Ladvocat - Dictionnaire historique - 1821 - Tome 5/T

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TABOR (Jean-Otton), natif de Bautzen dans la Luzace, enseigna le droit à Strasbourg avec réputation, jusqu’en 1656. Il devint ensuite chancelier du duc de Mecklembourg, puis conseiller du landgrave de Hesse-Darmstadt, et chancelier de l’université de Giessen. Il mourut à Francfort le 12 décembre 1674, à 70 ans, laissant un fils avocat. On a de lui divers ouvrages, Leipsick, 1688, 2 vol. in-fol. Praschius son gendre a écrit sa vie.

TABOUET (Julien), né dans le Maine, devint procureur général du sénat de Chambéry. Sa conduite équivoque lui valut une forte mercuriale de la part du premier président Raymond Pélisson, qui la lui fit par ordre de sa compagnie. Pour s’en venger, Tabouet s’avisa d’accuser le premier président de malversations, et, pour réussir dans son accusation, il sut intéresser dans l’affaire le duc de Guise, à qui le roi avait donné toutes les confiscations, et qui en était avide. L’affaire fut envoyée au parlement de Dijon, qui était dans le département du duc de Guise, en qualité de gouverneur de la province. Ainsi les choses tournèrent comme Tabouet l’avait souhaité. Par arrêt du 18 juillet 1552, Pélisson fut condamné à faire amende honorable, ce qu’il exécuta publiquement à genoux, une torche ardente à la main, avec les paroles portées par l’arrêt ; et il fut de plus condamné à une grosse amende. Pélisson trouva depuis de la protection auprès du connétable de Montmorenci. Il obtint la révision de son procès, qui fut renvoyé par-devant des commissaires tirés des parlemens de Paris et de Dijon, et des maîtres des requêtes. Par arrêt du 12 octobre 1556, Pélisson fut absous, et Tabouet condamné à la même peine qu’avait subie Pélisson, et de plus à faire son amende honorable, nu en chemise, la corde au cou, au parquet de l’audience, sur le perron du palais, tourné trois fois au pilori des halles, et de là mené à Chambéry pour y faire de nouveau amende honorable en pleine audience, et être confiné en tel endroit qu’il plairait au roi de lui prescrire. Il enseignait la jurisprudence à Toulouse en 1560, et mourut vers 1562. Il avait des enfans. On a de lui différens ouvrages, entre autres Sabaudiæ principum genealogia, versibus et latiali dialecto digesta, traduit en français, en prose et en vers, par Pierre Trehedam ; une Histoire de France de même, le tout imprimé en 1560, in-4o.

TABOUROT (Étienne), plus connu sous le nom de Sieur des Accords, naquit à Dijon en 1547. Il fut avocat au parlement de Bourgogne, puis avocat du roi au bailliage et à la chancellerie de Dijon. Ayant un jour envoyé un sonnet à mademoiselle Bégar, il mit au bas cette devise : À tous Accords, au lieu de son non. Cette demoiselle, en lui répondant, le qualifia Seigneur des Accords, et le président Bégar lui ayant dans la suite donné plusieurs fois ce nom, Tabouret l’adopta. Il mourut à Dijon en 1590, à 43 ans. Le plus connu de ses ouvrages est celui qui est intitulé Bigarrures et Touches du seigneur des Accords. Il le composa à l’âge de 18 ans ; mais il le revit et l’augmenta en ayant plus de 35. Il y en a un grand nombre d’éditions, entre autres celle de 1662, in-12. On trouve dans ce livre des règles sur les facéties de toute espèce, entre autres sur les calembourgs, qui remontent à Rabelais, et qu’on a vu renouveler depuis par l’abbé Cherier, dans son Homme inconnu dédié à Bacha Bilboquet, qui parut en 1725, et depuis plus heureusement dans la Lettre à la comtesse Tation, qu’un jeune militaire a fait paraître en 1770. Ce genre avait été employé dans un petit roman extrêmement rare, intitulé Les aventures extravagantes du courtisan grotesque, Paris, in-12, sans date, mais imprimé vers 1634, quinze pages. Étienne Tabouret était neveu de Jean Tabouret, chanoine et official de Langres, mort en 1595, dont on a aussi plusieurs ouvrages : Le Calendrier des Bergers, 1588, in-8o ; Méthode pour apprendre toute sorte de danses, 1589, in-4o, l’un et l’autre sous le nom de Thoinot Arbeau.

TACCA (Pierre-Jacques), sculpteur, natif de Carrare, mort à Florence en 1640, fut élève de Jean de Boulogne, qui avait fait la statue du cheval de Henri IV, sur le pont Neuf, à Paris, qui a paru si parfaite qu’on a dit longtemps : le cheval de bronze, et non Henri IV. Cependant son élève l’a surpassé ; car il a fait les quatre esclaves de bronze qui décorent le port de Livourne, et le cheval qui porte la statue de Philippe III en Espagne, qu’on juge d’une plus grande perfection ; quelques-uns même attribuent le cheval de Henri IV à Tacca.

