La perle cachée/Prologue

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Traduction par Abbé T. A. Chandonnet.
Cie. d'Impressions et de Publications Lovell (p. 5-6).

PROLOGUE


Sous le règne de l’empereur Honorius et le pontificat d’Innocent I, vivait sur l’Aventin un patricien romain d’une grande fortune, nommé Euphémien. Il avait un fils unique, Alexis, qu’il éleva dans les principes d’une solide piété, et dans la pratique d’une charité sans bornes. Quand il eut grandi, quoique jeune encore, il reçut du ciel l’ordre de quitter la maison de son père, et de mener la vie d’un pauvre pèlerin. En conséquence, il se rendit à Édesse, où il vécut plusieurs années, pendant qu’on le cherchait vainement par tout le monde. Enfin, un ordre semblable au premier lui fut donné de retourner chez lui, et on le reçut comme un étranger dans la maison de son père.

Il y demeura autant d’années qu’il en avait vécu dans l’exil, en butte au mépris et aux mauvais traitements de ses propres domestiques. À sa mort, une voix, qui se fit entendre par toutes les églises de la cité, le proclama saint, puis un papier, écrit par lui-même, révéla son histoire.

Comme les années qu’Alexis passa dans ces deux conditions ont été diversement comptées par les différents auteurs, on les a, dans ce drame, limitées à cinq pour chaque époque, ou à dix en tout.

Le commencement et la fin de la seconde période, celle qu’il passa à la maison paternelle, forment le sujet de cette composition ; de sorte que l’on suppose un intervalle de cinq ans, écoulé entre les deux actes.

Telle est l’histoire domestique dont la tradition est conservée à Rome, sur le mont Aventin, où s’élève encore la magnifique église de saint Alexis, visitée, au jour de sa fête, par des multitudes de ses concitoyens. Du jardin, la vue est une des plus charmantes qu’il y ait à Rome. La Basilique de Sainte-Sabine est à deux pas de là.