Le Captain Cap/I/Profession de foi du Captain Cap

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Juven (p. 10-12).

PROFESSION DE FOI DU CAPTAIN CAP




Citoyens,

Homme neuf, j’arrive avec des idées neuves. Je veux vous faire profiter de ces idées, et c’est pourquoi je viens à vous.

Si vous me nommez, c’est un honnête homme que vous enverrez au Palais-Bourbon. Je ne crois pas devoir en dire davantage.

Après vingt ans de mer et de Far-West, lorsque je remis le pied sur le cher sol natal, qu’y trouvai-je ?

Mensonge, calomnie, hypocrisie, malversation, trahison, népotisme, concussion, fraude et nullité.

L’origine de tous ces maux, citoyens, n’allez pas la chercher plus loin : c’est le microbe de la bureaucratie. Or, on ne parlemente pas avec les microbes.

ON LES TUE !

Et c’est ce que je me suis juré de faire en dépit de tous.

Certains politiciens, vous le savez, ont intérêt à maintenir ce triste état de choses. Car, ce qui ruine le peuple, les fait vivre et les engraisse.

Mais ils sont assez gras comme cela, ces hommes néfastes.

Écartons-les de nous.

Loin d’être l’apanage de certains, L’ASSIETTE AU BEURRE doit être le privilège de TOUS.

Jetons donc sans crainte le cri d’alerte tandis qu’il en est temps encore.

Le vaisseau que nous montons est fait du chêne des vieilles forêts de France. La sève du sol gaulois circule dans ses flancs. S’il fait eau, radoubons-le et ouvrons l’œil au bossoir.

Déposons sur l’île déserte de l’oubli les nullités endimanchées qui ont essayé d’entraver notre marche en avant.

Jetons par-dessus bord paperasses et registres, et, avec les ronds-de-cuir de ces incapables, faisons des bouées se sauvetage.

J’ai dit ce que je voulais.

ASSEZ CAUSÉ !

Il faut défricher avant d’ensemencer. Défrichons !

Lorsque nous aurons enlevé jusqu’au dernier brin d’ivraie, nous verrons refleurir avec plus d’éclat que jamais la loyauté et l’amour de la Patrie, ces deux fleurs symboliques sans lesquelles sont vains les trois mots inscrits au fronton de nos édifices : Liberté, Égalité, Fraternité.


Citoyens,

Il vous faut un homme d’action, je suis prêt.

À dimanche donc, et pas d’abstentions.

Vive la République libre et sans bureaux !

Albert C…, dit Captain Cap.