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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Chien

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 93).
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CHIEN. — 1. Chien de devideuse. Voy. cabot.

Comme les chiens pour mordre le monde. Un célibataire : Les femmes sont faites pour embellir l’existence de l’homme.Un homme marié : Oui, comme les chiens pour mordre le monde.

Malade comme un chien, Être malade comme tout. — On ne voit que ça et les chiens par les rues. Se dit à propos de quelqu’un que l’on rencontre partout.

Jamais bon chien n’a rongé bon os. C’est-à-dire que le bonheur ne vient pas à ceux qui le méritent. Quelquefois vrai, mais, le plus souvent, les os qu’on ronge sont proportionnés à la peine qu’on se donne pour les avoir.

Un temps à ne pas mettre un chien dehors. Se dit d’un temps pas très beau. Dans mon jeune temps les légitimistes ne manquaient jamais de dire : « Un temps à ne pas mettre Louis-Philippe dehors. »

Coup de chien, Coup déloyal, coup de Jarnac. Souvenir de nos pères les Latins. Le coup de chien était le plus mauvais coup au jeu de dés, l’ambesas : canis damnosi. — Tam facile quam canis excidit, disait un proverbe latin.

Il n’attache pas ses chiens avec des saucisses. Se dit des personnes qui ne jettent pas les épaules de mouton par la fenêtre.

2. Lésinier, avide, sans entrailles. Noutron marchand est prou bon chien, dit un noël canut du xviiie siècle. Pour exprimer l’idée d’avarice et de lésinerie, nous avons de mots à regonfle.

Le mot de chien au sens de lésinier se retrouve jusque dans la haute poésie, ainsi qu’en témoignent les vers de V. Hugo :

Dieu prodigue ses biens
À ceux qui font vœu d’être chiens.

3. Se dit parfois pour le fruit du gallium apparine (Voy. catolle 3). Madame, vous n’avez des chiens après votre robe. Je crois l’expression d’origine dauphinoise.