TACFARINAS, Numide, servit d’abord dans les troupes auxiliaires des Romains ; puis ayant déserté, il assembla une troupe de vagabonda et de brigands avec lesquels il fit des courses et des pilleries. Furius Camillus, proconsul d’Afrique, marcha contre lui et le mit en fuite l’an 17 de J.-C. Tacfarinas peu de temps après renouvela ses brigandages, et assiégea un château dont il défit la garnison, et où Décrius qui commandait fut tué. Le proconsul Apronius ayant ensuite donné la chasse aux troupes de Tacfarinas, ce Numide prit le parti de ne plus attendre les Romains, et distribua ses gens en divers lieux. Si on le poursuivait, il prenait la fuite, et quand on se retirait, il chargeait en queue ; mais s’étant arrêté dans un camp, il y fut battu et se vit contraint de se sauver dans le désert. Ce ne fut pas pour long-temps. Il se remit aussitôt en campagne et répara si bien ses pertes qu’il eut l’audace d’envoyer des députés à Tibère pour lui demander qu’on lui assignât un pays, sans quoi il menaçait d’une guerre qui n’aurait aucune fin. L’empereur fut si indigné de cette insolence qu’il donna ordre à Junius Blæsus, oncle de Séjan, de se saisir de Tacfarinas à quelque prix que ce fût. Blæsus eut divers succès ; mais cette guerre ne fut terminée que par le proconsul Dolabella, dans une grande bataille où Tacfarinas aima mieux perdre la vie en se défendant courageusement, que de tomber vif entre les mains de ce proconsul.

TACHARD (Guy), jésuite, qui, après un premier voyage fait à Siam, suivit M. de Chaumont dans son ambassade auprès du roi de ce pays en 1685, revint en Europe en 1688, et retourna dans l’Inde en qualité de missionnaire. Il y mourut vers 1694. On a la relation de ses deux Voyages, 1686 et 1689, 2 vol. in-4o, réimprimés à Amsterdam en 1700, 2 vol. in-12. Le chevalier de Forbin, qui n’a pas vu ce pays avec des yeux de missionnaire, en donne une idée bien différente et plus juste que le père Tachard et l’abbé de Choisi. Ceux-ci voulaient que Louis XIV y établit une mission. Le chevalier de Forbin s’opposait à ce que le roi y sacrifiât des militaires qui auraient toujours succombé sous le nombre et la trahison.

TACHON (dom Christophe), Pieux et savant bénédictin, natif de Saint-Sever, au diocèse d’Aire, prêcha avec édification, et mourut le 9 décembre 1693. On a de lui un livre solide intitulé De la sainteté et des devoirs d’un prédicateur évangélique, avec l’art de bien prêcher, et une courte méthode pour catéchiser, in-12.

TACHUS ou TACHIS, roi d’Égypte, du temps d’Artaxerxès Ochus, défendit ses états contre la domination des Perses, et pour se maintenir appela à son secours Agésilas, roi des Lacédémoniens : mais ce prince grec eut bientôt lieu d’être mécontent de Tachus ; car celui-ci prit le commandement général des troupes, donna à l’Athénien Chabrias la dignité d’amiral, et ne laissa à Agésilas que le commandement des étrangers. Peu de temps après, Nectanèbe, parent de Tachus, qui commandait une partie de l’armée, s’étant fait élire roi par les Égyptiens, envoya des arobassaaeurs à Agésilas pour le prier de se joindre à lui. Tachus en envoya aussi de son côté. Mais Agésilas envoya tous ces députés à Lacédémone, d’où ayant reçu un plein pouvoir de faire ce qu’il jugerait le plus à propos pour le bien de la patrie, il fut torturé de trouver l’occasion de marquer à Tachus son ressentiment, et se déclara en faveur de Nectanèbe, avec les troupes qu’il commandait. Tachus ainsi abandonné s’enfuit où il put, et l’on ne sait ce qu’il devint. Athénée donne au ressentiment d’Agésilas une cause bien différente de celle qu’on vient de rapporter. Il prétend que Tachus, le voyant de petite taille, lui appliqua la fable de la montagne qui enfante une souris, et qu’Agésilas en colère lui répondit : « Vous éprouverez un jour que je suis un lion. »

TACITE (Corneille), célèbre historien latin et l’un des plus grands hommes de son temps, s’éleva par son mérite du premières charges de l’empire. Vespasien et Tite lui donnèrent des emplois considérables, et il devint préteur sous Domitien, puis consul deux ans après à la place de Virginius Bufus, l’an 97 de J.-C. Il nous reste de lui une Histoire en 5 livres ; des Annales qui comprennent l’histoire romaine depuis la mort d’Auguste jusqu’à Galba ; un Traité des divers peuples qui de son temps habitaient l’Allemagne, dans lequel il parle de leurs mœurs ; et la Vie d’Agricola son beau-père, et conquérant de l’Angleterre. C’est un des plus beaux et des plus précieux morceaux de l’antiquité. Ou lui attribue encore le livre des Causes de la corruption de l’éloquence latine, que d’autres donnent à Quintillien. Les autres ouvrages de Tacite se sont perdus. Le style de Tacite était grave, serré, vif, nerveux et énergique, ce qui le rend quelquefois un peu obscur, et toujours difficile à traduire. Le morceau du règne de Tibère passe pour son chef-d’œuvre par rapport à la politique. Pline-le-Jeune son ami, et les savans après lui, font de Tacite et de ses ouvrages de grands éloges. L’édition latine de Tacite qu’on regarde comme la plus exacte pour le texte est celle de Rickius, Leyde, 1687, 2 vol. in-8o. La première édition est de Venise, 1468, in-fol. ; on estime celle d’Elzévir, 1634, in-12 ; celles cum notis variorum, 1672, 2 vol. in-8o ; d’Utrecht, 1721, 2 vol. in-4o ; celle ad usum Delphini, 1682 et 1687, 2 vol. in-4o. Il y en a une de Paris, 1760, 3 vol. in-12, fort correcte et bien exécutée, et une donnée par le père Brottier, 1771, 4 vol. in-4o et 1776, 7 vol. in-12. Il y en a une traduction française de M. d’Ablancourt, et une de M. Guérin, chacune en 3 vol. in-12. Celle qu’a faite Amelot n’est estimable que par les Notes, qui néanmoins sont trop étendues : elle a 10 vol. in-12. M. l’abbé de la Bletterie a traduit les Mœurs des Germains et la Vie d’Agricola, 2 vol. in-12 ; les six premiers livres des Annales, 3 vol. in-12. Le père Dotteville a traduit le reste en 4 vol. in-12.

