La Nouvelle Emma/23

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Traduction par anonyme.
Arthus Bertrand Libraire (Tome 2p. 193-216).
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CHAPITRE XXIII.

Le lendemain matin amena encore M. Frank Churchill. Il arriva avec madame Weston, à laquelle il semblait très-attaché ainsi qu’à Highbury. Il paraît qu’il lui avait tenu compagnie jusqu’au temps où elle avait coutume de faire de l’exercice, et lorsqu’elle lui donna le choix de la promenade, il nomma Highbury.

« Il ne doutait pas, dit-il, qu’il n’y eût de charmantes promenades dans toutes les directions, mais que tant qu’on lui permettrait de choisir, il ne changerait pas. Highbury, si bien placé en si bon air, d’un aspect si gracieux, aurait toujours la préférence. Suivant madame Weston, Highbury voulait dire Hartfield, et elle croyait qu’il pensait ainsi lui-même. Ils s’y rendirent. Emma ne les attendait pas, car monsieur Weston qui n’avait fait qu’entrer, pour s’entendre dire que son fils était un beau jeune homme, ignorait leurs projets, et elle eut une agréable surprise de les voir venir, bras dessus, bras dessous. Elle désirait le revoir, et surtout avec madame Weston, parce que, d’après ses manières avec elle, elle pourrait le juger, s’il manquait le moins du monde à ce qu’il lui devait, il perdrait tout crédit auprès d’elle. Ce n’était pas par de belles paroles, ou des complimens en l’air qu’il devait lui prouver son attachement ; et certes jusqu’à présent, il avait avec elle les manières les plus agréables, et telles qu’il paraissait désirer s’en faire une amie et mériter son affection. Mais Emma avait le temps de former son jugement à ce sujet, car leur visite durerait le reste de la matinée. Ils se promenèrent tous les trois pendant une ou deux heures, d’abord dans le verger d’Hartfield, et ensuite à Highbury. Tout lui paraissait charmant, il fit assez l’éloge d’Hartfield pour être entendu de M. Woodhouse ; et lorsqu’il fut arrêté qu’on irait plus loin, il avoua qu’il désirait connaître tout le bourg, et trouva beaucoup plus d’objets dignes de remarque qu’Emma ne l’eût supposé.

Quelques-uns de ces objets faisaient honneur à sa sensibilité. Il souhaita voir la maison où son père et son grand’père avaient demeuré si long-temps ; et se souvenant qu’une vieille femme qui l’avait nourri, était encore en vie, il parcourut une grande partie de la rue pour la découvrir ; et quoique quelques-unes de ses recherches et de ses observations n’eussent pas un grand mérite, elles montraient néanmoins une bonne volonté à l’égard d’Highbury en général, qui ne pouvait manquer de plaire aux dames avec lesquelles il était.

Emma, qui l’avait surveillé, décida qu’avec autant de sensibilité, il était injuste de supposer que c’était sa faute s’il n’était pas venu plus tôt ; qu’il n’avait pas joué la comédie, et fait parade des sentimens qu’il n’avait pas ; qu’ainsi M. Knightley ne lui avait pas rendu justice.

