Le Christianisme dévoilé/Chapitre XI

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CHAPITRE XI.

De la Morale Chrétienne.

Si l’on s’en rapportoit aux docteurs des chrétiens, il sembleroit qu’avant la venue du fondateur de leur secte, il n’y ait point eu de vraie morale sur la terre ; ils nous dépeignent le monde entier comme plongé dans les ténébres et dans le crime : cependant la morale fut toujours nécessaire aux hommes ; une société sans morale ne peut subsister. Nous voyons, avant Jésus-Christ, des nations florissantes, des philosophes éclairés, qui ont sans cesse rappellé les hommes à leurs devoirs ; en un mot, nous trouvons dans Socrate, dans Confucius, dans les gymnosophistes indiens, des maximes qui ne le cédent en rien à celles du messie des chrétiens. Nous trouvons dans le paganisme des exemples d’équité, d’humanité, de patriotisme, de tempérance, de désintéressement, de patience, de douceur, qui démentent hautement les prétentions du christianisme, et qui prouvent qu’avant son fondateur il existoit des vertus bien plus réelles que celles qu’il est venu nous enseigner.

Falloit-il une révélation surnaturelle aux hommes, pour leur apprendre que la justice est nécessaire pour maintenir la société, que l’injustice ne rapprocheroit que des ennemis prêts à se nuire ? Falloit-il qu’un Dieu parlât, pour leur montrer que des êtres rassemblés ont besoin de s’aimer et de se prêter des secours mutuels ? Falloit-il des secours d’en haut, pour découvrir que la vengeance est un mal, est un outrage aux loix de son pays, qui, lorsqu’elles sont justes, se chargent de venger les citoyens ? Le pardon des injures n’est-il pas une suite de ce principe, et les haines ne s’éternisent-elles point, lorsque l’on veut exercer une vengeance implacable ? Pardonner à ses ennemis, n’est-il pas l’effet d’une grandeur d’ame qui nous donne de l’avantage sur celui qui nous offense ? Faire du bien à nos ennemis, ne nous donne-t-il pas de la supériorité sur eux ? Cette conduite n’est-elle pas propre à nous en faire des amis ? Tout homme, qui veut se conserver, ne sent-il pas que les vices, l’intempérance, la volupté, mettent ses jours en danger ? Enfin, l’expérience n’a-t-elle pas prouvé à tout être pensant, que le crime est l’objet de la haine de ses semblables, que le vice est nuisible à ceux mêmes qui en sont infectés, que la vertu attire de l’estime et de l’amour à ceux qui la cultivent ? Pour peu que les hommes réfléchissent sur ce qu’ils sont, sur leurs vrais intérêts, sur le but de la société, ils sentiront ce qu’ils se doivent les uns les autres. De bonnes loix les forceront d’être bons, et ils n’auront pas besoin que l’on fasse descendre du ciel des regles nécessaires à leur conservation et à leur bonheur. La raison suffit pour nous enseigner nos devoirs envers les êtres de notre espéce. Quel secours peut-elle tirer de la religion, qui, sans cesse, la contredit et la dégrade ?

On nous dira, sans doute, que la religion, loin de contredire la morale, lui sert d’appui, et rend ses obligations plus sacrées, en leur donnant la sanction de la divinité. Je réponds, que la religion chrétienne, loin d’appuyer la morale, la rend chancelante et incertaine. Il est impossible de la fonder solidement sur les volontés positives d’un Dieu changeant, partial, capricieux, qui, de la même bouche, ordonne la justice et l’injustice, la concorde et le carnage, la tolérance et la persécution. Je dis qu’il est impossible de suivre les préceptes d’une morale raisonnable, sous l’empire d’une religion qui fait un mérite du zèle, de l’enthousiasme, du fanatisme le plus destructeur. Je dis qu’une religion, qui nous ordonne d’imiter un despote qui se plaît à tendre des piéges à ses sujets, qui est implacable dans ses vengeances, qui veut qu’on extermine tous ceux qui ont le malheur de lui déplaire, est incompatible avec toute morale. Les crimes, dont le christianisme, plus que toutes les autres religions, s’est souillé, n’ont eu pour prétexte que de plaire au dieu farouche qu’il a reçu des juifs. Le caractere moral de ce dieu doit nécessairement régler la conduite de ceux qui l’adorent[1]. Si ce dieu est changeant, ses adorateurs changeront, leur morale sera flottante, et leur conduite arbitraire suivra leur tempérament.

