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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Clinquettes

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 98-99).

CLINQUETTES, s. f. pl. — Os du bouilli, id est côte de bœuf (ou de vache), avec quoi nos gones font des castagnettes mélodieuses. C’est le vieux franç. cliquettes.

2. Terme de boucherie. Morceau de côte de bœuf (ou de vache) qu’on met bouillir. — Ainsi nommé parce que les os font des clinquettes.

3. Terme de canuserie. — Quand on veut fabriquer des articles très légers, florences, pelure d’oignon, etc., il est nécessaire que le battant frappe très légèrement la trame. Dans ce but, on a cherché à rendre le peigne mobile, de telle façon que, se renversant sous le choc, il ne serre pas le coup. De là le Battant à clinquettes. Dans ma jeunesse ce battant était très simple. On relevait la poignée du battant. Le peigne n’était donc plus retenu que par le pied dans la chana (voy. ce mot) de la masse du battant. Pour qu’il ne se renversât pas complètement sous le coup de battant, on plaçait horizontalement derrière le peigne, au sommet (et par conséquent sous la poignée), une réglette horizontale, et l’on fixait par leur partie inférieure, aux deux extrémités de cette réglette, deux lamelles verticales très minces et très flexibles, que l’on nommait clinquettes, parce qu’on pouvait y voir quelque ressemblance avec de longues castagnettes. Les deux clinquettes étaient vissées dans leur partie supérieure sur les lames du battant, et tenaient ainsi suspendue la réglette contre laquelle s’appuyait le haut du peigne. À mesure que l’on donnait le coup de battant, le peigne pressant sur la réglette, celle-ci s’écartait de tout le jeu laissé par l’élasticité des clinquettes. Le battant repoussé, les clinquettes, reprenant leur position naturelle, ramenaient la réglette contre le peigne. Plus les clinquettes étaient longues, plus léger était le coup.

Ce système a été perfectionné successivement, et depuis longtemps les battants à clinquettes n’ont plus de clinquettes. Mais le nom s’est conservé en s’appliquant à la réglette. Celle-ci porte maintenant une rainure par-dessous dans laquelle on fait entrer le bord supérieur du peigne. N’étant pas fixée par les bouts, comme dans le système précédent, si rien ne la retenait, elle se renverserait avec le peigne dont elle est devenue partie intégrante. Pour la retenir, tout en lui permettant un mouvement de va-et-vient avec le peigne, on assujettit sous la poignée du battant, en avant du peigne, une lamelle mince, parallèle à la réglette ou clinquette, et portant vissées deux petites plaques de fer qui descendent plus bas que la lamelle, en façon d’oreilles. Elles ont chacune un trou par lequel on fait passer une corde à boyau qui va s’attacher à un petit ressort à boudin, logé en face dans la clinquette. La clinquette, ainsi attachée aux plaques de fer, ne peut plus se déplacer que de l’espace laissé par le jeu du ressort, selon que, sous un coup de battant plus ou moins fort, le boudin s’étire plus ou moins.