Leur première halte fut à l’hôtel de la Couronne, maison peu considérable, quoique la principale du lieu comme auberge. On y tenait deux chevaux de poste, plutôt pour la commodité du voisinage, que pour le service des voyageurs : ce n’était pas un objet qui pût exciter la curiosité des dames ; mais en passant, elles firent l’histoire d’une grande salle qui paraissait avoir été ajoutée à la maison : il y avait plusieurs années qu’on l’avait bâtie pour une salle de danse ; et tant que le voisinage avait été peuplé de danseurs et de danseuses, on s’en était servi pour y donner des bals : mais ces beaux jours étaient passés ; et maintenant les messieurs et demi-messieurs de l’endroit y avaient établi un club où l’on jouait au wist. Cette histoire parut l’intéresser, le nom de salle de danse le ravit : et au lieu de passer son chemin, il s’arrêta devant les fenêtres qui étaient ouvertes, pour regarder dedans, et s’assurer de ses dimensions, et déplorer qu’on ait changé sa destination. Il trouva la salle très-bien, et refusa d’y trouver les défauts qu’on lui indiquait. Non, elle était assez longue, assez large et assez belle. Elle pouvait contenir un nombre suffisant de danseurs, pour que le bal y fût amusant. On devait y danser, suivant lui, au moins tous les quinze jours en hiver. Comment mademoiselle Woodhouse n’avait-elle pas fait revivre le bon vieux temps de cette salle ? elle qui pouvait tout à Highbury. Ce fut en vain qu’on lui allégua qu’il n’y avait pas assez de familles sortables dans l’endroit, et qu’on tenterait inutilement d’y faire venir celles qui n’en étaient pas éloignées ; mais cela ne le satisfit pas. Il ne pouvait pas croire que tant de bonnes maisons qu’il voyait tout autour de lui ne fussent en état de fournir un nombre suffisant de danseurs ; et lorsqu’on lui eut fait le détail et la description des familles, il ne crut pas qu’il y eût un grand inconvénient à un pareil mélange, observant que dès le lendemain matin chacun rentrerait naturellement dans son rang. Il parlait comme un jeune homme fortement épris de la danse ; et Emma fut surprise que le caractère des Weston l’emportât d’une manière si décidée sur celui des Churchill. Il semblait avoir toute la vivacité, l’esprit, la gaîté franche de son père, ainsi que ses inclinations sociales, et rien de l’orgueil ni de la réserve d’Enscombe. Il n’avait peut-être pas assez de cette espèce d’orgueil qui empêche un homme bien né de se trouver avec toutes sortes de gens ; ce qui indiquait en lui peu de délicatesse. Cependant il ne pouvait pas juger sainement d’un mal dont il paraissait ignorer l’existence. C’était chez lui l’effusion d’une humeur enjouée.

On l’engagea enfin à quitter la façade de l’hôtel de la Couronne ; et lorsqu’ils furent presque vis-à-vis la maison de madame Bates, Emma se souvenant que l’intention de M. Churchill avait été, la veille, de rendre visite à ces dames, elle lui demanda s’il l’avait faite.

« Oui, oh ! oui, répliqua-t-il ; j’allais tous en parler. Une très-agréable visite. J’ai vu ces trois dames ; et je vous suis très-obligé de l’avis que vous eûtes la bonté de me donner. Si la babillarde de tante m’eût pris au dépourvu, il y aurait eu de quoi me désespérer. J’en ai heureusement été quitte pour une très-longue visite. Dix minutes auraient certainement suffi ; et je n’aurais peut-être pas dû y rester davantage : j’avais même dit à mon père que je serais à la maison très-certainement avant lui ; mais il me fut impossible de m’échapper, pas une pause ; et à mon grand étonnement, je vis entrer mon père, qui, ne m’ayant trouvé nulle part, vint enfin me rejoindre chez madame Bates. Jugez de ma surprise, lorsque je m’aperçus qu’il y avait près de trois quarts d’heure que j’y étais. La bonne dame ne m’avait pas permis de me sauver plus tôt. »

« Et comment avez-vous trouvé mademoiselle Fairfax ? »

« Mal, très-mal, supposé qu’on puisse dire qu’une jeune dame ait mauvaise mine. Une pareille expression n’est pas permise, n’est-ce pas, madame Weston ? Les dames n’ont jamais mauvaise mine. Et sérieusement parlant, mademoiselle Fairfax est naturellement si pâle, qu’elle a toujours l’air malade. Il est bien malheureux qu’elle n’ait pas du tout de teint. »

Emma ne fut pas de son avis, et commença à défendre vivement le teint de mademoiselle Fairfax. Il n’avait certainement jamais été brillant, mais elle ne convenait pas qu’elle eût toujours l’air malade ; et sa peau était si douce, si claire et si délicate, que le caractère de sa figure en recevait un degré tout particulier d’élégance. » Il écoutait avec toute l’attention que méritait Emma, avoua qu’il avait entendu plusieurs personnes parler de la même manière de mademoiselle Fairfax. Cependant, il était obligé de confesser qu’à ses yeux, rien au monde ne pouvait remplacer l’air de jouir d’une santé florissante. Un teint éclatant, suivant lui, embellissait les traits les plus ordinaires : et lorsqu’ils étaient beaux, l’effet en était… Mais heureusement ici, (regardant fixement Emma) je n’ai pas besoin de faire la description de cet effet.

