La Philosophie de René Boylesve/4

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IV

MORALE DE RENÉ BOYLESVE

La morale est le grand cheval de bataille des critiques. C’est en effet un critère de jugement d’une telle simplicité, qu’il ne réclame aucun savoir, aucune science, et aucun sens esthétique. Je veux dire dans le mode d’emploi qui en est fait si couramment par les experts littéraires. D’ailleurs, si, philosophiquement, on nomme morale un ensemble de prescriptions — hélas ! changeantes selon les pays et les climats — et qui seraient destinées à régler les rapports des humains entre eux, dans le fait le mot morale désigne tout autre chose pour l’esprit public.

Cela se comprend, au surplus ; les lois ne sont pas faites par ceux qui y obéissent, mais par ceux qui commandent. La morale, aux yeux de ceux-ci, est, de ce chef, et essentiellement, le respect des situations établies. Ce respect, d’évidence, pour être opérant, réclamera d’être étendu dans le temps, et sur l’ensemble des castes sociales. C’est cette conception de la morale qui faisait dire vers 1850 à un Ministre de la police s’adressant à un romancier :

— Monsieur, votre livre est condamnable, car on y voit une femme de la noblesse tromper son mari…

En somme le mot morale masque tout uniment le conformisme. Il s’accommode parfaitement de l’esprit religieux, puisque la réalité acquise fut probablement voulue par une force et une volonté souveraines, et dont les buts ne sauraient être mis en question par un homme…

On me dira que cette morale est la négation de la justice, mais personne n’en peut douter. Je parle littérature et morale, je suis donc dans mon élément en évoquant Gustave Flaubert traîné au tribunal correctionnel pour Madame Bovary, et Charles Baudelaire pour les Fleurs du Mal. J’ai lu avec intérêt les réquisitoires du substitut Pinard dans les deux cas, et il est incontestable que le mot justice, comme le mot morale, avaient un sens particulier pour cet homme qui figurait la loi. Cela signifiait que l’ordre judiciaire a pour but de créer un état de sérénité euphorique chez les gens en place, en leur enlevant tout sujet d’inquiétude, même intellectuelle. Et le dit substitut Pinard, pour cette raison, insistait particulièrement sur le délit commis par celui qui met en doute des dogmes utiles. Évidemment il aurait défendu avec les mêmes formules le dieu Moloch auquel on offrait des enfants, et l’anthropophagie ou la polyandrie si cela eût été « d’État ». D’ailleurs pour citer un autre cas certain, que j’ai contrôlé, c’est au nom de la morale qu’on condamna jadis le romancier Adolphe d’Ennery, pour cette phrase immorale : Jeanne était nue… Mais me référant au texte, j’ai trouvé que l’auteur avait écrit : Jeanne était nue autant toutefois qu’on peut l’être dans une loge de théâtre…

La question que je traite a une grande importance devant l’œuvre de René Boylesve, et c’est pourquoi j’insiste. C’est en effet que l’immortalité, la gloire, ou ce que nous nommons ainsi, n’est acquis en réalité aux ouvrages littéraires qu’au nom de la morale ou au nom du scandale, pas autrement.

Dans le premier cas, c’est le fait des professeurs qui constituent des programmes d’études où ils insèrent — ou non — les œuvres propres à édifier. Autant, dois-je ajouter, qu’ils apprécient avec intelligence le mécanisme de l’édification, car ils se trompent toujours sur les réactions adolescentes devant les écrits. C’est ainsi que rien n’est si immoral en soi que La Fontaine. Ses fables apprises par les enfants enseignent le triomphe du mensonge, le mépris des hommes, le goût des astuces hypocrites et mille choses de même farine, d’ailleurs saines, mais non voulues par les éducateurs. Il est probable que les pédants qui mirent cette charmante littérature à la mode pour la formation enfantine, ou bien n’y comprirent rien, ou bien estimèrent que leurs élèves n’y verraient que du feu…

