La Nuit de Noël/Venite Adoremus (Alfred Busquet)

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La Nuit de Noël
La Nuit de Noël : poème (Christmas Carol)Librairie nouvelle (p. 37-41).


Venite, adoremus


Venez adorer le Sauveur !
Un enfant sourit dans ses langes,
Celui que serviront les anges
Gît dans l’étable, humble et rêveur.

LE TYRAN.

Tuez-moi cet enfant ; j’ai des rêves étranges !



C’est Christ annoncé tant de fois
Par David et par les Prophètes !
Pour de pacifiques conquêtes
Il est venu, le roi des rois !

LE PRÊTRE.

Le Christ doit apparaître au milieu des tempêtes !


Il vivra pauvre et dédaigné
Parmi tous les pauvres, ses frères,
Il partagera leurs misères,
Humble de cœur et résigné.

LE PUBLICAIN.

L’envie et la paresse enfantent des chimères !


Il sera chaste de son corps,
Pardonnant aux femmes coupables,
Il n’aura que des yeux affables
Pour les tardifs et vrais remords.

LE PHARISIEN.

Ah ! nous les connaissons, ces âmes charitables !



Suivant les lois de son pays,
À César il rendra l’hommage,
Les mains pures de tout dommage,
Le front souriant et soumis.

LE JUGE.

Avez-vous préparé le Calvaire à ce sage !


À ses ennemis triomphants,
Il dira comme à ses apôtres :
« Secourez-vous les uns les autres.
» Aimez-vous tous, ô mes enfants ! »

LE SOLDAT.

La paix !… De par la mort ! qui nourrira les nôtres ?


Aux bourreaux, aux flagellateurs,
Il sourira, douce victime ;
Il dira sur la croix sublime :
« Ô ! mon père, pardonnez-leur ! »

JUDAS.

Je m’en vais au Sénat toucher le prix du crime.