La Mystification fatale/Première Partie/Appendice A

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Texte établi par Léandre d’André, Imprimerie André Coromilas (p. 92-93).


APPENDICES




APPENDICE A


Concile de Gentilly (Voir page 14)


Une dizaine de chroniqueurs, cités par Zernicavius, disent que dans le concile de Gentilly assemblé par le roi Pepin, en l’an 767, et auquel ont pris part les apocrisiaires de l’empereur Constantin IV, on a examiné deux questions : l’une qui regardait la sainte Trinité, et l’autre le culte des images. Seul Adon archevêque de Vienne dit dans sa chronique : « Et si le Saint-Esprit procède du Fils de même que du Père ». Zernicavius que j’abrége, fait à ce sujet l’observation suivante : « S’il en était ainsi, pourquoi les légats envoyés en 809 par Charlemagne au pape Léon III, au lieu de faire mention de ce concile, se contentent-ils de dire que cette question, jadis soulevée avec grand bruit, a été examinée avec une extrême diligence, s’est ensuite assoupie et a été dernièrement soulevée ». Pourquoi, ajoute Zernicavius, se taisent-ils sur l’événement important de ce concile ? et il en conclut qu’il y a eu interpolation dans le texte d’Adon, pour montrer que les discussions sur cette question avaient cours en Occident, antérieurement à l’époque de Charlemagne. Quant à moi, je crois que le texte d’Adon est génuine, cet archevêque, qui a fleuri un siècle après le concile de Gentilly, a voulu apprendre à ses contemporains, en quoi consistait cette question de la Procession. La raison que donne Zernicavius pour appuyer son accusation est sans fondement, et lors même que ces mots auraient été ajoutés postérieurement au texte d’Adon, cette addition n’aurait pas été faite dans le but coupable d’égarer l’opinion, mais au contraire de la guider, dans une question non de doctrine mais de fait.

Lorsque les légats de Charlemagne disaient, que la procession e filio avait été de nouveau soulevée, ils ne devaient assurément pas entendre ces dernières années de leur mission à Rome en 809, mais bien l’époque du concile de Gentilly. Si ces légats ne savaient rien de précis sur ce concile, cela provenait de ce que les actes en étaient dès lors perdus. Plus d’une centaine d’actes de conciles d’une moindre importance célèbres en Occident nous ont été conservés, pourquoi donc ceux-ci ont-ils disparu ? Qui a pu les détruire à si courte échéance, qu’une quarantaine d’années après la célébration de ce concile, on n’en savait rien à la cour de Charlemagne ? Is fecit cui prodest.