TACITE (M. Claudius), empereur romain, fut élu par le sénat en la place d’Aurélien, le 25 septembre de l’an 275, après un interrègne d’environ 7 mois. Il était parent de Tacite l’historien, et fit mettre dans toutes les bibliothèques sa statue et ses ouvrages, de peur qu’ils ne se perdissent. Il rendit au sénat une partie de son autorité, fit des lois très-sages, sacrifia son patrimoine au bien de l’État au lieu de profiter des revenus de l’empire, et faisait concevoir de grandes espérances de sa vertu et de son expérience, lorsqu’il mourut à Tarse en Cilicie le 11 avril 276, à 65 ans. Florien son frère utérin se rendit alors maître de l’empire, et n’en jouit que deux mois.

TACONNET (Toussaint-Gaspard), fils d’un menuisier, naquit à Paris en 1730. Son inclination libertine ne lui permit ni d’achever ses études ni de se fixer dans le métier de son père. Vivant au cabaret, ne fréquentant que de mauvaises compagnies, ses productions se ressentent de sa manière de vivre. On y trouve cependant un fonds de gaité qui a plu sur le théâtre de l’Opéra-Comique dans Le Compliment sans Compliment, dans Le Bouquet de Louison ; et depuis sa destruction, sur le théâtre forain de Nicolet, où il a donné plus de 80 pièces parmi lesquelles on distingue Les Aveux indiscrets ; Le Déménagement du peintre ; Le Baiser donné et rendu, etc. S’il eût reçu une meilleure éducation et fréquenté de bonnes compagnies, il aurait été capable de faire des pièces plus parfaites ; mais il ne sortait pas de sa sphère. Des savetiers, des ivrognes, des commères, des barbouilleurs, des égrillards, sont les héros de ses pièces. La même gaité, les mêmes charges qui se trouvent dans ses pièces, il les avait dans son jeu ; car il était un des premiers acteurs de la troupe de Nicolet. Enfin, du fruit de ses débauches, il lui vint un mal à la jambe dont il est mort à Paris, à l’hôpital de la Charité, le 29 décembre 1774. Plusieurs de ses pièces ont été imprimées.

TACQUET (André), savant jésuite, natif d’Anvers, mort en 1660, est auteur d’un excellent Traité d’astronomie, et d’autres ouvrages de mathématiques, qui sont estimés. Ils furent imprimés à Anvers en 1662 et en 1707, in-fol.

TADDA (François), peintre et sculpteur italien, au milieu du 14e siécle, fut très-estimé de Côme de Médicis, grand-duc de Toscane, qui le combla de biens et d’honneurs. On dit qu’ayant trouvé plusieurs morceaux de porphyre parmi des pièces de vieux marbre, il en composa un bassin de fontaine qui paraissait être d’une seule pièce, et qu’il fit plusieurs autres ouvrages semblables, par le moyen d’une eau qu’il tirait de la distillation de certaines herbes ; que cette eau avait la vertu d’unir les morceaux détachés, et de leur donner une dureté extraordinaire ; mais que son secret fut enterré avec lui.

TAFFI (André), célèbre peintre, natif de Florence, apprit son art des peintres grecs que le sénat de Venise avait mandés, et s’appliqua surtout à la mosaïque, dont le secret lui fut montré par l’un de ces peintres grecs, nommé Apollonius, avec lequel il travailla dans l’église de Saint-Jean de Florence. Taffi mourut en 1294, à 81 ans.

TAFFIN (Pierre), d’une famille d’Artois, est né à Gand en 1668, dans un voyage qu’avait fait sa mère. Il est fils de Jean Taffin et de Jeanne Raux. Il avait épousé Marie-Claire Duhamel, qui lui avait apporté une grande fortune. Après avoir été substitut du procureur-général près le parlement de Flandre, il fut procureur-général près le conseil provincial de Valenciennes, jusqu’à sa suppression arrivée en 1722. C’est à cette époque qu’il se livra à la recherche du charbon dans le Hainaut français, Seigneur de Vieux-Condé, il fit, en septembre 1721, avec M. Désaudrouin de Nonelles, propriétaire de la verrerie de Fresnes, près Condé, un acte d’association pour faire la recherche des mines de charbon de terre. Ayant heureusement commencé leurs recherches au village de Fresnes, ils y découvrirent du charbon de terre ; mais cette mine fut inondée par une source, et la poursuite fut abandonnée, ils ne perdirent point courage ; une nouvelle tentative fut faite, et ils y trouvèrent, en 1723, du charbon qui ne convenait qu’à la cuisson des briques et de la chaux. L’espoir d’une réussite plus heureuse n’était point chimérique, l’existence du charbon était indubitable ; mais la ruine de Pierre Taffin était prochaine. La plus grande partie de la fortune de sa femme avait disparu, elle en mourut de chagrin en 1729. Les échecs ordinaires dans toute espèce d’entreprise, les tracasseries qu’éprouvent les entrepreneurs n’ont pu détourner Pierre Taffin de hasarder le reste de sa fortune pour l’utilité de son pays. La confiance qu’il s’était acquise par sa probité soutint son courage et couronna ses travaux. Après seize ans de recherches il trouva à Anzin, près une des portes de Valenciennes, du charbon de terre qui fut jugé convenir à toutes sortes d’usages, et être pour les usines supérieur aux charbons étrangers. Il avait envoyé en Angleterre l’un de ses fils, qui lui rapporta une pompe à vapeur inventée par le marquis de Worcester, et perfectionnée par Newcouren. Il fut le premier qui employa en France la pompe à vapeur pour épuiser les eaux qui se rencontrent dans le sein de la terre. Le journal Économique de 1752 (mois d’août, page 82) contient les détails des travaux qui doivent rendre la mémoire de Pierre Taffin immortelle, dans la partie nord du royaume de France. Pour le récompenser des services qu’il avait rendus au royaume, le roi Louis XV le nomma chevalier de l’ordre royal de Saint-Michel. Pierre Taffin mourut à Valenciennes en 1745, au milieu d’une nombreuse famille. Sur dix-huit enfans qu’il a eus, deux de ses fils seuls ont eu de la postérité. Les deux branches sont connues sous les noms de Taffin de Sirinehy, et de Taffin de Sœulzin. Parmi ses descendans on compte des conseillers au parlement de Flandre, et des officiers qui ont servi le roi, soit dans sa maison, soit dans les armées.

