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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Conséquent, conséquente

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 106).
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CONSÉQUENT, ENTE, adj. — Considérable, important. Je ne puis mieux faire que de citer, à titre d’exemple, un fragment de belle littérature lyonnaise qui remonte à 1823 :

Encore un lyonnaisisme

« … Entendez le libéral M. B… s’écrier que son parti est, en France, le plus conséquent… — Avez-vous vu au muséum le Bon Samaritain ?[1] — Non, pas encore. Mais c’est des nouveaux tableaux le plus conséquent ; que tardez-vous ? — Docteur, que pensez-vous de la maladie de mon Adolphe ? — Pour un mal aussi conséquent, vous m’appelez bien tard. — Les intérêts cumulés donnent à la longue des sommes conséquentes, répétait encore hier mon agent de change ; il s’interrompit cependant pour me dire que la guerre contre l’Espagne serait pour la France seule une guerre trop conséquente. — Irène soupire depuis quelques jours après une pelisse ; mais cette année les pertes de son cher Alfred sont si conséquentes ! — Pauvre plaideur, prends patience, je viens de voir mon avoué : « Votre affaire, m’a-t-il dit, est trop conséquente pour passer avant les féries… » — « Bon Dieu, bon Dieu, dans une ville conséquente comme la nôtre, répètent sans cesse de jeunes littérateurs (sic) lyonnais, pourquoi faut-il que l’art de peindre passe avant l’art d’écrire ? … »

Depuis 1823, l’usage de conséquent, en ce sens, s’est bien perdu, même chez les agents de change et les « jeunes littérarateurs ».

  1. C’est le tableau de Drolling que le gouvernement venait de donner au musée de Lyon.