La Trace du serpent/Livre 5/Chapitre 08

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Traduction par Charles Bernard-Derosne.
Hachette (tome IIp. 207-221).

CHAPITRE VIII.

UN PAS DE PLUS SUR LA VRAIE PISTE.

La localité dans laquelle nous devons maintenant conduire le lecteur, n’est pas d’un aspect très-poétique, n’étant autre ni plus ni moins que la pharmacie et le cabinet de chirurgie de M. Auguste Darley, lequel temple d’Esculape est embaumé, dans cette après-midi d’automne, des parfums mêlés de cavendish et de tabac ordinaire, de rhubarbe de Turquie, de punch au whisky, d’essence de roses et de muffins, assemblage d’odeurs qui forment, ou plutôt qui luttent pour former un amalgame, chaque effluve particulière revendiquant son individualité, et restant suspendue en réalité (pour me servir du langage classique) à son crochet originel. En vérité, comme a coutume de le remarquer le jeune auxiliaire de notre ami Gus :

« J’aime l’odeur de l’eau des choux, parce que c’est un signe que le dîner sera bientôt prêt, et j’aime l’arôme du séné, parce que cela prouve que le commerce va bien ; mais quand vous amalgamez ces deux odeurs, elles me rendent malade, moi qui ai mangé plus de séné tout sec pour passer le temps, et ai croqué plus de pilules noires pour m’amuser, qu’aucun autre garçon de docteur de ce côté-ci de l’eau. »

Gus est assis dans le cabinet de chirurgie, jouant l’intelligent et surtout si intéressant jeu de dominos, surtout pour celui qui regarde avec notre connaissance du club des Cherokées Joyeux, M. Peters Cordonner. Une petite cruche, n’ayant aucun des caractères conventionnels d’une poterie, goulot et anse, et bouchée avec le foulard de M. Cordonner pour emprisonner les subtiles essences de la boisson qu’elle contient, est placée entre les deux gentlemen ; pendant que Percy, en qualité d’invité, est gratifié d’un véritable grand verre orné seulement de trois échancrures triangulaires sur son bord, Gus puisant le fortifiant liquide avec une tasse à crème, fendue, entourée de papier collé pour empêcher la séparation des deux moitiés, dont deux morceaux semblent parfaitement appartenir au vase de M. P. Cordonner. Devant un maigre feu, se tient agenouillée la jeune domestique du jeune chirurgien, faisant griller des muffins, et offrant aux deux gentlemen une curieuse étude de perspective anatomique et de raccourci, à laquelle pourtant ils ne prêtent pas la moindre attention, leurs facultés étant entièrement absorbées par les morceaux d’ivoire qui sont dans leurs mains et par la consommation, en partage égal, du punch au whisky.

« Voyons, Gus, dit M. Cordonner tout à coup, s’arrêtant au milieu de l’inglutition de sa boisson favorite, au risque de s’étrangler, ayant sur le visage une inquiétude aussi vive que ses paisibles traits étaient capables de la montrer : voyons, ce verre-là n’est pas celui qui vous sert dans l’exercice de votre profession, n’est-ce pas ?

— Comment ! mais c’est lui-même, certainement, dit son ami. Nous ne l’avons que depuis la moitié de l’été. Il ne convient pas aux malades parce qu’il est ébréché, mais je leur dis toujours, qu’après avoir eu une dent arrachée, — de la façon particulière dont je les arrache, — ajoute-t-il entre parenthèse, avec tout un arsenal de lancettes, forceps et clefs, pour dix-huit pence, ils n’ont pas le droit de se plaindre pour avoir à expectorer dans un verre fêlé. »

M. Cordonner devient pâle.

« Ils font cela ? dit-il, et résolûment il lance sa dernière gorgée du délicieux breuvage par-dessus la tête de la donzelle agenouillée, avec une telle précision qu’il ne fait qu’effleurer ses papillotes. Ce n’est pas gentil de votre part, Gus, dit-il avec un doux reproche, de traiter ainsi un ami.

