Aller au contenu

Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Chiottes

La bibliothèque libre.
Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 94).
◄  Chiner
Chipoter  ►

CHIOTTES (parlant par respect), s. f. pl. — Vilain mot pour Communs. Une jeune demoiselle bien élevée ne doit pas dire devant son prétendu : Je vais aux chiottes, mais elle dira avec modestie, en baissant les yeux : Je vais aux communs, ou, en souriant finement: Je vais à la caquetière.

Une question : Pourquoi les mots qui expriment cette chose sont-ils pluriels : des latrines, des water-closets, des privés, des lieux, des commodités, des communs, des chiottes, etc. ? J’ai passé une grande partie de ma vie à réfléchir là-dessus, sans le pouvoir trouver. Peut-être cela vient-il de ce que les planches de latrines avaient ordinairement deux lunettes. C’est encore l’usage dans le Forez et dans la Suisse romande. Le vénérable doyen Bridel, au mot sè vergogni, avoir honte, en usage dans les cantons de Vaud et de Fribourg, raconte que « Un jeune écolier étant entré dans un lieu d’aisances où trônait déjà une bonne châtelaine, voulait respectueusement se retirer, lorsque la dame le retint par ces mots : Vin picé, mon minolet, y a place por dou ; ne m’è vergogno pas dè tè, tè faut pas tè vergogni dè mè. » — Dieu merci, nous n’avons pas de ces familiarités que je qualifierai d’excessives.