Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Anse

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 14).
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ANSE. — Elle a passé devant le four d’Anse elle ne sait plus rougir.

Le four d’Anse, le forum. Place au-devant de l’ancienne porte, où se tenait et se tient peut-être encore le marché.

On explique l’origine de ce dicton par ce fait que les femmes d’Anse, en attendant leur tour de cuisson au four banal, avaient l’habitude de conversations si scandaleuses et même d’actes si libres que rien ne pouvait plus faire rougir les témoins de ces scènes. (Histoire d’Anse par Yves Serraud.)

Sur l’origine de la locution : Elle a passé devant le four d’Anse, un écrivain lyonnais, qui a publié récemment sous le pseudonyme de Gil Bert d’intéressantes études sur notre région, donne l’explication suivante. Elle n’est peut-être pas d’une rigoureuse exactitude ; elle mérite cependant d’être signalée.

« Une célébrité singulière, écrit-il, s’était attachée à Anse : elle avait pour cause le four banal où se cuisait le pain de toute la ville. Les femmes d’Anse, alors connues pour leur beauté, se réunissaient sur une place, devant le four, pour attendre leur tour de cuisson, et comme la route de Paris passait là, elles arrêtaient les voyageurs, les accablaient de quolibets et finissaient par en venir à des voies de fait qui allèrent jusqu’à des mutilations fâcheuses. De là le dicton connu dans toute la France pour désigner une effrontée : Elle est moins que rien, elle a passé devant le four d’Anse.

« Et souvent, quand un régiment passait devant le four, les officiers faisaient mettre baïonnette au canon et criaient : Garde à vous ! »

De Villefranche à Anse, la plus belle lieu de France. — À cause de la fertilité du terrain.