— Tout va bien, mon vieux, dit Gus en riant. Sarah Jane le lave, vous voyez. Vous nettoyez le verre et les ustensiles, n’est-ce pas, Sarah Jane ?

— Si je les nettoie ! répond la jeune domestique. Certes, monsieur, j’ai la prétention de le faire, alors que je les essuie tout autour régulièrement avec mon tablier et que je souffle dessus pour les rendre brillants.

— Oh ! elle doit le faire comme elle le dit, ajoute piteusement M. Cordonner. Ne poussez pas plus loin vos investigations, Gus, vous ne faites qu’aggraver la chose. Oh ! pourquoi, pourquoi ai-je eu l’idée de faire cette question ? Pourquoi ne me suis-je pas souvenu ? C’est folie de songer à cette chose… que ce punch est délicieux !… et maintenant… »

Il appuie la tête sur sa main, ensevelit dans son mouchoir de poche son visage baissé sur sa poitrine, et reste calme.

Cependant la pharmacie n’est pas vide ; Isabelle est derrière le comptoir, très-affairée au milieu de plusieurs bouteilles, d’une mesure en verre, d’un pilon et d’un mortier, confectionnant une ordonnance, une potion pour le rhume, d’après le latin de son frère. Cette prescription eût été un document embarrassant pour toute autre personne que Belle, car elle contenait, écrits en marge, des comptes de probabilité sur le Derby de l’année prochaine, des esquisses grossières de boxeur, et celle d’un plus jeune disciple de l’art de la boxe, surnommé William Whopping, crayonnées sur le dos du susdit ; mais tout cela n’arrête pas Belle. Elle se trouve à son aise au milieu des bouteilles, de la mesure, du pilon et du mortier, sachant parfaitement bien la manière de s’en servir.

Elle n’est pas seule dans la pharmacie ; un gentleman est accoudé sur le comptoir, il examine avec beaucoup d’attention les mains blanches en activité, et il a l’air de s’intéresser profondément aux progrès de la fabrication de la potion pour le rhume. Ce gentleman est le vieil ami de son frère, Dick le Diable.

Richard Marwood a beaucoup fréquenté le cabinet du docteur depuis la nuit où il a remis les pieds chez ses anciens amis ; il y a conduit sa mère et l’a présentée à miss Darley. Mistress Marwood a été enchantée des manières franches et de la beauté d’Isabelle, et a insisté pour la ramener dîner avec elle dans Spring Gardens. Ce petit dîner fut tout à fait communicatif, Richard étant, pour un homme condamné pour meurtre et qui s’est évadé d’un asile de fou, vraiment plein de gaieté. Il raconta à Isabelle toutes ses aventures, de façon que cette jeune fille riait et pleurait alternativement, donnant par là à la tendre mère de Richard des preuves très-convaincantes de la bonté de son cœur ; et tous ensemble furent si enjoués et s’amusèrent tellement, que, lorsque onze heures sonnèrent, Gus sortit d’une discussion très-épineuse (c’est-à-dire d’une altercation avec les Joyeux pour savoir si Gustave Hellas Esq., romancier satirique, écrivain de revues, méritait l’éreintement qu’il avait reçu dans le Pilori du vendredi) pour reconduire Belle au logis dans un cab, le petit trio, avant de se séparer, déclara simultanément que la soirée s’était passée comme par magie. Comme par magie ? Pourquoi la soirée, pour deux au moins des trois, s’était-elle passée comme par magie ? J’ai entendu parler d’un petit gentleman aux membres roses, ayant des ailes et un bandeau sur les yeux, qui, au dire de certaines gens, est aussi grand magicien que le Grand Albert ou le docteur Dee, qui a causé autant de malheurs et opéré autant de ruines à lui seul que tout l’horrible salpêtre extrait du sein de cette terre pacifique, qui produit le blé et porte des fleurs. Ce gentleman, je ne le mets pas en doute, présidait en cette circonstance.

