La conquête du paradis/V

La bibliothèque libre.
Armand Collin (p. 61-73).

V

LES CINQ FLÈCHES DE L’AMOUR

   Ah ! terre et ciel ! voyez ce que nous sommes !
Les champs qui produisent pour nous le riz et les légumes,
    où sont-ils ?
  Pas une tige de sorgho, pas un brin d’herbe, pas un
    pétale de rose qui nous appartiennent !
  Où sont les sources pures où notre soif peut s’étancher ?
  L’eau qui tombe des abreuvoirs dans les pas des bestiaux,
    c’est là notre breuvage !
  Ah ! terre et ciel ! voyez ce que nous sommes !


Le chant montait, de la place solitaire brûlée par le soleil de midi.

C’était l’heure accablée de la sieste ; tous les stores étaient baissés devant les fenêtres, un grand silence endormait la ville et, par-dessus les remparts de Madras, la mer, très calme, étincelait.

Bussy était étendu sur un canapé de jonc, dans sa chambre, obscurcie par l’épaisseur des stores. À peine enveloppé d’un léger vêtement de toile fine, et malgré le mouvement rapide du panka, qui agitait l’air, il lui semblait que son sang devenait du feu. et le sommeil le fuyait.

C’est qu’à la chaleur de l’atmosphère se joignait pour lui celle de la fièvre, qui remplaçait l’engourdissement réparateur par une excitation douloureuse. Le jeune homme constatait avec colère, qu’il était hanté par le souvenir de cette Hindoue pour laquelle il aurait pu stupidement mourir sans qu’elle s’informât même de son nom ; et que, malgré sa ferme volonté de l’oublier, il y pensait le jour et il en rêvait la nuit.

Les événements qui l’avaient tout d’abord et violemment arraché à lui-même, le laissaient maintenant dans une oisiveté funeste, emplie tout entière par cette torturante rêverie.

— Pourquoi m’a-t-elle traité comme un ennemi ? se demandait-il cent fois. Ah ! ce mystère dont a parlé le brahmane, le savoir c’est tout ce que je désire ; ensuite j’oublierai ce rêve, ou plutôt ce cauchemar.

Et oppressé, il s’agitait sur la criante chaise longue, tandis qu’un léger ronflement venait de la pièce voisine où Kerjean dormait paisiblement.

Douloureuse et touchante, la voix montait de nouveau au dehors, tout proche maintenant :

    Ah ! terre et ciel ! voyez ce que nous sommes !
Les tigres ont leurs antres, les serpents leurs trous, les
      oiseaux ont leurs nids dans les branches.
    Dans la maison de son père naît et meurt l’homme des
      quatre castes.
   Où donc peut-il naître, le paria ? Le paria, où donc peut-il
      mourir ?
   Ah ! terre et ciel ! voyez ce que nous sommes !

Bussy s’était élancé d’un bond vers la fenêtre :

— Naïk !

Et il avait un battement de cœur, dont la violence l’étonna.

— Suis-je fou ? murmura-t-il, est-il possible que l’idée seule de revoir cet homme qui peut me parler d’elle, me bouleverse à ce point ?

Il voulut se contraindre à ne pas soulever le store ; mais la lutte fut courte, à peine le temps de compter jusqu’à dix, et le jeune homme plongeait sa tête et son torse, hors de la fenêtre, dans la fournaise extérieure.

Sur la place, à quelques pas de la maison, un homme nu se tenait debout. Son corps brun était à tel point inondé de sueur, que le soleil se mirait dans ce ruissellement. Sa tête s’abritait sous une large feuille de figuier nouée sous le menton.

— Naïkl cria Bussy.

L’homme eut un sursaut de joie et joignît les mains comme dans la prière. Puis il courut vers la maison.

