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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Cul

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 122-124).
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C… (parlant par respect, je le dis ici une fois pour toutes) — Avoir la v… du c… tournée. Voy. v….

Tourner le c… au pain, Agir contre ses intérêts. D’un candidat qui n’a pas voulu se faire radical, on dira : Il a tourné, etc.

Avoir le c… sur le visage, Avoir une mine florissante de santé.

Prendre son c… par l’oreille, S’en aller.

Se sauver sans prendre le temps de dire au c… de venir, Décaniller à toute vitesse.

Avoir l’esprit pointu comme le c… d’une bareille, Ne pas l’avoir très subtil.

Prendre son c… pour ses chausses, Se tromper lourdement. En effet l’erreur est forte.

Mettre une bareille à c…, La lever sur le fond.

Rencontrer c… à son nez, Rencontrer quelqu’un qui vous résiste en face.

Être à c…, Être à cras, être ruiné, etc.

Donner un coup de c…, S’armer de courage pour faire une montée. Par extension, faire un effort en général. J’écris une élégie à faire fondre en larmes, m’écrivait un poète. Encore un coup de c…, et elle sera finie.

Coup de c…, La montée elle-même. De la Maison-Blanche à Yzeron, il y a un bon coup de c…

Montée de Tire-c…, Aujourd’hui montée des Chazeaux.

C… sur c…, En désordre, sens dessus dessous. Nous sommes en remuage. Chez nous tout est c… sur c…, mo disait la très digne Mme V…, dont le gendre a été président du Tribunal de commerce.

Être c… et chemise. Se dit de deux personnes intimement liées. Ce sont deux c… dans une chemise, même sens.

Un visage comme un c… de pauvre. Se dit du visage d’une personne grasse, fraîche, rose, en bon point. C’est un compliment que l’on fait volontiers à quelqu’un que l’on n’a pas vu depuis un peu de temps, et qui fait toujours plaisir : Eh bonjour, chère Madame, quelle bonne mine vous avez ! un vrai c… de pauvre ! — Vous êtes vraiment trop aimable. Mais ce n’est rien, ça : si vous voyez du corps ! Le fait est que mon mari me disait hier soir que je rajeunis tous les jours.

On dit aussi Des joues comme les fesses d’un pauvre homme. On choisit : affaire de goût.

Lever le c…, terme de commerce, Faire faillite. Autrefois, à Lyon, le failli était astreint à convoquer ses créanciers sur le parvis de Saint-Jean, à se dépouiller de ses vêtements devant eux pour leur montrer qu’il leur abandonnait tout ce qu’il possédait, et à s’asseoir à cru sur la cadette.

Au xve siècle, Guy Pape nous apprend que celui qui demandait à faire cession de ses biens s’asseyait encore nu en public sur une pierre qui était devant l’auditoire. Dans la suite, il dut seulement se présenter à l’audience « dans une attitude humble » et là, en présence du juge, il ôtait sa ceinture, qu’il abandonnait à ses créanciers. Aujourd’hui il n’a plus qu’à déposer son bilan. D’après une loi en préparation, il suffira qu’il leur fasse la gniaque.

Je crois que cette dame s’est levée ce matin le c… le premier. Se dit d’une personne qui paraît de mauvaise humeur. Nous avons des dames qui ne se lèvent jamais la tête la première.

Brûler le c… Voy. brûler.

Baiser le c… de la vieille. Voy. baiser.

C…-bénit, Mot qui ne doit pas se dire pour personne mariée. En les entendant se disputer, j’ai compris tout de suite que c’était des… personnes mariées. On ne saurait trop recommander aux jeunes gens qui sont en fréquentation d’éviter de se servir devant leurs futures de cette expression, que l’on s’étonne de ne pas voir proscrite par le respectable Molard.

C…-blanc, s. m. — 1. C’est le nom que nous donnons à un oiseau qui a des plumes blanches sur le croupion. Le bon Molard qui orthographie cublan, prétend qu’il faut dire un vitrec. Depuis Molard le nom de vitrec a été remplacé par celui de saxicole. Quand vous déterminerez un chasseur à dire : J’ai tué un saxicole, au lieu de J’ai tué un c…-blanc, il fera cent vingt-cinq degrés de chaleur, raie au mur. — Je ne sais pourquoi le vénérable Molard a fait disparaitre cublan de l’édition de 1810.

2. Bisque, colporteur du « pays nostre ». Les c…-blancs, jusqu’en 1840, formaient une partie importante de la clientèle de la maison Puitspelu, en rue Basse-Grenette, au numéro 14 : Rouennerie, toiles, cotonnades, enfin pattes à briquet en général. — Le nom vient de ce que les c…-blancs portaient ordinairement des vêtements de toile grise ou blanche.