Cela peut nous montrer la source de l’incertitude où sont les chrétiens, quand il s’agit d’examiner s’il est plus conforme à l’esprit de leur religion, de tolérer, que de persécuter ceux qui different de leurs opinions. Les deux partis trouvent également, dans la bible, des ordres précis de la divinité, qui autorisent une conduite si opposée. Tantôt Jéhovah déclare qu’il hait les peuples idolâtres, et qu’on doit les exterminer ; tantôt Moïse défend de maudire les dieux des nations  ; tantôt le fils de Dieu défend la persécution, après avoir dit lui-même, qu’il faut contraindre les hommes d’ entrer dans son royaume . Cependant, l’idée d’un Dieu sévere & cruel, faisant des impressions bien plus fortes et plus profondes dans l’esprit, que celles d’un dieu débonnaire, les vrais chrétiens se sont presque toujours cru forcés de montrer du zèle contre ceux qu’ils ont supposés les ennemis de leur Dieu. Ils se sont imaginés, qu’on ne pouvoit l’offenser, en mettant trop de chaleur dans sa cause : quelques fussent ses ordres d’ailleurs, ils ont presque toujours trouvé plus sûr pour eux de persécuter, de tourmenter, d’exterminer ceux qu’ils regardoient comme les objets du courroux céleste. La tolérance n’a été admise que par les chrétiens lâches et peu zèlés, d’un tempérament peu analogue au dieu qu’ils servoient.

Un vrai chrétien ne doit-il pas sentir la nécessité d’être féroce et sanguinaire, quand on lui propose pour exemples les saints et les héros de l’ancien testament ? Ne trouve-t-il pas des motifs pour être cruel, dans la conduite de Moïse, ce législateur qui fait couler par deux fois le sang des israélites, et qui fait immoler à son dieu plus de quarante mille victimes ? Ne trouve-t-il pas, dans la perfide cruauté de Phinées, de Jahel, de Judith, de quoi justifier la sienne ? Ne voit-il pas dans David, ce modéle achevé des rois, un monstre de barbarie, d’infamies, d’adulteres, et de révoltes, qui ne l’empêchent point d’être un homme selon le cœur de Dieu ? En un mot, tout dans la bible semble annoncer au chrétien, que c’est par un zèle furieux que l’on peut plaire à la divinité, et que ce zèle suffit pour couvrir tous les crimes à ses yeux.

Ne soyons donc point surpris de voir les chrétiens se persécutant sans relâche les uns les autres ; s’ils furent tolérans, ce ne fut que lorsqu’ils furent eux-mêmes persécutés, ou trop foibles pour persécuter les autres ; dès qu’ils eurent du pouvoir, ils le firent sentir à ceux qui n’avoient point les mêmes opinions qu’eux sur tous les points de leur religion. Depuis la fondation du christianisme, nous voyons différentes sectes aux prises ; nous voyons les chrétiens se haïr, se diviser, se nuire, et se traiter réciproquement avec la cruauté la plus recherchée ; nous voyons des souverains, imitateurs de David, se prêter aux fureurs de leurs prêtres en discorde, et servir la divinité par le fer et par le feu ; nous voyons les rois eux-mêmes devenir les victimes d’un fanatisme religieux, qui ne respecte rien, quand il croit obéir à son Dieu.

En un mot, la religion, qui se vantoit d’apporter la concorde et la paix, a depuis dix-huit siécles causé plus de ravages, et fait répandre plus de sang, que toutes les superstitions du paganisme. Il s’éleva un mur de division entre les citoyens de mêmes états ; l’union et la tendresse furent bannies des familles ; on se fit un devoir d’être injuste et inhumain. Sous un dieu assez inique, pour s’offenser des erreurs des hommes, chacun devint inique ; sous un dieu jaloux et vindicatif, chacun se crut obligé d’entrer dans ses querelles, et de venger ses injures ; enfin, sous un dieu sanguinaire, on se fit un mérite de verser le sang humain.