— Eh bien, Naïk, te voilà donc ? s’écria Bussy, quand le paria fut près de lui. Je suis vraiment bien coupable envers toi, car je t’avais, pardieu, complètement oublié, tant j’étais en fureur…, là-bas…, en quittant ce lieu maudit. Mais j’ai pensé à toi, depuis, et je m’en voulais de mon ingratitude. Comment diable m’as-tu retrouvé ?

— Ah ! maître, dit Naïk, dont les yeux si grands rayonnaient de joie, c’est toi qui m’as trouvé, tu as reconnu ma voix, tu te souvenais de mon nom ! j’allais chantant de rue en rue et de place en place, le chant a trouvé le chemin de ton oreille : c’était mon espoir, et tu m’as appelé.

— Mais tu frissonnes, mon pauvre Naïk, dit Bussy, en jetant au paria une couverture de laine douce. Il paraît que l’air du panka, qui me semble pourtant une haleine de l’enfer, est relativement frais et va te geler jusqu’aux moelles. Que t’est-il donc arrivé ? Tu me parais plus maigre et plus hâve que jamais.

— Je suis heureux, dit Naïk.

— Tant mieux ! Je voudrais en pouvoir dire autant. Mais puisque ton projet est de t’attacher à mes pas, je te préviens que je ne veux pas de meurt-de-faim à mon service et que j’entends que tu engraisses.

— J’engraisserai.

— En attendant, tu me sembles à jeun depuis des semaines, fais-moi le plaisir de manger ce qui reste de pâtisseries sur ce guéridon.

— J’obéis, maître, dit Naïk, mais il y a des racines dans les champs, je n’étais pas à jeun.

Bussy s’était recouché sur le fauteuil de jonc et regardait avec douceur le paria mangeant lentement ces gâteaux qui lui révélaient des sensations inconnues. Le marquis essayait de se persuader que la sympathie compatissante que lui inspirait Naïk était toute naturelle et désintéressée, et il y avait vraiment dans son cœur, jeune et enthousiaste, beaucoup de pitié pour ce déshérité qui se donnait à lui avec une joie si ardente ; mais la source de plaisir que sa subite présence lui faisait éprouver était ailleurs, Bussy ne voulait pas en convenir avec lui-même et il était irrité d’en être cependant certain. Naïk était le dernier anneau d’une chaîne qu’il ne pouvait plus briser, et il sentait un apaisement singulier depuis qu’il avait ressaisi ce faible chaînon. La fièvre s’en était allée, subitement.

Naïk après avoir bu un verre d’eau de neige, pelotonné dans la couverture, s’était accroupi aux pieds du jeune homme et le regardait en silence, semblant attendre une interrogation. Bussy la retardait, se faisant violence encore. Il prit un détour.

— Tu as donc quitté le service du palais ? demanda-t-il. Tu t’es donc enfui ?

— La disparition d’un ver de terre ne se remarque pas, dit le paria en souriant ; un autre prendra ma place, recevra au lieu de moi les détritus et les injures, notre seul salaire, et nul ne s’apercevra qu’il y a un paria au lieu d’un autre.

— Pourquoi ne m’as-tu pas rejoint plus tôt ?

— C’était pour te mieux servir, maître, dit Naïk avec un éclair dans les yeux, j’ai voulu faire l’impossible, et je l’ai fait.

Le marquis se souleva et plongea un regard ardent dans celui du paria :

— Que veux-tu dire ? balbutia-t-il, ce mystère dont parlait Rugoonat Dat… ?

— Je le sais.

Bussy se leva et poussa un long et lent soupir.

— Enfin ! s’écria-t-il, tu vas donc me délivrer de cette obsession ! tu vas, en satisfaisant ma juste curiosité, me permettre d’oublier ce dont je me souviens trop.

Le paria secoua la tête avec une expression de tristesse.

— Tes yeux se sont aveuglés de sa beauté, ils ont bu son âme, dit-il, tu n’oublieras pas, on ne peut pas l’oublier ; ce que j’ai à t’apprendre devrait pourtant te guérir ; mais tu ne guériras pas, hélas ! jamais tu n’oublieras.

