Le Jardin des dieux/Pour le schah de Perse/Tapisserie
TAPISSERIE
Des enfants portent des fruits bleus
Et violets des îles,
Deux amoureux baissent les yeux
Sur leurs mains inutiles.
Ils descendent en habits d’or
D’une longue galère.
D’où viennent-ils ? De Labrador,
De l’Inde ou de Phalère ?…
Un singe coiffé d’un turban,
Dans ses petites paumes,
Derrière eux porte en titubant,
Un miroir et des baumes,
Tandis que, là-bas, les attend
Sous sa tente orangée,
Prince du golfe, un noir sultan
Qui croque des dragées.
Caresse des vents oiseleurs
Sur les roses humides,
Dauphins sautant parmi les fleurs,
Enchantements d’Armide !
Gouffres de silence, jardins
Bleus de valériane
Où dansent, fervents baladins,
Les jets d’eau d’Ariane,
Suave éternité d’azur
Où le rêve se plonge,
Vergers marins où l’on va, sur
Le corail et l’éponge,
Jours innombrables et profonds
Où chaque heure se pose
Plus légèrement que ne font
Des pétales de rose,
Enchantez-moi d’un horizon
Qui n’a jamais de rides,
Jardins où brûle la Toison,
Suaves Hespérides !