TAGEREAU (Vincent), célèbre avocat au parlement de Paris, natif d’Angers, est auteur d’un Traité estimé contre le congrès ; il est intitulé Discours de l’impuissance de l’homme et de la femme, Paris, 1611, in-8o. Ce discours se trouve aussi dans la Bibliothèque de Laurent Bouchel, édition de 1667, au mot Séparation. L’usage du congrès fut aboli en 1677, sur un plaidoyer de M. le président de Lamoignon, alors avocat général. On a encore de Tagereau Le vrai praticien français, in-8o.

TAHUREAU (Jacques), né au Mans vers 1527, fit quelques campagnes avant de se marier. Il n’était encore fixé à aucun état, quand il mourut en 1555. Ses Poésies sont imprimées en 1574, in-8o ; Dialogues facétieux, 1566, in-8o.

TAILLE (Jean et Jacques de la), frères, naquirent à Bondaroi dans la Beauce, près de Pithiviers, d’une famille noble et ancienne, Jean en 1536, et Jacques en 1542. Jacques, avant l’âge de 20 ans, avait déjà composé Daire et Alexandre, tragédies, et d’autres poésies : mais son extrême assiduité à l’étude lui affaiblit tellement la vue, qu’il courait risque de la perdre, lorsqu’étant encore au collège à Paris, il fut attaqué de la peste, qu’un de ses cousins lui communiqua, et il mourut en 1562, à peine âgé de 20 ans. Jean son frère aîné prit le parti des armes, et se signala dans les guerres de son temps. Il se trouva à la bataille de Dreux, et fut dangereusement blessé au visage à celle d’Arnai-le-Duc. Au retour du combat, quoiqu’il fût encore couvert de sang et de poussière, le roi de Navarre, qui fut depuis Henri IV, courut l’embrasser et le remit à ses chirurgiens pour être pansé. Il épousa en 1575 Charlotte Dumoulin, fille d’Antoine Dumoulin, chevalier, seigneur de Rouville, et mourut en 1608. On a de lui Saül, La famine ou les Gabaonites, tragédies, Les Corrivaux, Le Negromant, comédies ; des Élégies et d’autres poésies, qu’il fit imprimer avec celles de son frère Jacques en 1573 et 1574, 2 vol. in-8o ; une Géomance, 1574, in-4o ; Les Singeries de la ligue, 1595, in-8o, ou dans la satire Ménippée ; Discours des duels, 1607, in-12.

TAILLEPIED (Noel), cordelier, natif de Pontoise, fut lecteur en théologie et prédicateur. Il mourut en 1589. On a de lui une traduction française des Vies de Luther, de Carlostad et de Pierre Martyr, par Théodose de Bèze, in-8o ; un Traité de l’apparition des esprits, 1602, in-12, rempli de fables et de contes ridicules ; les Antiquités de Rouen, in-8o ; et celles de Pontoise, in-8o ; une Histoire des Druides, Paris, 1585, in-8o, livre savant et recherché.

TAILLEURS (Frères), Voyez Buchs.

TAISAND (Pierre), habile avocat et jurisconsulte au parlement de Dijon, sa patrie, puis trésorier de France en la généralité de Bourgogne, est auteur de plusieurs ouvrages, dont les plus connus sont 1o les Vies des plus célèbres jurisconsultes : la plus ample édition de cet ouvrage est celle de 1737, in-4o ; 2o l’Histoire du droit romain, in-12 ; 3o des Commentaires sur la coutume générale des pays et duché de Bourgogne, 1598[sic], in-fol. Ayant fait présenter à Louis XIV quelques ouvrages manuscrits qu’il avait composés en l’honneur de la famille royale, ce prince lui envoya un beau médaillon d’or ; mais il mourut à Dijon avant de le recevoir, le 12 mars 1715.

TAISNIER (Jean), né à Ath en 1509, fut précepteur des pages de l’empereur Charles V. Las des courses que cette fonction lui occasionnait, il se fixa à Cologne, où il fut maître de musique de la chapelle de l’électeur. Il passait pour un habile chiromancien. On a de lui Opus mathematicum, Cologne, 1562, in-fol. Il y a quelquefois des titres de 1583. C’est dans cet ouvrage qu’on trouve sa Chiromancie et son Astrologie judiciaire. Il y apparence qu’il vécut peu au-delà de 1562.

TAIX (Guillaume de), chanoine et doyen de l’église de Troyes en Champagne, et abbé de Basse-Fontaine, naquit au château de Fresnay près de Château-Dun en 1532, d’une famille noble, connue en Touraine depuis 1350. Il fut député par le clergé de son diocèse aux états de Blois en 1576, et aux assemblées du clergé tenues à Paris en 1579, 1580, 1585 et 1586. Il y parut avec distinction, s’y fit aimer et estimer, et mourut le 7 septembre 1593. Il a donné une relation curieuse et intéressante de ce qui s’est passé aux états de Blois en 1576, dans les Mélanges de Camusat, et dans les assemblées du clergé où il a assisté comme député, Paris, 1625, in-4o.