— Tu crois ? murmura Bussy, qui, la tête baissée, le regard rivé au plancher, sembla descendre jusqu’au fond de lui-même.

Naïk soupira et garda le silence.

— Allons ! dis ce que tu sais, reprit le marquis après un instant.

La respiration régulière qui venait de la chambre voisine semblait inquiéter Naïk.

— C’est un ami, dit Bussy ; il dort profondément, d’ailleurs il n’entend pas l’hindoustani, tu peux parler.

— Je ne te dirai pas, seigneur, au prix de quelles ruses je suis parvenu à savoir ce que le brahmane n’avait pas voulu dire. Je ne risquais que ma vie, mais la perdre eût été te mal servir. Sache donc que, comme un reptile, je me suis glissé dans les retraites les plus sacrées, sans souci du sacrilège ; des jours entiers, presque sans souffle, blotti sous quelque meuble, ou enroulé aux sculptures d’une colonne et me confondant avec elles, j’ai vu ce que je ne devais pas voir et entendu ce que je ne devais pas entendre.

— Ah ! merci, Naïk ; toutes ces choses tu me les diras !

— Oui, maître, j’ai de quoi entretenir ton mal et t’empêcher d’y succomber peut-être, puisque tu ne peux en guérir. Ma mémoire fidèle garde un trésor qui t’appartient et dont je serai avare, pourtant, afin que tu ne l’épuises pas trop vite.

— Mais, dit Bussy en souriant, tu me déclares incurable avec une certitude qui m’amuse. Comment donc as-tu si bien deviné ce que je sais à peine moi-même !

— Les cris de ton délire, sous le hangar inhospitalier, les murmures de tes rêves, c’est moi qui les entendais, ne mettaient-ils pas ton âme à nu ? et sans cela même, mon cœur, qui souffre avec le tien, avait tout deviné.

— Tu ne songes pas à la volonté qui triomphe des faiblesses du cœur.

— L’amour a cinq flèches, une pour chaque sens, dit Naïk gravement ; quand toutes vous ont frappé, comment retenir la raison, fuyant par tant de blessures ?

— Nous verrons cela. Continue.

— Après ton départ, la reine revint au palais, et je commençai à épier. Je vis et j’entendis cent choses n’ayant nul rapport avec ce que je voulais savoir. La première révélation me vint d’une entrevue de la reine avec le brahmane Rugoonat Dat. Je te rapporterai leurs paroles, ma mémoire les a gardées toutes, les voici :

« — Saint brahmane, demanda la reine, peux-tu paraître en ma présence ? t’es-tu suffisamment purifié des souillures qu’inflige la fréquentation d’un barbare ?

« — Le brahmane, répondit Rugoonat Dat, sanctifie, et sa pureté ne peut être souillée ; cependant pour te complaire j’ai rempli les rites prescrits.

« — Le barbare nous a délivrés de sa présence : est-il parti satisfait de mes largesses ? suis-je suffisamment libérée envers lui ?

« — Le barbare a presque tué ton messager, il a éparpillé dans la boue tes pierreries et s’est enfui, ivre de colère, en n’acceptant rien de toi.

« — Alors il me fait don de la vie ! s’écria la reine, dans une vive agitation, et tu as supporté une pareille injure ? tu n’as pas retenu le maudit ?

« — Le cheval était rapide, et dans son indignation le jeune homme ne me ménageait pas.

« — Il t’a insulté, toi, un brahmane ! et tu l’as laissé vivre ?

« — Certes ! Sa fierté et son regard étincelant me plaisaient fort. J’ai cru voir en cet étranger une incarnation de notre héros Rama.

« — Rugoonat Dat ! s’écria alors la reine en se levant d’un air courroucé, les singulières révoltes de ton esprit contre toutes nos traditions m’effrayent vraiment. Je ne suis pas digne de disputer avec un saint tel que toi ; c’est pourquoi je te prie de me laisser pour m’éviter le péché d’une colère sacrilège. »

— À ces mots, le brahmane salua et se retira, en dissimulant un sourire où il y avait un peu de pitié.