Je ne voudrais pas m’étendre au delà du nécessaire sur ce sujet, mais faut-il pourtant expliquer de pareilles idées : la morale est en somme un moyen de gouvernement érigé en principe de sélection littéraire. De ce chef, il existe des chefs-d’œuvre certains, qui, n’étant pas assez osés et insolents pour passer dans l’Enfer des bibliothèques, mais apparaissant mal propres à éduquer, se trouvent condamnés. Ainsi du Sopha de Crébillon, que je tiens pour une des choses les plus subtilement charmantes de notre langue. Si c’était aussi férocement pornéien que la Philosophie dans le boudoir du marquis de Sade, ce serait par contre destiné à gagner les rives les plus lointaines du temps, pêle-mêle avec Athalie, de Racine, Gamiani, de Musset, et le Cid, cette revanche sarrasine, amusante et patente de la bataille de Poitiers. Et c’est ici que l’absurdité « moraliste » s’atteste seule, car j’avoue que pour enseigner la morale de bédouins du Cid dans les classes d’un Lycée français au xxe siècle, il faut concevoir étrangement et l’âme du jeune homme et les idées primitives, mais criminelles, des héros de Corneille…

Tout ce que je dis ici fit l’objet de conversations que j’eus avec René Boylesve, et il était parfaitement de mon avis. La morale est, nonobstant les opinions faites, ailleurs que là où on l’imagine. Nul ne peut ignorer ou ne devrait ignorer que le mécanisme de la fabrication des mobiles d’action dans une âme d’enfant est la chose la plus obscure de la psychologie.

Tout en effet dépend des forces instinctives et inconscientes déposées à l’origine dans le moi considéré. Et ces forces elles-mêmes sont d’origine chimique. Une infime modification protoplasmique créera un être actif avec un être lent. Passions et aptitudes à la violence, soit sexuelle, soit meurtrière, soit cupide, sont donc des produits du chimisme vital. Et vous offrez à un cerveau des convictions ou des certitudes, des impulsions spirituelles ou des inhibitions, par l’exemple de la lecture ? Mais il est impossible de savoir ce qui en résultera, car le pire se fabrique souvent avec le meilleur, comme la froide immoralité sait facilement engendrer la morale pratique la plus digne. On peut seulement dire que, selon le pouvoir d’imaginer, un mobile aura d’autant plus de force qu’il apparaîtra plus exceptionnel.

Il est encore possible d’affirmer que pour la conduite de la vie rien n’est si absurde et propre à dépouiller les êtres de leur vigueur que d’enseigner des morales périmées et relatives aux civilisations disparues. Une chose encore est certaine, c’est que la pornographie n’existe pas. Ce que chacun de nous met derrière une phrase ou une page, dépend de nos pouvoirs indéfiniment variables de recréer du réel d’après les symboles verbaux. Le mot amour, en soi, contient tous les outrages aux mœurs. Les vocables techniques de l’érotisme, à l’inverse, sont absolument dépourvus de puissance évocatrice et excitatrice, quand certains autres, d’apparence innocente, comme embrasser, passion, mariage, recèlent un pouvoir extrêmement violent.

René Boylesve, à cet égard, fut toujours suspect aux moralistes. Non pas certes pour ses romans provinciaux, dont le sens profond restait caché et ne pouvait se découvrir que pour ceux qui savaient déjà, mais dont le sens apparent était conformiste. Seulement, il y avait sa Leçon d’Amour dans un parc et ses Bains de Bade. Ces deux livres n’ont jamais corrompu personne, et je n’en dirai pas autant de la Phèdre de Racine, dont je sais fort bien quels troubles elle enfante dans les âmes. Mais on tenait pour pornéien le livre galant et amusant où Boylesve avait voulu retrouver un peu de la verve des écrivains souriants du xviiie siècle et faire leçon morale à sa façon, qui est la bonne. Cela rendait aux yeux de certains son œuvre louche. Il est incontestable que si Athalie est un ouvrage moral, ce que je nie, les livres galants de Boylesve sont attentatoires aux bonnes mœurs.