TALBOT (Jean), comte de Shrewbury et de Waterford, gouverneur d’Irlande, et l’un des plus grands capitaines du 15e siècle, que les Anglais appelaient leur Achille, descendait d’une illustre maison d’Angleterre originaire de Normandie, il se signala par sa valeur lors de la réduction de l’Irlande sous l’obéissance du roi Henri V, et fut fait gouverneur de cette île. Il passa en France en 1417 avec l’armée anglaise, et rendit son nom redoutable aux Français. Il reprit la ville d’Alençon en 1428, puis Pontoise, Laval, etc. ; mais il fut fait prisonnier à la journée de Patay en Beauce. Peu de temps après, ayant recouvré sa liberté, il emporta d’assaut Beaumont-sur-Oise, et rendit de grands services au roi d’Angleterre, qui le fit maréchal de France en 1441. Deux ans après, ce prince l’envoya, en qualité d’ambassadeur, pour traiter de la paix avec le roi Charles VII. Dans la suite il prit Bordeaux avec plusieurs autres villes, et rétablit en France les affaires des Anglais ; mais étant accouru vers la ville de Castillon, pour en faire lever le siège aux Français, il fut tué dans une bataille avec un de ses fils, le 17 juillet 1453. Cette mort fit perdre aux Anglais tout ce qu’ils avaient en Guienne, et ils furent chassés de la France.

TALBOT (Pierre), archevêque de Dublin, naquit en Irlande en 1620, d’une branche catholique de l’illustre maison de Talbot. Il devint aumônier de la reine Catherine de Portugal, femme de Charles II, roi d’Angleterre, et rendit de si grands services à la religion catholique, que le pape Clément IX le fit archevêque de Dublin. Dans la suite il fut arrêté et renfermé par les protestans dans une étroite prison, où il mourut de misère vers 1682. On a de lui en anglais : De la nature de la foi et de l’hérésie, in-8o ; Catéchisme des politiques, in-4o ; Traité de la religion et du gouvernement, in-4o ; Histoire des Iconoclastes, Paris, 1674, in-4o, et d’autres ouvrages de controverse. Richard Talbot, duc de Tyrconel, l’un de ses frères, se trouva à l’âge de 15 ans à une bataille où il resta trois jours parmi les morts. Il s’attacha à Charles II, roi d’Angleterre, et fut laissé vice-roi d’Irlande par Jacques II, lorsque ce dernier prince passa en France. Talbot s’opposa à Guillaume, prince d’Orange, et se préparait à donner bataille, lorsqu’il mourut en 1692. Son oraison funèbre, prononcée à Paris par l’abbé Anselme, a été imprimée in-4o, et dans son recueil d’oraisons funèbres.

TALBOT (Guillaume), de la même maison que les précédens, mais d’une branche protestante établie en Angleterre, se distingua par son mérite, et devint évêque d’Oxford, puis de Sarisbury, et enfin de Durham. Il mourut en 1730. On a de lui un volume de Sermons, et quelques autres écrits.

TALBOT (Charles), fils du précèdent, et lord grand-chancelier d’Angleterre, naquit le 3 décembre 1686. Il s’acquit une grande réputation par son mérite et par sa capacité dans les affaires, et mourut le 14 février 1736.

TALIACOT (Gaspard), professeur en médecine et en chirurgie à Bologne sa patrie, s’est rendu fameux par un Traité pour allonger le nez, les oreilles, les lèvres, etc., quand elles sont difformes, intitulé Curtorum chirurgia, Venise, 1597, in-fol. Quoiqu’on n’ait guère vu d’effets de cette chirurgie, un nommé Verduin l’a renouvelée dans son livre De novâ artuum decurtandorum ratione, Amsterdam, 1696, in-8o.

TALLART (Camille d’Hostun, duc de), maréchal de France, naquit le 14 février 1652, d’une ancienne et illustre maison originaire de Provence. Il servit dès sa jeunesse, et s’étant signalé en plusieurs sièges et combats, il fut envoyé ambassadeur en Angleterre en 1697, où il conclut le traité de partage de la succession de Charles II, roi d’Espagne. La guerre s’étant rallumée, il commanda sur le Rhin en 1702, et fut fait maréchal de France le 14 janvier 1703. Il gagna la bataille de Spire le 15 novembre de la même année, et il écrivit du champ de bataille au roi : « Sire, votre armée a plus d’étendards et de drapeaux qu’elle n’a perdu de simples soldats. » Mais il fut défait et fait prisonnier à la fatale journée de Hochstet, autrement de Blenheim, le 13 août 1704. On le conduisit en Angleterre, et son séjour n’y fut pas inutile, car il y fit goûter à la reine des propositions de paix qui dans la suite eurent leur effet. De retour en France en 1711, il fut fait duc en 1712, et mourut le 3 mars 1728, à 76 ans, laissant Marie-Joseph de Hostun, duc de Tallard, dont le duché fut érigé en pairie en 1715. C’est son épouse Marie-Isabelle-Gabrielle de Rohan, née en 1699, qui succéda à son aïeule madame de Ventadour dans la charge de gouvernante des enfans de France.