— Sais-tu que ce brahmane est un brave homme ! s’écria Bussy. Je regrette de l’avoir malmené et je lui en ferai mes excuses à l’occasion. Mais la reine, que fit-elle lorsqu’elle fut seule ?

— Pareille au soleil qui s’enfonce dans les nuées, elle voila un instant son beau visage dans ses mains, comme pour échapper à une honte ou à une crainte. Puis elle appela ses deux femmes favorites, deux princesses qui ne la quittent guère, l’une surtout qu’elle préfère à toutes et qui a nom Lila. Elle leur dit comment l’odieux étranger avait refusé ses présents et dans quelle colère la plongeait cette nouvelle.

« — Songe, Lila, disait-elle, quelle humiliation ! Ma vie est un don qu’il m’a fait ! Pourrai-je la supporter ? Ah ! l’horreur me saisit quand je me souviens qu’il m’a tenue dans ses bras, que j’ai roulé dans l’herbe avec lui, et que son sang était sur moi !

« — La Lumière du Monde s’éteignait sans lui, dit Lila, caressante ; reine, il t’a sauvée !

« — Vous sauve-t-il, le pestiféré qui vous arrache aux flammes, mais vous laisse une souillure mortelle ? »

— Et comme les yeux de la reine se noyaient de larmes, pour la calmer, on fit entrer les bayadères et les jongleurs, avec la musique bourdonnante.

— Alors, si je comprends bien, s’écria Bussy, en empêchant la reine d’être mangée par un tigre, je l’ai à jamais déshonorée ?

— C’est quelque chose comme cela, répondit Naïk. Ces préjugés que ton esprit rejette, la reine est leur esclave. Tes dieux, paraît-il, ne sont pas les siens, tu manges de la chair de vache, crime irrémédiable qui te rend impur à ses yeux autant qu’un paria ; c’est pourquoi l’on t’a traité avec cet incroyable mépris, le donnant des parias pour serviteurs. Tout ce qui t’a servi et le hangar qui t’abritait ont été livrés aux flammes.

— Eh bien ! voici une jolie situation pour un amoureux ! être un objet de dégoût, une peste pour celle qu’on voudrait charmer ! c’est délicieux ! Et tu t’imagines que cette aimable découverte ne va pas, d’un seul coup, effacer cette folie de mon cœur ?

Et il eut un éclat de rire.

— Serait-ce possible, maître ? murmura Naïk que cette gaieté étonnait. Pourtant, il secoua la tête, gardant ses doutes.

— Voyons, reprit Bussy, est-ce tout ce que tu sais ? Fais-moi boire l’antidote jusqu’à la lie.

— Le plus amer est passé. Mais il reste de curieuses choses. Il y a, près de la reine, un autre brahmane, nommé Panch-Anan, un des noms de Siva, qui est tout l’opposé de Rugoonat Dat ; il n’étudie pas comme lui les livres sacrés pour en comprendre la grandeur et le sens vrai, il s’en tient aux formules, et le fanatisme de sa piété n’a pas de frein. Panch-Anan est l’intime conseiller de la reine, il exalte sa dévotion et terrifie son âme. Sans la noble fermeté de Rugoonat Dat, dont le caractère en impose même à ses ennemis, ta vie peut-être n’était pas en sûreté. Il vint te voir pour montrer combien il réprouvait la façon dont tu étais traité. Panch-Anan n’osa plus alors réclamer ta vie ; il déclara que la reine pouvait être purifiée de la souillure par une cérémonie solennelle, et qu’en te payant ton service, on brisait tout rapport avec toi. Mais l’incantation n’a pas réussi, à ce qu’il paraît ; une entrevue de la reine avec Panch-Anan m’a révélé leur trouble à ce sujet. La purification n’a amené aucun apaisement, la reine se sent souillée comme auparavant, elle se dit malade, énervée, le sommeil la fuit. Elle montre même de la colère contre le brahmane, qui épuise en vain son trésor pour lui rendre Dourga et Siva favorables. Panch-Anan affirme que les rites de la purification ayant été accomplis par lui-même sont infaillibles ; qu’une cérémonie aussi solennelle ne peut être renouvelée avant qu’on ait découvert la cause qui l’a empêchée de réussir, et que cette cause, il la cherchera. Voilà où ils en sont. J’ai cru en savoir assez et j’ai quitté le palais pour te rejoindre, ô mon maître !