Tels sont les importans services que la religion chrétienne a rendus à la morale. Qu’on ne nous dise pas, que c’est par un honteux abus de cette religion que ces horreurs sont arrivées ; l’esprit de persécution et l’intolérance sont de l’esprit d’une religion qui se croit émanée d’un dieu jaloux de son pouvoir, qui a ordonné formellement le meurtre, dont les amis ont été des persécuteurs inhumains, qui, dans l’excès de sa colere, n’a point épargné son propre fils. Quand on sert un dieu de cet affreux caractere, on est bien plus sûr de lui plaire, en exterminant ses ennemis, qu’en les laissant en paix offenser leur créateur. Une pareille divinité doit servir de prétexte aux excès les plus nuisibles ; le zele de sa gloire sera un voile, qui couvrira les passions de tous les imposteurs, ou fanatiques, qui prétendront être les interprêtes des volontés du ciel ; un souverain croira pouvoir se livrer aux plus grands crimes, lorsqu’il croira les laver dans le sang des ennemis de son dieu.

Par une conséquence naturelle des mêmes principes, une religion intolérante ne peut être que conditionnellement soumise à l’autorité des souverains temporels. Un juif, un chrétien, ne peuvent obéir aux chefs de la société, que lorsque les ordres de ceux-ci seront conformes aux volontés arbitraires, et souvent insensées, de ce dieu. Mais qui est-ce qui décidera si les ordres des souverains, les plus avantageux à la société, seront conformes aux volontés de ce dieu ? Ce seront, sans doute, les ministres de la divinité, les interprêtes de ses oracles, les confidens de ses secrets. Ainsi, dans un état chrétien, les sujets doivent être plus soumis aux prêtres, qu’aux Souverains[2]. Bien plus, si ce souverain offense le seigneur, s’il néglige son culte, s’il refuse d’admettre ses dogmes, s’il n’est point soumis à ses prêtres, il doit perdre le droit de gouverner un peuple, dont il met la religion en danger. Que dis-je ? Si la vie d’un tel souverain est un obstacle au salut de ses sujets, au régne de Dieu, à la prospérité de l’église, il doit être retranché du nombre des vivans, dès que les prêtres l’ordonnent. Une foule d’exemples nous prouve, que les chrétiens ont souvent suivi ces maximes détestables ; cent fois le fanatisme a mis les armes aux mains des sujets contre leur légitime souverain, et porté le trouble dans la société. Sous le christianisme, les prêtres furent toujours les arbitres du sort des rois ; il importa fort peu à ces prêtres, que tout fût bouleversé sur la terre, pourvû que la religion fût respectée : les peuples furent rebelles à leurs souverains, toutes les fois qu’on leur persuada que les souverains étoient rebelles à leur dieu. La sédition, le régicide sont faits pour paroître légitimes à des chrétiens zélés, qui doivent obéir à Dieu, plûtôt qu’aux hommes, et qui ne peuvent, sans risquer leur salut éternel, balancer entre le monarque éternel et les Rois de la terre[3].

D’après ces maximes funestes, qui découlent des principes du christianisme, il ne faut point être étonné, si, depuis son établissement en Europe, nous voyons si souvent des peuples révoltés, des souverains si honteusement avilis sous l’autorité sacerdotale, des monarques déposés par les prêtres, des fanatiques armés contre la puissance temporelle, enfin des princes Princes égorgés. Les prêtres chrétiens ne trouvoient-ils pas, dans l’ancien testament, leurs discours séditieux autorisés par l’exemple ? Les rebelles contre les rois ne furent-ils pas justifiés par l’exemple de David ? Les usurpations, les violences, les perfidies, les violations les plus manifestes des droits de la nature et des gens, ne sont-elles pas légitimées par l’exemple du peuple de Dieu et de ses chefs ?