Aussi la connaissance de Richard et d’Isabelle s’était transformée promptement en quelque chose qui ressemblait beaucoup à de l’amitié ; et en ce moment il est là, occupé à la regarder se livrant à l’occupation toute prosaïque de composer une potion pour la toux destinée à une vieille blanchisseuse aux croyances méthodistes. Mais c’est une fantaisie du susdit gentleman aux membres roses, de prêter son bandeau à ses victimes, et il n’est rien que puissent faire John, William, George, Henry, James ou Alfred, qui ne prenne un caractère de dignité ou de charme aux yeux de Jane, Élisa, Susanne et Sarah, ou vice versa. Bah ! ce n’est pas Mokannah qui porte le voile d’argent, c’est nous qui sommes épris de Mokannah, qui le revêtons de l’étoffe brillante qui le cache à nos yeux, et qui, en regardant ce gentleman à travers l’intermédiaire éclatant et éblouissant, persistons à le croire bel homme, jusqu’au moment où quelqu’un arrache le voile, et où nous tombons sur le pauvre Mokannah et le maltraitons, parce qu’il n’est pas ce que notre imagination en avait fait. Il est vraiment pénible pour Tom Jones, le fumeur, le buveur de bière, le joueur aux cartes, le tapageur, que Sophie veuille s’obstiner à l’élever au rang d’un dieu, et s’irrite ensuite contre lui parce qu’il est Tom Jones, le buveur passionné d’ale amère et le fumeur de mauvais tabac. Mais, advienne que pourra, le gentleman aux membres roses doit s’amuser, et j’ose affirmer que ses yeux sont assez clairvoyants derrière le bandeau qui les couvre, pour apercevoir les fous qui composent notre monde plein de sagesse.

« Vous pourriez donc avoir confiance en moi, Isabelle, dit Richard, vous pourriez avoir confiance en moi, malgré tout… malgré les égarements de ma jeunesse, et la flétrissure qui souille mon nom ?

— N’avons-nous pas confiance en vous, monsieur Marwood, de tout notre cœur ? répond la jeune fille en déguisant sa pensée sous le couvert d’une très-vague généralité.

— Ne dites pas M. Marwood, Belle, cela sonne mal dans la bouche de la sœur de mon vieil ami. Tout le monde m’appelle Richard, et moi, sans vous en avoir jamais demandé la permission, je vous ai appelée Belle. Appelez-moi Richard, Belle, si vous croyez en moi. »

Elle le regarde dans les yeux, et garde un instant le silence ; son cœur bat beaucoup plus vite, si vite que ses lèvres peuvent à peine articuler les mots qu’elle prononce.

« Je crois en vous, Richard ; je crois que votre cœur est la bonté et la loyauté même.

— Pensez-vous alors qu’il soit digne de vous, Belle ? Je ne vous adresserais pas cette question si je n’avais maintenant espoir, oui, et non pas un faible espoir encore, de voir mon nom lavé de la tache qui le couvre. Si mon cœur a quelque espérance, Isabelle, cette espérance est pour vous seule. Pouvez-vous avoir en moi la confiance de la femme qui aime… confiance pendant la vie et jusqu’à la mort, au milieu de toutes les tristesses et de toutes les tourmentes ? »

J’ignore si les cantharides et la teinture de myrrhe et l’huile pour les cheveux, sont des ingrédients convenables pour une potion contre la toux, mais je sais qu’Isabelle les versa libéralement dans la mesure en verre.

« Vous ne me répondez pas, Isabelle ! Ah ! vous ne pouvez avoir confiance dans le criminel flétri, dans le fou évadé, dans l’homme que le monde appelle un meurtrier !

— Ne pas avoir confiance en vous, Richard ? Seulement quatre mots, et seulement un regard de ces yeux gris foncé, et cela suffit. Il y a beaucoup plus dans ces quatre mots et dans ce seul regard que je ne pourrais lire dans une douzaine de chapitres. »

Gus ouvre en ce moment la porte à moitié vitrée. « Allez-vous venir pour le thé ? demande-t-il. Sarah Jane est là enfoncée jusqu’aux yeux dans la graisse et les muffins.

