale/Deuxième Partie/XIII

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Texte établi par Léandre d’André, Imprimerie André Coromilas (p. 166-168).
§ XIII. — Saint Grégoire de Nysse.


Il me serait assez difficile d’exposer ce qui regarde un passage de saint Grégoire de Nysse ; car en donner une analyse succincte ne ferait rien comprendre, et rapporter tout serait trop long. Zernicavius, auquel je renvoie le lecteur désireux de plus amples détails, consacre à cette question trois pages in-folio, (261—65). Il s’agit d’une transposition de ponctuation qui change le sens de ce qui y est dit, et de la soustraction de la particule δε qui empêche cette transposition. Elle fut perpétrée par les légats que Grégoire IX envoya à Germain patriarche de Constantinople, puis adoptée par Beccus. Mais dans les écrits d’Hugon Héthériane et dans ceux de Calekas, tous deux partisans du Filioque, mais qui ont vécu avant l’envoi de ces légats, et avant Beccus, ce passage est cité de manière à n’en pouvoir déduire la doctrine de la double procession. C’est, au reste, la leçon qu’on lit dans la Bibliotheca Patrum, edit. Colon, tom XII, lib. III, cap. XIII, pag. 408 et tom. XIV, lib. I, pag. 26 ; de même dans l’édition latine des ouvrages de Saint Grégoire, publiée également à Paris, tom. II, pag. 459. Quoi de plus clair pour démontrer que Beccus falsifiait selon son habitude le texte qu’il produisait. M. Laemmer répond[1], comme dans le cas précédent, que la différence qu’il appelle variante n’importe en rien à la question, puisque dans un cas comme dans l’autre le sens reste le même. Zernicavius a heureusement prouvé l’inanité de ses subterfuges.


  1. XIII. Την κατα το αιτιον και αιτιατον διαφοραν ουκ αρνουμετα, εν ω μονω διακρινεσται το ετερον του ετερου καταλαμβανομεν τω το μεν αιτιον πιστευειν ειναι, το δε εκ του αιτιου, και του εξ αιτιας δε οντος αλλην παλιν διαφοραν εννοουμεν. το μεν γαρ προσεχως κτλ. (Differentiam secundum causam et causatum non neganius : in quo solo discerni alterum ab altero comprehendimus, et quod credamus unum quidem esse causam, alterum vero ex eo quod est causa, et ex eo quod est ex causa ; rursus alterum discrimen intelligimus, unum quidem immediate etc.) Sic Ioannes Veccus in congerie sententiarum de processione Spiritus Sancti, ex S. Gregorii Nysseni ad Ablabium libro qui inscribitur οτι ουκ εισι τρεις θεοι. Cum Vecco concordant Rudolfus reliquique Gregorii IX ad Germanum Constantinopolitanum Legati. Discrepant autem Nysseni Graeco-Latina editio Parisiensis a. 1615 (II, 459) necnon Hugo Etherianus ac Manuel Caleca, quatenus inter οντος et πάλιν (rursus) punctum non iniiciunt. Hinc Sernikavius de Vecco et Rudolfo : οι δε πανούργως συνηπτον μέν, α διεστείλατο, διέστελλον δε απερ ό Νύσσης συνηπτε. Nihil vero interpunctionis varietas ad rem facit. Sive enim uno sive altero modo interpungatur, in utroque casu contextus id postulat, ut S. Gregorius dicatur primum notare tres trium personarum proprietates (causa — ex causa — ex eo quod est ex causa), deinceps autem urgere differentiam inter Filium et Spiritum in eo consistentem, quod Filius nullo modo sit a Patre mediate, sed solum immediate ; at Spiritus aliquo modo a Patre sit mediate.

    Nous en avons enfin fini avec M. Laemmer. Pour les deux passages qui suivent, ainsi que pour ceux des Pères latins, nous nous bornerons à citer textuellement le savant évêque de Vinnitza.