Voilà donc l’appui que donne à la morale une religion, dont le premier principe est d’admettre le dieu des juifs, c’est-à-dire, un tyran, dont les volontés fantasques anéantissent à chaque instant les régles nécessaires au maintien des sociétés. Ce Dieu crée le juste et l’injuste ; sa volonté suprême change le mal en bien, et le crime en vertu ; son caprice renverse les loix qu’il a lui-même données à la nature ; il détruit, quand il lui plaît, les rapports qui subsistent entre les hommes, et dispensé lui-même de tout devoir envers les créatures, il semble les autoriser à ne suivre aucunes loix certaines, sinon celles qu’il leur prescrit, en différentes circonstances, par la voix de ses interprêtes et de ses inspirés.

Ceux-ci, quand ils sont les maîtres, ne prêchent que la soumission ; quand ils se croyent lésés, ils ne prêchent que la révolte ; sont-ils trop foibles ? Ils prêchent la tolérance, la patience, la douceur ; sont-ils plus forts ? Ils prêchent la persécution, la vengeance, la rapine, la cruauté. Ils trouvent continuellement, dans leurs livres sacrés, de quoi autoriser les maximes contradictoires qu’ils débitent ; ils trouvent, dans les oracles d’un dieu peu moral et changeant, des ordres directement opposés les uns aux autres. Fonder la morale sur un dieu semblable, ou sur des livres qui renferment à la fois des loix si contradictoires, c’est lui donner une base incertaine, certaine, c’est la fonder sur le caprice de ceux qui parlent au nom de Dieu, c’est la fonder sur le tempérament de chacun de ses adorateurs.

La morale doit être fondée sur des régles invariables ; un dieu, qui détruit ces régles, détruit son propre ouvrage. Si ce Dieu est l’auteur de l’homme, s’il veut le bonheur de ses créatures, s’il s’intéresse à la conservation de notre espéce, il voulut que l’homme fût juste, humain, bienfaisant ; jamais il n’a pu vouloir qu’il fût injuste, fanatique et cruel.

Ce qui vient d’être dit, peut nous faire connoître ce que nous devons penser de ces docteurs, qui prétendent, que, sans la religion chrétienne, nul homme ne peut avoir, ni morale, ni vertu. La proposition contraire seroit certainement plus vraie, et l’on pourroit avancer, que tout chrétien, qui se propose d’imiter son dieu, et de mettre en pratique les ordres souvent injustes & destructeurs, émanés de sa bouche, doit être nécessairement un méchant. Si l’on nous dit, que ces ordres ne sont pas toujours injustes, et que souvent les livres sacrés respirent la bonté, l’union, l’équité, je dirai, que le chrétien doit avoir une morale inconstante ; qu’il sera tantôt bon, tantôt méchant, suivant son intérêt et ses dispositions particulieres. D’où l’on voit que le chrétien, conséquent à ses idées religieuses, ne peut avoir de vraie morale, ou doit sans cesse flotter entre le crime et la vertu.

D’un autre côté, n’y a-t-il pas du danger de lier la morale avec la religion ? Au lieu d’étayer la morale, n’est-ce pas lui donner un appui foible et ruineux, que de vouloir la fonder sur la religion ? En effet, la religion ne soutient point l’examen, et tout homme qui aura découvert la foiblesse, ou la fausseté des preuves sur lesquelles est établie la religion, sur laquelle on lui dit que la morale est fondée, sera tenté de croire que cette morale est une chimère, aussi bien que la religion qui lui sert de base. C’est ainsi que souvent, après avoir secoué le joug de la religion, nous voyons des hommes pervers se livrer à la débauche, à l’intempérance, au crime. Au sortir de l’esclavage de la superstition, ils tombent dans une anarchie complette, et se croyent tout permis, parce qu’ils ont découvert que la religion n’étoit qu’une fable. C’est ainsi que malheureusement les mots d’incrédule et de libertin, sont devenus des synonimes. On ne tomberoit point dans ces inconvéniens, si, au lieu d’une morale théologique, on enseignoit une morale naturelle. Au lieu d’interdire la débauche, les crimes et les vices, parce que Dieu et la religion défendent ces fautes, on devroit dire, que tout excès nuit à la conservation de l’homme, le rend méprisable aux yeux de la société, est défendu par la raison, qui veut que l’homme se conserve ; est interdit par la nature, qui veut qu’il travaille à son bonheur durable. En un mot, quelques soient les volontés de Dieu, indépendamment des récompenses et des châtimens que la religion annonce pour l’autre vie, il est facile de prouver à tout homme, que son intérêt, dans ce monde, est de ménager sa santé, de respecter les mœurs, de s’attirer l’estime de ses semblables, enfin d’être chaste, tempérant, vertueux. Ceux que leurs passions empêcheront d’écouter ces principes si clairs, fondés sur la raison, ne seront pas plus dociles à la voix d’une religion, qu’ils cesseront de croire, dès qu’elle s’opposera à leurs penchans déréglés.