On sait ce qu’est La leçon d’amour : il s’agit d’une statue d’Éros, dans un parc, et qui inspire l’amour ou le fait comprendre, de ce seul chef qu’elle étale avec ingénuité et naturel ses attributs virils. Les Bains de Bade sont encore mieux « nudistes », si j’ose dire… N’y voit-on pas un pape se promener sans vergogne avec son seul vêtement de chair ?

Mais la morale de René Boylesve n’est pas seulement conforme à celle qui, espérons-le toutefois, régnera demain en cette redoutable matière sexuelle ; elle est aussi adéquate à la vie.

Comme je l’ai dit, la morale, pour les spécialistes, se confond avec le respect des situations acquises. Et, d’évidence, à mesure que l’on s’élève dans les hiérarchies sociales, on doit devenir d’autant plus pur et « impeccable »… C’est ce que traduit insolemment le mot du divin Jules : « La femme de César ne doit pas être soupçonnée. » Si on rapproche le mot de l’aventure à laquelle il se réfère, à savoir la liaison sacrilège et perverse de ladite épouse de César avec Clodius, amant de ses sœurs, lequel grâce à cela pénétra déguisé en femme dans un temple réservé à l’autre sexe, on aura le tableau fidèle des hypocrisies réclamées par un semblable principe.

Cette morale pharisaïque tend à régner dans les livres actuels, et on le constate facilement par la vente de ceux qui offrent, avec une innocence dont on se demande parfois si elle ne serait pas de la sottise, des « jacobins » toujours féroces et stupides à côté de « croyants » doués de toutes perfections, des révolutionnaires régulièrement imbéciles et avides devant des « conservateurs » admirables, nantis de toutes perfections. À la place des auteurs de ces naïvetés, je me méfierais pourtant. D’abord de moi-même, car il n’est pas indispensable d’avoir une vaste expérience humaine pour constater que ces schémas moraux n’ont aucune valeur pratique ; ensuite du résultat éventuel de mes œuvres. Si tant de ménages bourgeois finissent par des drames et des violences, par des divorces et des scandales, il faut accuser les livres moraux, menteurs et absurdes, qui préparent les jeunes gens à une réalité autre que celle devant laquelle ils doivent un jour se trouver. La Bibliothèque rose a fait selon moi beaucoup de mal à la jeunesse. Elle montre une vie douce et charmante, qui plaît sans doute à un professionnel de la littérature, par son expression et par son charme. Mais une conception si fade et ingénue laisse ceux qu’elle prépare à vivre, absolument désarmés et vaincus d’avance par les duretés et les écueils qu’ils rencontreront un jour. D’où leurs amertumes, suivies le plus souvent d’excès. Il faudrait, contrairement à l’opinion courante, non pas faire des enfants ces êtres dépourvus de tout contact avec les peines et les difficultés de l’existence, qui sont de tradition, mais des volontés durcies par le pessimisme et le désir d’agir droit. Évidemment on « dévelouterait », pour employer une formule de Marcel Prévost, ces âmes puériles. Mais éduquer, c’est préparer à durer et à lutter.

J’exprime ici des idées qui paraissent résulter de mes observations et de mes propres façons de raisonner. Mais je parle toujours de René Boylesve, et ces conceptions étaient vraiment les siennes. Au demeurant, la lecture de son œuvre l’établit de façon nette. Toutes les innocences tournent mal chez lui. Et toutes les éducations pragmatiques triomphent des éducations morales. Ainsi — il suffit d’ouvrir les yeux pour le voir — qu’il advient chaque jour autour de nous. Qu’on relise par exemple Élise. On voit alors comment la formation psychique du type classique déforme les âmes et les rend incapables de triompher des difficultés devant lesquelles achoppent si fréquemment les destins.