« Fort bien ! dit Emma, il est impossible de disputer des goûts. Au moins, vous admirez tout en elle, excepté son teint ? »

Il fit un signe de tête, et dit en riant, qu’il ne pouvait séparer mademoiselle Fairfax de sa complexion.

« L’avez-vous vue souvent à Weymouth ? Avez-vous été plusieurs fois dans la société qu’elle voyait ? »

Dans ce moment, ils étaient près des magasins de Ford, et il s’écria : Ah ! N’est-ce pas là la boutique que tout le monde fréquente, à ce que m’a dit mon père. Il s’y rend lui-même presque tous les jours de la semaine ? et y a des affaires. Si vous vouliez bien le permettre, Mesdames, nous y entrerions pour prouver que je suis du pays, et un véritable citoyen d’Highbury. Il faut que je fasse quelque emplète chez Ford. Ce sera ici que je recevrai mon droit de bourgeoisie. Je suppose qu’on y vend des gants ? »

« Oh ! Oui des gants et toute sorte de marchandises. J’admire votre patriotisme. Vous serez adoré à Highbury. Avant votre arrivée, vous étiez déjà très-populaire à cause de votre père ; mais dépensez une demi-guinée chez Ford, et vous le serez à cause de vous-même. »

Ils entrèrent, et tandis qu’on descendait des paquets fort propres et bien pliés, des gants de peau de dain, de chamois, etc, et qu’on les ouvrait sur le comptoir, il dit : Je vous demande pardon, mademoiselle Woodhouse, vous me faisiez l’honneur de m’adresser la parole au moment où mon amor patriæ s’est emparé de moi. Ne me laissez pas perdre, je vous prie, ce que vous aviez la bonté de me dire. Je vous assure que la réputation publique la plus éclatante ne me dédommagerait pas de la perte du bonheur d’une vie privée. »

« Je vous avais seulement demandé si vous aviez beaucoup fréquenté mademoiselle Fairfax et sa société à Weymouth. »

« Maintenant que j’entends votre question, vous me permettrez de vous dire qu’elle n’est pas honnête. C’est toujours aux dames à décider ces sortes de questions. Mademoiselle Fairfax a déjà dû faire son rapport sur l’intimité de notre connaissance. Je ne veux pas me compromettre en demandant plus qu’elle ne m’accorde. »

« Sur ma parole ! vous répondez avec autant de discrétion qu’elle eût fait elle-même ; mais les récits qu’elle fait laissent tant à deviner ; elle est si réservée et si peu disposée à donner la plus petite information sur qui que ce soit, que je pense que vous pouvez dire tout ce qu’il vous plaira sur l’intimité de la connaissance que vous avez faite avec elle. »

« En vérité ! vous croyez que cette liberté m’est permise ? Eh bien ! je vais vous dire la vérité ; rien ne me convient davantage. Je me suis rencontré très-souvent à Weymouth avec elle. J’avais fait connaissance avec les Campbell, à Londres, et je les voyais fréquemment dans les sociétés à Weymouth. Le colonel Campbell est un fort aimable homme, et madame Campbell possède un excellent cœur et est très-agréable. Je les aime tous. »

« Vous connaissez, sans doute, la situation dans laquelle se trouve mademoiselle Fairfax, et ce à quoi elle est destinée ? »

« Oui ! (et il hésita) je crois le savoir. »

« Le sujet que vous traitez, Emma, dit madame Weston, en souriant, est délicat en ma présence. M. Frank Churchill ne peut guère vous comprendre lorsque vous lui parlez de la situation de mademoiselle Fairfax. Je vais m’éloigner un peu. »

« Je n’ai certainement pas pensé à elle, dit Emma, car elle n’a jamais été pour moi qu’une amie, et ma meilleure amie. »

Il parut entendre et approuver le sentiment qu’elle venait d’exprimer. Il lui faisait honneur.