Que l’on cesse donc de nous vanter les avantages prétendus que la religion chrétienne procure à la morale ; les principes, qu’elle puise dans ses livres sacrés, tendent à la détruire ; son alliance avec elle, ne sert qu’à l’affoiblir : d’ailleurs, l’expérience nous montre, que les nations chrétiennes ont souvent des mœurs plus corrompues que celles qu’elles traitent d’infidéles et de sauvages ; au moins les premieres sont-elles plus sujettes au fanatisme religieux, passion si propre à bannir des sociétés la justice et les vertus sociales. Contre un mortel crédule, que la religion chrétienne retient, elle en pousse des milliers au crime ; contre un homme qu’elle rend chaste, elle fait cent fanatiques, cent persécuteurs, cent intolérans, qui sont bien plus nuisibles à la société, que les débauchés les plus impudens, qui ne nuisent qu’à eux-mêmes. Au moins est-il certain, que les nations les plus chrétiennes de l’Europe, ne sont point celles où la vraie morale soit la mieux connue et la mieux observée. Dans l’Espagne, le Portugal, l’Italie, où la secte la plus superstitieuse du christianisme a fixé son séjour, les peuples vivent dans l’ignorance la plus honteuse de leurs devoirs ; le vol, l’assassinat, la persécution, la débauche, y sont portés à leur comble ; tout y est plein de superstitieux ; on n’y voit que très-peu d’hommes vertueux, et la religion elle-même, complice du crime, fournit des azyles aux criminels, et leur procure des moyens faciles de se réconcilier avec la divinité. Des prieres, des pratiques, des cérémonies, semblent dispenser les hommes de montrer des vertus. Dans les pays, qui se vantent de posséder le christianisme dans toute sa pureté, la religion a tellement absorbé l’attention de ses sectateurs, qu’ils méconnoissent entiérement la morale, et croyent avoir rempli tous leurs devoirs, dès qu’ils montrent un attachement scrupuleux à des minuties religieuses, totalement étrangeres au bonheur de la société.

  1. Le bon Roi S. Louis disoit à son ami Joinville que “quand un laïc entendoit médire de la religion chrétienne, il devoit la défendre, non seulement de paroles, mais à bone épée tranchante, & en frapper les médisans & les mécréans à travers les corps, tant qu’elle pût entrer”. Voyez le Joinville publié par Ducange, page 2.
  2. Il n’est point de Chrétien à qui l’on apprenne, dès l’enfance, qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes. Mais obéir à Dieu, n’est jamais qu’obéir aux prêtres. Dieu ne parle plus lui-même, c’est l’Eglise qui parle pour lui ; & l’Eglise est un corps de prêtres, qui trouve souvent, dans la bible, que les Souverains ont tort, que les loix sont criminelles, que les établissemens les plus sensés sont impies, que la tolérance est un crime.
  3. Les ennemis des Jésuites se sont prévalus contr’eux, de ce qu’ils ont imaginé, que le meurtre d’un tyran étoit une action louable & légitime : un peu de réfléxion suffisoit pour faire sentir, que si Aod a bien fait, Jacques Clément n’a point été criminel, & que Ravaillac n’a fait que suivre les lumieres de la conscience. S. Thomas d’Acquin a formellement prêché le régicide. Voyez les coups d’Etatn tom. II. p. 33. Les Princes Chrétiens devroient trembler, s’ils réfléchissoient aux conséquences des principes de leur religion.