Le Jardin des dieux/Le Golfe entre les palmes/Lever de lune

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Le Jardin des dieuxEugène Fasquelle (p. 141-142).
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LEVER DE LUNE



Rien ne bouge, des feux se croisent sur la rade…

La lune plate ainsi qu’une immense dorade
Comme un poisson ailé s’élance de la mer,
Et dans l’obscur jardin que parfume ta chair,
Cependant que vers moi tu te tournes, pareille
Avec tes cheveux bleus roulés sur les oreilles
À quelque bateleuse enfant, nous nous serrons.
D’un palmier pend, trempé de lune, un liseron
Et le golfe argenté remue entre les feuilles.
Et sur cette terrasse où la nuit nous accueille,

Chère, je songe aux soirs où les premiers amants,
Cédant aussi dans l’ombre à tant d’enchantement,
Regardaient en berçant leur extase commune
Les dauphins ruisselants jouer dans de la lune.