Lorsqu’il eut acheté des gants et qu’ils furent sortis de la boutique, Frank Churchill demanda à Emma si elle avait entendu jouer la personne en question ?

« Si je l’ai entendue ! répéta Emma, vous oubliez combien elle appartient à Highbury. Nous avons commencé à apprendre la musique ensemble ; elle touche du piano à ravir. »

« Vous le croyez ? Je désirais avoir sur cela l’opinion d’un bon juge. Il m’a paru qu’elle jouait très-bien, c’est-à-dire avec beaucoup de goût ; mais je ne m’y connais pas. J’aime la musique avec passion, mais je n’ai ni les talens nécessaires, ni aucun droit de juger du jeu de qui que ce soit. J’ai été accoutumé à l’entendre admirer, et je me souviens d’avoir eu une preuve certaine de l’excellence de son exécution. Un grand connaisseur en musique, amoureux, engagé, et prêt d’épouser une autre demoiselle, ne voulait jamais l’inviter à jouer si celle dont nous parlons était présente : il ne voulait jamais entendre la première, si la seconde pouvait jouer. Je pense que de la part d’un homme qui passait pour très-grand connaisseur, c’était sans doute une preuve certaine de son grand talent. »

« Oh ! très-certaine ! dit Emma, que cette conversation amusait beaucoup. M. Dixon est un grand musicien, n’est-ce pas ? Nous en saurons plus de vous, sur toutes ces personnes-là dans une demi-heure, que mademoiselle Fairfax n’aurait daigné nous en apprendre en six mois. »

« Oui ! C’était de M. Dixon et de mademoiselle Campbell que je voulais parler : et j’ai regardé comme une très-grande preuve du talent de mademoiselle Fairfax, la préférence qu’il donnait à son jeu. »

« Certainement elle était très-forte, et pour dire la vérité, beaucoup trop forte pour m’avoir été agréable, si j’eusse été à la place de mademoiselle Campbell, je ne pardonnerais pas à un homme de préférer la musique à l’amour, l’ouie à la vue, et d’avoir plus de sensibilité pour des sons que pour mes sensations. Comment mademoiselle Campbell trouvait-elle tout cela ? »

« Mais vous savez qu’elle était son intime amie. »

« Pauvre consolation, dit Emma en riant : pour moi je préférerais qu’on fît cette distinction à une étrangère plutôt qu’à mon intime amie. Avec une étrangère cela arriverait rarement ; mais d’avoir toujours près de soi une amie qui fait tout mieux que soi-même, cette idée est insoutenable ! »

« Pauvre dame Dixon ! Je suis enchantée qu’elle soit allée s’établir en Irlande. »

« Vous avez parfaitement raison, ce n’était pas trop flatteur pour mademoiselle Campbell ; mais, en vérité, elle ne paraissait pas en souffrir. »

« Tant mieux ou tant pis, je ne sais lequel. Mais soit chez elle, douceur des caractère ou simplicité, extrême amitié ou défaut de sensibilité, il y avait une autre personne qui devait en souffrir, c’était mademoiselle Fairfax elle-même ; elle devait trouver cette distinction déplacée, et elle ne pouvait qu’en être blessée. »

« Quant à cela, je l’ignore »

« Oh ! ne vous imaginez pas que je m’attende à savoir de vous, ou de qui que ce soit dans le monde, la façon de penser de mademoiselle Fairfax : elle seule le sait. Mais si elle se met au piano toutes les fois que M. Dixon l’en prie, on peut en conclure tout ce qu’on voudra. »