TALLEMANT (François), abbé du Val-Chrétien, aumônier du roi, puis premier aumônier de madame la dauphine, et sous-doyen de l’académie Française, natif de La Rochelle, mort le 6 mai 1693, à 73 ans, est auteur 1o d’une traduction française des Vies des hommes illustres de Plutarque, 8 vol. in-12 : cette traduction n’est point estimée, et a fait dire à Boileau que Tallemant était le sec traducteur du français d’Amiot ; 2o d’une traduction française de l’Histoire de Venise du procurateur Nani, 1682, en 4 vol. in-12. Cette dernière traduction est assez bonne.

TALLEMANT (Paul), parent du précédent, naquit à Paris le 18 juin 1642. Il fut reçu de l’académie Française en 1666, puis de celle des inscriptions ; et s’étant acquis l’estime de M. de Colbert, le roi le gratifia de plusieurs pensions considérables, et lui donna plusieurs bénéfices. Il se distingua surtout par ses discours et par ses harangues, et fut secrétaire de l’académie des Inscriptions depuis 1694 jusqu’en 1706. Il mourut le 30 juillet 1712. Ses Harangues, ses Discours, son Voyage de l’île d’Amour, 1663, in-12, et quelques autres de ses écrits, ont été imprimés.

TALON (Omer), avocat-général au parlement de Paris, et l’un des plus grands magistrats du 17e siècle, était fils d’Omer Talon, conseiller d’état, d’une maison illustre dans la robe, et féconde en personnes de mérité. Il se distingua également par sa probité, par ses talens et par sa capacité dans les affaires, et devint avocat-général en 1631, par la démission de Jacques Talon son frère aîné, qui fut fait cette même année conseiller d’état. Omer Talon fit paraître tant d’équité et de sagesse dans ses décisions, qu’il passa avec justice pour l’oracle du barreau. Il mourut le 29 décembre 1652, à 57 ans. On a de lui d’excellens mémoires en 8 vol. in-12, relatifs au parlement dans le temps de la Fronde.

TALON (Denis), fils du précédent, lui succéda en 1652 dans la charge d’avocat-général, et soutint par ses talens et par sa vertu la réputation de son père. Il fut fait président à mortier en 1689, et mourut en 1698. On a de lui quelques pièces imprimées avec les mémoires de son père ; mais le Traité de l’autorité des rois dans le gouvernement de l’Église, qu’on lui a attribué, n’est point de lui. Ce Traité est de M. de la Mothe le Vayer de Boutigny.

TAM (François-Verner), peintre, né à Hambourg, s’attacha à peindre des animaux, des fleurs et des fruits. Il est mort à Vienne en 1724, à 66 ans.

TAMBURINI (François), jésuite sicilien, mort vers 1675, a fait une Explication du Décalogue, Lyon, 1609, in-fol., supprimée par arrêt du, parlement du 6 mars 1762.

TAMERLAN, ou TIMUR BEC, c’est-à-dire Timur-le-Boiteux, empereur des Tartares, et l’un des plus fameux conquérans qui aient paru dans le monde, était issu du sang royal, et comptait plusieurs kama parmi ses aïeux. Il s’éleva à la souveraineté par sa valeur et par sa prudence, et s’étant mis à la tête de quelques troupes, il remporta diverses victoires dans la Perse. Ces succès augmentèrent son ambition et son armée. Il subjugua les Parthes, força les murailles de la Chine, soumit la plus grande partie des Indes, la Mésopotamie et l’Égypte, et se vanta d'avoir sous sa puissance les trois parties du monde. Il joignait à l'ambition de dominer et aux talens des plus grands guerriers, quelque connaissance des mathématiques et de la théologie mahométane; mais il ternit l'éclat de ses grandes actions par sa cruauté, il détruisit Bagdad, où 800000 habitans périrent. Sébaste, Damas, Alep éprouvèrent le même sort. La plus considérable de ses victoires fut celle qu'il, remporta sur Bajazet Ier, empereur des Turcs, près d’Angoury en 1402. Bajazet y fut fait prisonnier, et fut d’abord traité avec beaucoup de douceur par le prince tartare ; mais s’étant ensuite rendu indigne de cette modération par son orgueil, par ses menaces et par ses mépris, on dit que Tamerlan le fit enfermer dans une cage de fer. On assure que ce conquérant envoya des ambassadeurs à Charles VI, roi de France. Il mourut le 1er avril 1415, à 71 ans. Ses fils partagèrent entre eux ses conquêtes. Nous avons une Histoire de Tamerlan, par Arabscad, traduite par Vattier, et une traduction française de l’histoire de ce même prince, composée en persan par un auteur contemporain. M. Petis de la Croix, auteur de cette traduction, la donna au public en 1722, 4 tomes in-12.

TANAQUILLE, appelée aussi Cécilie, femme de Tarquin l’Ancien, était née à Tarquinie, ville de Toscane, et y fut mariée à Lucumon, originaire de Corinthe. Ce Lucumon, étant riche, et ayant épousé la fille d'une des plus nobles familles de la ville, espérait pouvoir parvenir aux dignités ; mais il rencontra de grands obstacles, parce qu'il était fils d’un étranger. Tanaquille, qui n’était pas moins ambitieuse que son mari, lui persuada d’aller tenter fortune à Rome, où les personnes de mérite, de quelque pays qu’elles fussent, pouvaient parvenir aux plus grandes charges. Peu de jours après ils se mirent en chemin, et en arrivant au Janicule, on dit qu’on aigle descendît sur leur chariot, enleva le chapeau de Lucumon, et après avoir volé quelque temps autour d’eux, avec de grands cris, lui remit ce chapeau sur la tête. Tanaquille embrassa aussitôt son époux en l’assurant que cette aventure était un présage certain de son élévation future. Lucumon prit dans Rome le nom de Tarquin, gagna l'estime et l'amitié de Romains, et s’insinua tellement dans les bonnes grâces du roi, qu’il fut revêtu des plus grands emplois, et qu’il devint roi lui-même. Ayant été assassiné la trente-huitième année de son règne, Tanaquille fit tomber la couronne sur Servius Tullius son gendre, qui avait été élevé dans son palais, et dont elle avait auguré l’élévation à l’occasion d’un feu que l’on avait vu autour de sa tête pendant qu’il dormait. Tanaquille eut grande part au gouvernement pendant |e règne de son mari et celui de son gendre. Sa mémoire fut en si grande vénération dans Rome pendant plusieurs siècles, qu’on y conservait précieusement les ouvrages qu’elle avait faits de ses mains, sa quenouille, son fuseau, de la laine qu’elle avait filée, sa ceinture, et une robe royale qu’elle avait faite pour Servius Tullius. C’est elle qui fit la première de ces tuniques tissues que l’on donnait aux jeunes gens quand ils se défaisaient de la Prætexta pour prendre la robe virile, et de celles de même façon dont on revêtait les filles qui se mariaient.

