La Populace/Au vrai pauvre

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AU VRAI PAUVRE


 

T u peux — Retiens ce mot juste, bien que vulgaire —
Tu peux « te fouiller » toi ! Tu n’auras rien, ou guère !
Mon pauvre Pauvre ! À bas ta patte maigre ! à bas !
Toi, tu ne fais pas peur. Ils ne te craignent pas !
Tu tends la main, le rouge au front, gauche, timide,
Et c’est de pleurs pleurés que ton œil est humide.
Tu ne sais pas les trucs des faux nécessiteux !
Tu ne sais pas que les vrais pauvres, ce sont eux !
Apprends, drôle ! à forcer l’huis des escarcelles.
Travaille ton métier, et sache les ficelles,
Ou va-t-en ! quémandeur qui quémande en tremblant !
Arrière, mendiant au linge usé, mais blanc.
Tu crains d’être importun ? Voleur ! faux frère ! arrière !
Cède aux autres ta place. Hope ! passe derrière.
Nous n’avons rien ici pour toi. L’assiette au lard
Est le propre de ceux qui travaillent pour l’art.
Crée, invente, vas-y, fais quelque chose, comme
Les larmes de salive ou les larmes de gomme,
Et tu seras repu, génie ! oui ! jusqu’au bord.
Voilà. Je le redis : fais ton métier d’abord,
Ou prends la queue. Allons ! ôte toi de là. Leste !

Tu n’as droit qu’à glaner après nous. S’il en reste.