La Vie rurale/15

La bibliothèque libre.
Michel Lévy frères, éditeurs (2p. 53-55).

XIV

LA PORTE DU PRESBYTÈRE


Petite porte close,
Où se balance au vent
Une liane rose
Qui s’accroche à l’auvent !

Porte de bois rustique
Au cintre surbaissé,
Dont le marteau gothique
N’a plus qu’un son cassé ;

Je t’aime et te salue,
Voisine du saint lieu,

Par qui toute âme élue
Communique avec Dieu.

Le sage qui demeure
Dans cette humble maison
S’y compose chaque heure
De paix et d’oraison.

Pour mieux songer au terme
Des terrestres efforts,
Solitaire, il te ferme
Sur les bruits du dehors.

Que la fortune passe,
Cherchant où s’adresser,
Modeste porte basse,
Tu la laisses passer.

Mais, si quelque misère
Vient, lasse de souffrir,
Tu ne résistes guère
Au besoin de t’ouvrir.

À celui qui te pousse,
Sur les pieux degrés,

Une voix grave et douce
Dit aussitôt : « Entrez ! »

Béni soit, porte aimée,
Ce bienfaisant accueil.
Ta bonne renommée
Se répand loin du seuil.

Petite et secourable,
Il n’existe à mes yeux
De porte préférable
Que la porte des cieux !