TANCRÈDE DE HAUTEVILLE, seigneur normand, vassal de Robert, duc de Normandie, se voyant chargé d’une grande famille, avec peu de biens, envoya ses deux fils Guuiscard et Roger tenter fortune en Italie. Ils s’établirent par leurs armes en Sicile, prirent Palerme en 1070, et leurs descendans y régnèrent dans la suite.

TANCRÈDE, archidiacre de Bologne au commencement du 13e siècle, est auteur d’une Collection de canons que Ciron a donnée au public avec des notes.

TANCRÈDE, prétendu duc de Rohan, fut porté jeune en Hollande par un capitaine, qui le donna à un paysan. Lorsqu’il fut en âge d’apprendre quelque chose, on l’envoya à Leyde pour y faire ses études ; mais on en eut ensuite si peu de soin, que, manquant de tout, il fut sur le point d'apprendre un métier. En 1645, Marguerite de Béthune, duchesse de Rohan, voulant déshériter sa fille qui s’était mariée malgré elle à Henri Chabot, reconnut Tancrède pour son fils et lui envoya de quoi se mettre en équipage. Il vint à Paris, où après avoir long-temps disputé sa naissance, le parlement le déclara supposé, par un célèbre arrêt rendu en 1646, quoique la duchesse de Rohan soutînt qu’il était son fils. Il était brave de sa personne, et fut tué fort jeune en 1649, d’un coup de pistolet, pendant la guerre civile de Paris.

TANEVOT (Alexandre), né à Versailles en 1692, passa 60 ans dans les bureaux des finances, et finit par les places de premier commis des finances, et de secrétaire de M. de Boulogne, devenu contrôleur-général. Cependant sa fortune suffit à peine à payer ses dettes, et quelques domestiques ou legs pieux, parce qu’il s’était toujours respecté assez pour se contenter de ses appointemens, sans solliciter des grâces, qui ne s’obtiennent souvent qu’aux dépens de la justice. Les muses, qu’il associa aux occupations de son état, firent tout l’agrément de sa vie, qu’il termina en 1773. Il a fait imprimer ses différens ouvrages en 1766, 3 vol. in-12, dans lesquels se trouvent les tragédies de Séthos et d’Adam et Ève.

TANGÉ (Pierre), graveur, mort à Amsterdam en 1760, dont on a un Christ mort, d’après Salviati ; les Joueurs de cartes, de Caravage ; Tarquin et Lucrèce, de L. Jordam ; la Chasteté de Joseph, de Cignani, etc.

TANNÉGUY DU CHÂTEL. Voy. Châtel

TANNER (Thomas), né en 1674, à Luwington, entra dans les ordres sacrés à Noël 1694 ; il serait difficile de détailler le grand nombre de bénéfices qu’il parcourut jusqu’à ce qu’il fut élevé sur le siège de Saint-Asaph le 23 janvier 1732. Il épousa, en 1633, miss Scottow, riche de 15,000 livres sterling, et mourut à Christ-Church d’Oxford le 14 décembre 1735. On voit son épitaphe dans sa cathédrale, où il a été inhumé. Il a publié, en 1695, Noticia monastica anglicana, in-8o, dont il y a une édition fort augmentée par Jean Tanner en 1744. Depuis sa mort on a publié sa Bibliotheca britannico-hybernica, 1748, in-fol., à laquelle il avait travaillé pendant 40 ans. Ces livres, pleins de recherches d’antiquités, ont des notes critiques qui les rendent précieux.

TANNERUS (Adam), savant jésuite, natif d’Inspruck, enseigna la théologie avec réputation à Ingolstad et à Vienne en Autriche, et devint chancelier de l’université de Prague ; mais l’air de cette ville étant contraire à sa santé, il résolut de retourner dans sa patrie, et mourut en chemin le 25 mai 1632, à 60 ans. Il s’était trouvé en 1601 à la fameuse dispute de Ratisbonne entre les docteurs catholiques et hérétiques, en présence des ducs de Bavière et de Neubourg. On a de lui une relation de cette dispute, Munich, 1602, in-fol., et un grand nombre d’ouvrages en latin et en allemand, entre autres une Astrologie, Ingolstad, 1621, in-fol ; quelques Apologies pour les jésuites, etc.