C…-de-piau, s. m., Marinier. Pour autant que le fond de leurs culottes, pour plus de solidité, est communément garni de cuir.

C…-de-plomb. s. m., Homme sur un rond de cuir, devant une table à écrire. — Méchant métier pour la santé. Ce qu’il y a dans ce rond de cuir d’anorexies, de chiragres, de podagres, de néphrites, d’anémies, de paraplégies, d’hémiplégies, de cystites, d’arthrites, de gastralgies, de dyspepsies, de glycosuries, de phosphaturies, d’azoturies, d’albuminuries, de prostatites, de pyélites, etc., etc., etc., nul ne le saura jamais.

Voici qui montre quel tort c’est de ne pas enseigner le lyonnais dans les couvents et les lycées de jeunes filles. Je connaissais une aimable demoiselle en âge d’être mariée. Le père voulait d’un commis de ronde. Comme bien s’accorde, la mère n’en voulait pas. Elle entendait d’un employé à la recette générale. Je veux pas qu’Aspasie épouse un cul-de-plomb ! s’écriait le père avec véhémence.

Comme bien s’accorde, Aspasie écoutait à la porte. Elle était trop instruite pour ignorer qu’on fabriquait des nez d’argent et des têtes en buis pour les invalides estropiés. — On l’appela. Comme bien s’accorde encore, la mère l’avait emporté. Aux premiers mots, l’infortunée jeune fille tombe à genoux en sanglotant : Ô maman… an… an !… je t’en supplie ! Pas un homme qui en ait un en plomb… omb… omb !…

C…-levé, Faire un c…-levé à l’écarté, c’est jouer alternativement, chaque joueur qui perd se levant et cédant la place à un autre.

Peigne-c… Se dit de ceux qui écorchent les poux pour en avoir la peau. L’idée est que le de cujus ne reculerait devant aucune besogne pour en tirer profit. Souvenir du xvexvie siècle, et des barbiers attachés aux étuves des deux sexes, lesquels étaient fort déprisés à cause de la nature de leur besogne, exprimée dans le vers célèbre du Rondeau des Barbiers : « Tondre, etc. » (Recueil de poésie françoise, 1550.)

Révérence à c… ouvert (le mot salut serait plus exact, mais révérence est l’expression accoutumée). C’est une rigoureuse observation des lois de la physiologie qui a conduit les Lyonnais à donner ce nom à un profond salut, qu’il s’adresse d’ailleurs à un monsieur ou à une dame, il n’importe. L’agent principal du phénomène consigné dans cette expression est la contraction des muscles abdominaux : le grand droit, le pyramidal qui lui fait suite, le grand oblique, le petit oblique et le transverse. À cette contraction correspond, naturablement, l’extension des fibres antérieures du muscle que, parlent par respect, les physiologistes nomment le grand fessier. Ce muscle rhomboïdal, épais, constitue l’élément le plus actif de la station debout. Son bord inférieur forme la limite de la πυγή. Lorsque le saluant s’incline, l’ἰσχίον cesse d’être recouvert par le muscle, et l’ὀρροπύγιον s’entr’ouvre proportionnellement. L’opération inverse a lieu lorsque le muscle, sous l’action nerveuse, reprend sa position primitive et vient de nouveau recouvrir l’ἰσχίον. Les sphincters sont étrangers à ce mouvement ; cependant ils cèdent relativement dans la position baissée, et c’est ce qui explique pourquoi il n’est pas sans exemple qu’une révérence trop profonde n’ait amené des accidents, sans importance au point de vue pathologique, il est vrai, mais contraires aux lois de la politesse.

Si nous avons bien pu faire comprendre ce qui précède, il en résulte que, appelant :

E, l’écartement de l’ὀρροπύγιον au maximum du salut ;

N, le salut ou inclinaison du corps en fonction de cette écartement ;

R, l’importance de la personne saluée ;

On a :

D’où :

D’où :

On peut donc en mesurant dans la pratique l’écartement de l’ὀρροπύγιον du saluant, connaitre l’importance du salué.

Quant à la valeur de R, elle est pratiquement variable. Autrefois elle s’obtenait par la multiplication de divers coefficients ; moralité, considération, rang social, services rendus, etc. Aujourd’hui il n’en est plus de même, et je connais des députés, des préfets, des sous-préfets, des magistrats, dont je ne donnerais pas deux sous, et que de pauvres diables sont obligés de saluer à sept, huit, neuf et jusqu’à dix centimètres d’écartement.