— Oui, Gus, cher vieil ami, dit Richard posant sa main sur l’épaule de Darley, nous allons venir immédiatement pour le thé, frère ! »

Gus le regarde d’un œil très-étonné, lui secoue cordialement la main, et fait entendre un long coup de sifflet ; après quoi il s’approche du comptoir et examine la potion.

« Oh ! dit-il, je suppose que c’est pour cela que vous avez mis là dedans assez de laudanum pour empoisonner un petit régiment, hé, Belle ? Nous ferons peut-être aussi bien de jeter la potion par la croisée, car si elle sortait par la porte, je serais pendu pour vente de poison en gros. »

Ils formaient une très-joyeuse réunion autour de la table à thé, et si personne ne mangeait de muffins, que M. Cordonner appelait des indigestions incorporées, ils riaient beaucoup et causaient encore davantage ; tellement que Percy déclarait que les facultés de son jugement étaient complètement bouleversées, et demandait qu’on l’informât si c’était Richard qui allait marier Gus, ou Gus qui était sur le point de s’unir à la jeune domestique, ou si c’était lui-même, Percy, qui devait contracter un mariage contre son inclination, chose qui, vu sa disposition facile, et aimant la paix, n’était pas si invraisemblable, ou, en un mot, pour user de son langage expressif, « pourquoi tant de tapage dans l’air ? »

Personne cependant ne prit la peine d’éclaircir les doutes de Percy Cordonner, et celui-ci absorba son thé avec une parfaite satisfaction, mais sans sucre, et dans un épais brouillard intellectuel.

« Il importe peu, murmura-t-il ; peut-être Richard devient-il ambitieux et veut-il être élu lord maire de la ville de Londres, et mes enfants alors liront ses aventures, dans un Pinnock à venir, qu’ils pourront comprendre. C’est une grande affaire que d’être enfant, et de comprendre ces sortes de choses. Quand j’avais six ans, je savais quelle femme avait épousé William Rufus, et combien de personnes avaient péri dans la peste de Londres. Je ne puis pas dire que cela me rendit plus heureux ou meilleur, mais j’ose affirmer que c’était un grand avantage. »

En ce moment, la sonnette de la porte de la pharmacie (sentinelle bruyante pour empêcher les petits larcins, donnant l’alarme si quelque jeune délinquant avait le désir de soustraire une bouteille d’huile de ricin, ou une pilule de calomel ou autre produit de ce genre, pour en faire son profit) retentit violemment, et notre vieil ami Peters se précipita dans l’officine, et de l’officine dans le salon, dans un tel état d’agitation, que ses doigts même semblaient hors d’haleine.

« De retour, » s’écria Richard, levant la tête avec surprise, car le lecteur doit être informé que M. Peters était parti seulement un jour avant pour Slopperton sur le Sloshy, afin de chercher de tous côtés des preuves contre cet homme, dont la parfaite image était ensevelie hors des murs de cette ville.

Avant que les doigts de M. Peters, qui était tout palpitant d’émotion, pussent former une réponse à l’exclamation de surprise de Richard, un gentleman à l’air très-respectable, et dont l’apparence était presque cléricale, suivit l’agent dans le salon et s’inclina poliment devant la société.

« Je prendrai sur moi d’être mon propre introducteur, dit le gentleman, si, comme je le crois, j’ai l’honneur de parler à M. Marwood, ajouta-t-il, en regardant Richard, qui s’inclina affirmativement. Il est de notre intérêt à tous les deux, et du vôtre, monsieur, plus particulièrement, que nous fassions connaissance ; je suis le docteur Tappenden, de Slopperton. »

M. Cordonner, qui s’était discrètement retiré du groupe, comme pour ne pas s’immiscer dans une conversation confidentielle, fut assez imprudent pour essayer de choisir un livre dans la bibliothèque suspendue du jeune chirurgien, et en faisant un effort pour retirer le troisième volume de Ce Monsieur, réussit, comme d’habitude, à faire pleuvoir toute la collection littéraire sur sa tête vouée au malheur, et resta tranquillement dans la posture où il était, recouvert d’une neige de feuilles détachées des éditions à un shilling de Michel Lévy, et des fragments d’illustrations par Tony Johannot.