Je ne veux pas vanter les dévoyés. J’estime, quant à moi, qu’une précieuse vertu consiste à s’harmoniser avec son temps. Pourtant, j’estime que se dévoyer est peu de chose si, à ce prix, on conquiert un bonheur qui évidemment n’est pas réservé à l’unique conformisme. Mais Élise n’a pas le courage de sortir des usages. Elle est vaincue après avoir frôlé le couronnement de ses désirs, et ne garde, d’avoir vécu, que le souvenir de minuscules bonheurs comme il en vient aux cœurs sensibles, pour précisément les rendre plus inquiets et les désespérer.

C’est un des romans les plus prenants de René Boylesve que celui-là. Il m’écrivit un jour d’un critique fameux : … et il ignore un livre comme Élise. Mais il eût été surprenant que le critique visé comprît une œuvre délicate et subtile, réclamant d’être pénétrée avec soin et précaution, quand il avait tant d’autres choses à faire au café… Élise pose moralement le problème central de l’existence, puisque c’est celui de l’amour. L’héroïne aime. Mais elle a sa conception — acquise par éducation — de l’amour. Et cette conception, évidemment fausse, puisque morale, lui fait ainsi voir toutes choses à l’opposite du réel. Elle commet donc maladresse sur maladresse. Elle est incapable de se mettre à l’échelle éthique de la société et de comprendre le relativisme universel. Son amant l’aime autrement qu’elle ne voudrait. Cet amour est vrai, mais elle le désirerait autre, conforme à ses notions classiques. Beaucoup de tristes femmes, qui avaient un tout petit effort à accomplir pour être heureuses, crurent ainsi, sur la foi de sottes affirmations dogmatiques et livresques, cet effort impossible. Ainsi Élise. Elle va au delà de l’absurdité avec cette volonté stupide qui caractérise les amoureuses inspirées par la tradition, et se suicide. Voilà en quelque sorte la condamnation même de la morale courante. Là encore, René Boylesve touche nettement à Balzac et place sa propre comédie humaine à côté de celle de ce génie étonnant, qui d’ailleurs reste pour une bonne part encore incompris.

René Boylesve ne s’est pas contenté de raisonner sur les choses de la vie avec sincérité, franchise, et sans les partis pris qui sont si courants dans les Lettres. Il a innové en sa technique morale du roman.

Qu’on me comprenne : tout en s’efforçant de respecter le mécanisme même de la société, qui ignore vices et vertus dans la façon dont elle récompense ou punit, mais se sert de ces mots qui lui sont utiles, Balzac abuse peut-être un peu trop des effets de repoussoir. Il aime, à la façon romantique, à mettre face à face la vierge attendrissante et la fille pervertie. Il lui advient même de les mélanger. Son Esther Gobsek, dite la Torpille, par exemple, arrive, dans sa confusion des extrêmes, à une sorte d’invraisemblance. Non point que je nie la possibilité du type même ; mais Stendhal, qui avait une perspicacité suprême, a bâti sa Lamiel d’autre façon. Cette dernière, qui passe de la virginité la plus pure et la plus bourgeoise à une prostitution éhontée et allègre, s’explique mieux qu’Esther. Par contre, il me serait facile de citer des écrivains qui ont fait du repoussoir la base même de tous leurs écrits : avec un bolcheviste fripon et une jeune fille à trente-six quartiers, plus blanche que l’hermine, on peut mener à bien des romans innombrables et de vente rémunératrice.

René Boylesve méprisait ces procédés faciles, et jouait la difficulté. Il avait de sa mission morale une si haute idée qu’il évitait d’introduire dans ses livres des personnages trop nettement tranchés, professant, comme Renan pour lequel il avait une grande estime, que la vérité est dans la nuance. Il s’est fermé ainsi littérairement des milieux humains dont l’étude n’aurait pas été sans fruits, mais il professait que toute la délicatesse des analyses se perdait devant des êtres trop exacts. D’ailleurs, on voit bien que les grandes passions soulevant les personnages de son œuvre sont toujours tempérées par d’autres désirs, d’autres attentes, d’autres impulsions, tout un écheveau de poussées mentales complexes, contradictoires, et infiniment subtiles, dans lesquelles il aimait à évoluer et à autopsier. Je puis donc dire, en pesant mes mots et en toute indépendance, que René Boylesve est ici incomparable, supérieur sans doute sur ce terrain à presque tous autres écrivains français. En somme, la morale de René

