Le Jardin des dieux/Pour le schah de Perse/Zina

La bibliothèque libre.
Le Jardin des dieuxEugène Fasquelle (p. 225-226).
◄  Le poète
Pierrerie  ►



ZINA



Zina, je ferais des lieues
Pour revoir le charme étrange
De ton sein couleur d’orange
Éclairé de perles bleues,

Toi dont les amants ne sont
Qu’ouvriers de ton plaisir,
Que ce soit le grand vizir
Ou le marchand de poisson,

Toi chez qui le prince chauve
Des solitudes sans bornes
Heurta le tourneur de corne
Qui sortait de ton alcôve !


Moi qui ne puis, pauvre et nu,
Qu’imiter sur mon roseau
Les bruits de feuillage et d’eau
Des pays que j’ai connus,

J’avais si bien su te dire
La tristesse de tes dunes
Et le lever de la lune
Devant ton premier sourire,

Que tu me gardas trois jours,
Moi, le poète en haillons,
Pour éblouir de rayons
Ta solitude d’amour,

Et que, malgré sa colère
Et les lances de l’escorte,
Tu fis refuser ta porte
Au capitan des galères.