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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Décrassoir

La bibliothèque libre.
Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 129-130).

DÉCRASSOIR, s. m. — Linge pour se décrasser. Au beau de l’Empire, un artiste lyonnais de grand talent avait été invité aux fêtes de Compiègne. Dans sa chambre, on avait oublié de garnir la toilette. Il sonne. Apparaît un grand laquais, doré comme un calice. — Que désire Monsieur ? — Un décrassoir. — Le laquais s’enfuit épouvanté. C’est singulier, me disait l’artiste en me narrant l’histoire, j’aurais cru que dans cette maison l’on était plus propre. — Ce mot est si usité et si naturel à la fois que ni Molard, ni Humbert, ni Grangier, ni aucun des puristes qui se sont donné mission de corriger le mauvais parler, ne l’a signalé ; ils l’ont cru français !!

Il n’y a pas de terme inutile : les décrassoirs sont pour le visage, les essuie-mains pour les mains. Comment font-ils donc à Paris leurs notes de blanchissage ? Je suppose qu’ils désignent tout sous le nom commun de torchons.