— Quelle bizarre aventure ! dit Bussy. Ne serait-ce pas vraiment une belle victoire que de vaincre tous ces préjugés et de conquérir cette femme ? Mais je me dois à mon pays et n’ai pas de temps à perdre à toutes ces folies. Donc, nous n’en parlerons plus.

Kerjean venait de passer la tête par la porte, en s’étirant et en bâillant. Il regarda avec surprise le maigre Naïk émergeant de la couverture.

— Qu’est cela ? cher ami, s’écria-t-il en entrant tout à fait.

— Quelque chose comme un chien perdu que j’adopte ; un cœur dévoué qui se donne à moi.

— Vraiment ? Mais d’où sort celui-ci, maigre comme un fakir, qui me regarde avec ses énormes yeux ?

— Je dois vous avertir, mon cher — car peut-être vous croyez, vous aussi, aux souillures — que cet homme est un paria.

Le jeune homme fit un bond en arrière :

— Un paria ! Qu’allez-vous faire d’un paria ? Ses pareils sont des êtres abjects, plus stupides que les brutes. Votre bon cœur vous égare.

— Celui-ci m’a donné des preuves d’un dévouement profond et d’une haute intelligence. Je vous assure que je l’aime beaucoup, dit Bussy en posant la main sur la tête de Naïk. Il est fort maigre, j’en conviens, mais c’est là sa seule maladie ; je lui ai d’ailleurs ordonné d’engraisser, et il est obéissant.

— C’est de la folie ! s’écria Kerjean en se laissant tomber sur un siège ; vous vous ferez le plus grand tort, laissez-moi vous le dire, en traînant à votre suite un être qui est un objet d’horreur pour le dernier des valets. Pas un ne vous restera.

— Si les serviteurs me quittent, il me servira mieux qu’eux et, de plus, il me sera précieux pour me perfectionner dans la langue de l’Inde.

— Y pensez-vous, ces gens-là savent à peine parler et s’expriment de la façon la plus grossière !

— Il y a des poètes partout, mon ami ; la poésie ne se trouve pas souillée, elle, pour habiter le cerveau d’un paria ; celui-ci la loge à mon idée, et il s’exprime naturellement de la façon la plus agréable. D’ailleurs, c’est un « valouver » ; connaissez-vous ce mot ?

— Oui, un savant… relatif, dit Kerjean en faisant la moue.

— Il est bien entendu que, si sa présence vous offusque, il ne paraîtra pas devant vous.

— Plaisantez-vous ! s’écria Kerjean d’un air fâché ; dès que vous êtes bien décidé à vous compromettre pour ce maigre bonhomme, je me compromets avec vous. Vous devez avoir vos raisons, je les respecte.

— Merci, dit Bussy en tendant la main à son ami.

— Bonjour, valouver, cria gaiement le jeune officier en frappant sur l’épaule du paria. Vous voyez, j’y touche, ajouta-t-il en se tournant vers Bussy, je n’ai pas de préjugés.

— Vous êtes le plus charmant des hommes.

Naïk avait écouté, ou plutôt regardé, cette conversation qui avait eu lieu dans une langue inconnue ; il l’avait en partie comprise, et lorsqu’il se vit accepté par le nouveau venu, il le remercia d’un regard si expressif que, sous sa lumière, Kerjean sentit se fondre toutes ses préventions.