TANQUELIN ou TANCHELIN, nommé aussi Tanchelme, Tanquelme, Tanchème et Tandème, fanatique du 12e sièc., était d’Anvers. Quoique laïque il prêcha publiquement, surtout dans les Pays-Bas et dans la Hollande. Il enseignait que les sacremens de l’Église catholique étaient des abominations ; que les prêtres, les évêques et les papes n’avaient rien de plus que les laïques, et qu’il ne fallait pas payer la dime. Il s’appliqua d’abord à gagner les femmes, et par leur moyen il séduisit bientôt les maris. Le libertinage le plus honteux était le fruit et souvent l’amorce de la séduction. Il avait tellement fasciné les esprits, qu’il abusait des filles en présence de leurs mères, et des femmes en présence de leurs maris ; et loin que les uns et les autres le trouvassent mauvais, ils se croyaient tous honorés de l’amour du prétendu prophète. Il paraissait en public escorté de 3000 hommes armés qui le suivaient partout. Il était superbement habillé, et avait l’équipage d’un roi. Quand il prêchait, il faisait porter son étendard, et ses gardes avaient l’épée nue. Cet appareil frappait les yeux du peuple grossier, qui l’écoutait comme si c’eût été un ange. Pour subvenir à ses dépenses, il s’avisa d’un stratagème qui lui réussit. Prêchant un jour a une grande foule de peuple, il fit mettre à côté de lui un tableau de la sainte Vierge, et mettant sa main sur celle de l’image, il eut l’impudence de dire à la mère de Dieu : « Vierge Marie, je vous prends aujourd’hui pour mon épouse. » Puis se tournant vers le peuple : « Voilà, dit-il, que j’ai épousé la sainte Vierge, c’est à vous à fournir aux frais des fiançailles et des noces. En même temps, ayant fait placer à côté de l’image deux troncs, l’un à droite et l’autre à gauche : « Que les hommes, dit-il, mettent dans l’un ce qu’ils veulent me donner, et les femmes dans l’autre ; je connaitrai lequel des deux sexes a le plus d’amitié pour moi et pour mon épouse. » Les femmes s’arrachèrent jusqu’à leurs colliers et leurs pendans d’oreille pour mettre dans le tronc. Cet imposteur fit de grands ravages dans la Zélande, à Utrecht et dans plusieurs villes de Flandre, surtout à Anvers, malgré le zèle de saint Norbert qui l’avait confondu plusieurs fois. Il alla à Rome en habit de moine, prêchant partout son fanatisme. Mais à son retour il fut arrêté et mis en prison par Frédéric, archevêque de Cologne, d’où s’étant évadé, il fut tué par un prêtre en 1125.

TANSILLO (Louis), fameux poète italien, né à Nole vers 1510, se rendit célèbre dès l’âge de 25 ans par sa pièce intitulée Il vendemiatore o stanze sopra la coltura de gli orti delle Donne, qui fut imprimée à Naples en 1534, in-4o, plus rare que l’édition de Venise, 1549, in-4o. On lui attribue Stanze in lode della Menta, 1540, in-8o, et elles sont jointes aux éditions du Vendangeur de 1574 et suivantes ; l’une et l’autre ont fait beaucoup de bruit. Il s’attacha à la maison de Tolède, et passa une grande partie de sa vie auprès de dom Pierre de Tolède, marquis de Villa-Franca, qui fut long-temps vice-roi de Naples. Tansillo était juge royal à Gayette en 1569, et mourut quelque temps après. On a de lui, outre son Vendangeur, un poëme intitulé Les larmes de Saint-Pierre, traduit en français par Malherbe, et un grand nombre d’autres poésies qui sont estimées. La meilleure édition de ses pièces diverses est celle de Bologne en 1711, in-12. On fait grand cas de ses Chansons et de ses Sonnets.

TANTALE, roi de Phrygie et de Paphlagonie, était, selon les poètes, fils de Jupiter et de la Nymphe Ploté. Selon la fable, il reçut un jour les dieux à sa table, et pour éprouver leur divinité il mit son fils Pelops en pièces, et le leur fit servir parmi les autres viandes. Les dieux découvrirent le meurtre, et ne touchèrent point à ses mets, à la réserve de Cérès, qui, ne songeant qu’à sa fille Proserpine, mangea, sans y penser, l’épaule gauche. Jupiter ressuscita Pélops, et lui donna une épaule d’ivoire à la place de celle qui avait été mangée. Il condamna ensuite Tantale à une faim et à une soif excessive et perpétuelle. Ce malheureux prince fut enchaîné dans un lac dont l’eau lui allait jusqu’au menton, mais lorsqu’il voulait boire l’eau se retirait. Une branche d’arbre, chargée de fruits, descendait aussi jusque sur ses lèvres, mais lorsqu’il voulait prendre de ce fruit la branche se redressait en haut. On dit que Tantale avait enlevé Ganymède, fils de Tros, roi de Troie, et qu’il avait été contraint de se retirer dans le Péloponèse. On ajoute qu’il fit bâtir la ville de Smyrne, et qu’il laissa trois fils, Pélops, Dascylus et Brocas, et une fille appelée Niobé.

TAPPEN (Sylvestre), savant ministre protestant, né Hildesheim en 1670, est auteur de divers ouvrages en allemand sur la théologie, la morale et l’histoire, de quelques Dissertations en latin, et d’une petite géographie en vers latins, sous le titre de Poeta geographus. Il mourut en 1747, après avoir presque entièrement perdu la vue depuis 20 ans.

TAPPER (Ruard), fameux théologien du 16e siècle, était d’Enchuysen en Hollande. Il devint docteur de Louvain, y enseigna la théologie avec réputation, et y fut fait chancelier de l’université et doyen de l’église de Saint-Pierre. L’empereur Charles V, et Philippe II, roi d’Espagne, l’employèrent dans les affaires de religion et il fut envoyé au concile de Trente en 1551, avec Josse Ravestein et Jean-Léonard Hassels. Il mourut à Bruges le 2 mars 1559, à 71 ans. On a de lui plusieurs ouvrages de théologie, Cologne, 1582, in-fol. 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