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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Bocon

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 50).
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BOCON, s. m. — 1. Poison. Prendre le bocon, Donner le bocon, Mme Lafarge avait donné le bocon à son mari. Jeter le bocon, Jeter par les rues du poison pour les chiens errants. Dis donc, bibiche, faut prendre garde à Azor quand il lèvera la jambe, on a jeté le bocon ce matin. — Emprunté au xvie siècle, de l’ital. boccone, grosse bouchée (de bocca) sous la forme boucon. Vous pouvez le voir couché tout au long dans le Dictionn. de l’Acad., vieille épave du passé, oubliée sans doute. J’ai en effet de la peine à me figurer un procureur général solennel, fendant l’air en quatre doubles de sa grande manche et s’écriant avec sa grande éloquence : Oui, Messieurs, l’accusé, poussé par les sentiments pervers, méchants et coupables d’une cupidité basse, vile et méprisable, a donné le boucon à sa chaste, honnête et vertueuse belle-mère.

2. Mauvaise odeur. M. et Mme Quiquenet montent la Grand’Côte et s’arrêtent en voyant des tranchées dans le pavé. Mme Q. Qu’i qu’y font don là ? — M. Q. Te vois pas que c’est M’sieu Ancel que fait travailler pour le gaz ? — Mme Q. Qu’est que c’est que ça, le gaz ? — M. Q. Que t’esses bugne ! Te sais pas que c’est des odeurs ? — Mme Q. Dis plutôt que c’est des bocons !