« Ils paraissaient tous vivre ensemble dans l’union la plus parfaite. » Il commença à parler avec feu, puis se retenant il ajouta : « néanmoins je ne saurais dire véritablement à quels termes, ni comment tout se passait dans le particulier. Tout ce que je puis assurer, c’est qu’en public l’on ne s’apercevait pas de la moindre chose ; mais vous qui avez connu mademoiselle Fairfax dès sa plus tendre enfance, vous devez mieux connaître son caractère et beaucoup mieux savoir que moi la manière avec laquelle elle est capable de se conduire dans des positions critiques. »

« Certainement je l’ai connue dès son enfance, nous avons été enfans et devenues grandes personnes ensemble, et il était à présumer que nous serions devenues intimes : que nous serions attachées l’une à l’autre, lorsqu’elle venait voir ses parens. J’ignore pourquoi il en est arrivé autrement ; peut-être une méchanceté de ma part qui me porta à avoir du dégoût pour une fille qui était l’idole de tout le monde, et aussi prônée qu’elle par sa tante, sa grand’mère et toute leur société. Eh puis ! sa réserve. Je n’ai jamais pu m’attacher à quelqu’un aussi complètement réservé qu’elle. À la vérité, c’est une qualité repoussante, dit-il, elle convient sans doute quelquefois, mais ne plaît jamais. La réserve crée la sûreté, mais non l’attachement. Il est impossible d’aimer une personne trop réservée. — À moins qu’elle ne cesse de l’être vis-à-vis de nous, et l’attraction peut devenir plus forte. Mais il faudrait avoir plus besoin d’une amie que moi, pour que je prisse la peine de vaincre le caractère réservé de qui que ce soit, pour m’en faire une amie et une agréable compagne. Ainsi une intimité entre mademoiselle Fairfax et moi, ne pouvait et ne pourra jamais exister. Je n’ai aucune raison de mal penser d’elle, pas du tout, mais une précaution si extrême dans ses paroles et dans ses manières, une crainte si marquée de donner une idée bien prononcée des personnes qu’elle connaît, porte à soupçonner qu’il y a quelque chose qu’on a intérêt de cacher. »

Il fut parfaitement de son avis, et après une si longue promenade, et lui avoir trouvé la même façon de penser qu’elle avait elle-même, Emma crut si bien le connaître, qu’elle eut peine à concevoir que c’était seulement la seconde fois qu’ils s’étaient vus. Il ne ressemblait pas tout à fait au portrait qu’elle s’en était figuré : il avait moins de l’homme du monde, moins de l’enfant gâté de la fortune qu’elle n’aurait cru ; par conséquent, il valait mieux qu’elle ne s’y attendait. Ses idées paraissaient modérées et ses sensations très-vives. Elle fut surtout frappée de la manière dont il considéra la maison de M. Elton, qu’il fut regarder ainsi que l’église, et ne trouva pas comme elle que le tout ne valait pas grand’chose. Non, il ne croyait pas que la maison fût si mauvaise, et ne pensait pas qu’un homme dût se croire malheureux d’être obligé de l’habiter. Il s’estimerait au contraire heureux d’y demeurer avec une femme qu’il aimerait. Elle devait être assez spacieuse pour y être très à son aise. Un fou seul pouvait en désirer davantage.

Madame Weston riait, et dit qu’il ne savait sur quel sujet il parlait. Accoutumé à une très-grande maison il ne pouvait pas juger des inconvéniens et des privations qu’on éprouvait dans une petite. Mais Emma, pensant comme madame Weston qu’il ne savait pas trop ce qu’il disait, observa qu’il montrait une inclination décidée de se marier de bonne heure, et d’être guidé dans son choix par des motifs louables. Il ne pensait pas aux inconvéniens domestiques, résultant de ce que la femme de charge et le sommelier n’auraient pas des chambres propres à leurs fonctions ; mais il était certaint qu’Enscombe ne le rendrait pas heureux, et que lorsqu’il se serait attaché à une personne, il préférerait à de grandes richesses la permission de s’unir à elle.