Le Jardin du Silence et la Ville du Roy/II/J’entends les trois chevaux…

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VII


J’entends les trois chevaux, traînant la diligence,
            Danser dans la poussière.
Été !… C’est une belle route de Provence…
            Le fouet dans la lumière

Claque. Les roues déjà tournent dans le village.
            — Bonjour ! — Monsieur Grégoire
Avez-vous une place ?… Ô le beau paysage !…
            Ces gens vont à la foire.


Une femme en cheveux ressemble à la campagne.
            J’écoute, sur le siège,
Chanter la plaine, l’eau, le vent et la montagne.
            Toute la vie m’assiège.

Une marchande d’œufs m’entretient de ses poules.
            Les yeux d’une servante
Font un ruisseau d’azur qui tremble et qui s’écoule.
            La dame qui s’évente

Possède un beau château. Cet homme est de Palette ;
            Cet autre, lourd et sombre,
Habite Beaurecueil dont la terre est muette.
            Si verte, voici l’ombre

Des platanes. Bientôt nous serons dans la ville.
            La fabrique de laine
S’aperçoit près d’un pont. Un moulin se profile
            Au bord d’une fontaine.

L’école des tambours résonne. La caserne
            A deux belles guérites.
La diligence est jaune… Un mur… Une lanterne…
            L’octroi… Le jour palpite


Dans les petites rues. Sur le pavé sonore
            Les trois chevaux s’avancent.
Le roi René sourit. Un tour de roue encore…
            Le Cours… Aix-en-Provence…