Boylesve est ce que je nommerai une morale vivante. Il la voulait telle. Difficile aussi, en ce qu’elle heurtait les convenances établies (Leçons d’amour) et tenait un large compte des impulsions inconscientes des héros. C’est sans doute à ce propos le premier romancier qui ait fait intervenir en littérature les « stimuli » nés du refoulement freudien et des articulations, inconnues encore des psychologues, par lesquels la subconscience se manifeste dans nos actes, en ce que je nommerai des « abcès de fixation ». Il tenait compte, et fut encore le premier à le faire, des infiniment petits mentaux qui viennent dans nos âmes comme la goutte d’eau par laquelle la coupe déborde. C’est ce qu’on pourrait nommer l’analyse des éléments psychiques d’appoint. Il y a, toujours, en suivant cette voie, beaucoup à gagner dans la connaissance de l’homme. On a trop pris l’habitude de croire que les mobiles auxquels nous obéissons ont des valeurs absolues. Rien n’est plus erroné. Là encore René Boylesve fut un précurseur. Au surplus, le génie qui suivra sa voie n’est pas né !

Il est probable, quoiqu’il ne faille pas exagérer la pénétration de nos contemporains, que la nouveauté de cette conception morale, fort subtile, et offerte par René Boylesve, non pas à grands coups de théories tapageuses, mais à travers les œuvres elles-mêmes, indisposa beaucoup les critiques, voire certains de ses amis. Cela lui valut d’être jugé dangereux pour les ordres publics, lesquels réclament qu’on ne touche point aux vieux monuments éthiques dont James Georges Frazer a fait le dénombrement. Voilà pourquoi l’auteur de La Leçon d’amour dans un parc resta en dehors des éditoriaux avantageux de Grande Presse qui permettent les grands succès. Mais on peut se demander épisodiquement comment il se fait pourtant que les hommes ou du moins les spécialistes ne se soient pas aperçus de l’inutilité des œuvres d’édification classique, qui entraîne obligatoirement la bienfaisance de celles qui leur font contraste.

Au sortir de nos écoles, après avoir vécu dans la fréquentation assidue de Plutarque et de Corneille, de Racine et de Bossuet, est-ce que nos jeunes gens ne devraient pas être désintéressés, chastes et fidèles, incapables enfin de la moindre mauvaise action ? Hélas ! il en est autrement.

Alors, pourquoi ne pas voir qu’il faut les former autrement ? Il faudra peut-être en venir à cette vérité que la morale s’enseigne en montrant la lutte du bien et du mal, et non point d’un bien type pris dans des manuels d’héroïsme, non point du mal confondu avec le méfait sexuel, mais d’un bien et d’un mal entremêlés et conformes à la vie quotidienne, un bien et un mal vrais, tels enfin que René Boylesve les conçut en ses livres.

Qu’on le comprenne ici comme Boylesve l’a compris : ce n’est pas le triomphe romanesque du « bien » qui poussera les adolescents à en suivre les règles. Par chance, d’ailleurs, la jeunesse a le goût de la défaite et des vaincus. Elle sent confusément que le triomphe n’est devenu tel que par l’aide des moyens médiocres, que toute l’organisation y aidait, et c’est une chose reconnue, mieux, militairement utilisée, que la jeunesse aime à vivre dangereusement. Aussi les romans de Boylesve avec ses héros tendres et vaincus, ses héroïnes hésitantes entre les convenances et leurs passions, sont-ils profondément moraux, en ce qu’ils nous enseignent à être forts en nous-mêmes et sur nous-mêmes avant de croire l’être devers les événements. Et toute morale est là. Connais-toi ! disait le Temple de Delphes. La morale, c’est d’apprendre à se connaître, puis à se juger. Cela seul prépare à juger le monde, ensuite à bien agir.