Aller au contenu

Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Corset

La bibliothèque libre.
Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 110).

CORSET, s. m. — Vêtement commun aux deux sexes, et qu’on appelle aussi tricot. C’est une sorte de gilet à manches que les hommes mettent sous l’habit et le gilet. Ma coque, dira une bonne femme à son mari, la froid pique ce matin, faut mettre ton corset. Le bon père Melache, lui, mettait son corset dès que, parlant par respect, il voyait fumer certaines horreurs par les chemins. C’était pour lui signe infaillible de froid.

Je suis venu jusqu’à mon tirage au sort sans savoir qu’un corset pouvait s’entendre d’autre chose que celui que portait le père Melache, et que je portais moi-même. Cela se comprend. La bonne mère Melache, la bourgeoise du père Melache, dont il vient d’être narré, disait au Jean-Liaude, son fils, qui était un peu couratier : Te pipes, te bois de z’aliqueurs, te sais comme les corsets de femme se lacent, et te dis que t’as pas de défauts ! Il ne s’agissait plus, on le voit, des mêmes corsets. — Or je n’avais pas de défauts, et l’on ne voyait pas encore, dans les montres des magasins, des femmes en chemise qui tournent lentement sur un pivot, à seule fin de vous apprendre comme les corsets des femmes se lacent.

Mon bourgeois prétendait que, dans son jeune temps, il avait vu, au cul-de-sac Saint-Charles, cette enseigne d’une marchande de corsets : Corsets à la mode de Caen. Mais j’ai toujours cru que c’était une gandoise.