Richard parut un peu embarrassé de l’entrée du docteur Tappenden. Mais M. Peters donna avec ses doigts le renseignement.

« Il le connaît ! »

Et l’intérêt de Richard s’éveilla aussitôt.

« Mous sommes tous amis ici, je crois, dit le maître de pension, jetant un coup d’œil interrogatif autour de lui.

— Oh ! certainement, monsieur Dupont, répliqua Percy, l’esprit préoccupé en levant les yeux d’une des feuilles détachées qu’il avait ramassée pour la lire, parmi celles éparpillées autour de lui.

— Monsieur Dupont ! votre ami se donne le plaisir d’être facétieux, dit le docteur, tant soit peu indigné.

— Oh ! je vous en prie, excusez-le, monsieur, ce n’est qu’une absence d’esprit de sa part, répliqua Richard. Mon ami Peters m’informe que vous connaissez cet homme, cet incompréhensible et étrange scélérat, dont la mort supposée est si extraordinaire.

— Cet homme, soit celui qui est mort, soit celui qui occupe maintenant une position élevée dans Londres, a été pendant quelques années employé chez moi ; mais, malgré tout ce que notre digne ami, l’agent, peut dire, j’ai une tendance à croire que Jabez North, le professeur attaché à mon établissement, est celui qui est mort alors, et que c’est bien son cadavre que j’ai vu au bureau de police.

— Pas le moins du monde, monsieur, dit l’agent sur ses doigts rapides, pas le moins du monde ; cette mort a été une combinaison, d’un bout à l’autre, elle était trop bien arrangée pour être autre chose, et je fus un fou de ne pas voir qu’il y avait au fond de tout cela quelque chose de ténébreux à cette époque. On ne va pas se poser dans la campagne sur une hauteur aride au milieu d’une bruyère, avec des souliers aux semelles propres par une nuit d’orage, et une bouteille dans la main, nullement serrée, par des doigts détendus, mais seulement retenue, et vous le comprenez, placée là après coup ; sans apparence de cette étreinte convulsive, avec laquelle un homme mourant étreint l’objet sur lequel sa main s’est fermée. Je soutiens, que ce n’est pas ainsi qu’on agit, quand on ne peut supporter plus longtemps l’existence. C’était une combinaison, un plan, que peu de gens seraient capables d’ourdir en dehors de cet homme ; et cet homme est le professeur, votre employé, et le mort fut placé là pour arrêter toutes les recherches, et pendant que vous vous lamentiez et que vous gémissiez sur ce pauvre jeune innocent, M. Jabez North faisait le beau, et captivait une magnifique héritière, avec votre argent ou avec l’argent de votre banquier, celui-ci ayant dû supporter la perte des chèques fabriqués.

— Mais la ressemblance ? dit le docteur Tappenden. Cet homme mort était le vrai portrait de Jabez North.

— Très-probablement, monsieur, il y a là-dessous quelque mystère, et quelques coïncidences dans cette existence, comme dans vos livres d’histoire, à trois demi-pence le volume, qui vous embarrassent pendant trois jours et deviennent clairs plus tard.

— Bien, continua le maître de pension, du moment où je verrai cet homme, je reconnaîtrai si c’est bien celui que nous voulons découvrir. S’il en était ainsi, je pourrais prouver une circonstance qui serait d’un grand poids, monsieur Marwood, pour démontrer qu’il a commis l’assassinat de votre oncle.

— Et cette circonstance ? » demanda vivement Richard.

Mais ce n’est pas encore le moment pour le lecteur de la connaître. Aussi quitterons-nous la petite réunion du cabinet de chirurgie de Friar Street, occupée à éclaircir cette affaire, ce qu’ils firent avec un si grand intérêt, que le matin les surprit causant sur le même sujet, M. Percy Cordonner toujours enseveli dans son coin sous la neige des feuilles détachées, dans lesquelles il lisait les pages les plus ravissantes d’une littérature variée, alternant entre Charles Dickens, George Sand, Harrison, Ainsworth et Alfred de Musset, avec la plus délicieuse et la plus enivrante confusion.