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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Dame

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 126).
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DAME, s. f. — 1. Hie, instrument pour battre le pavé. N’est pas au Dict. de l’Acad., mais se trouve dans Barré, Littré, etc. Vient de ce que le paveur tient sa dame à peu près comme il en tiendrait une en viande avec laquelle il valserait. Littré ajoute qu’on dit plutôt demoiselle, mais nous ne connaissons que dame. Du reste la différence est si mince ! Il y a, il est vrai, peu de dames qui soient demoiselles (j’en ai connu cependant, et des Lyonnaises), mais tant de demoiselles qui sont dames.

2. Écouvillon de four. Probablement de ce que le linge mouillé qui fait la tête de l’écouvillon rappelle vaguement une espèce de poupée.

DAME. — Bien le bonjou, Mecieu Capouillu ; comment que va vot’ dame ? — Merci bien, Mecieu Godivaud, a va ben tout plan plan. — Et vos demoiselles ? — Y a l’aînée que va comme le pont de la Guiyottière, mais la cadette, le sanque lui fait un peu la guerre.

En pareil cas les grands délicats disent femme au lieu de dame, et fille au lieu de demoiselle. Mais l’expression était bien ancrée, en dépit de Molard, et même chez les gens chargés d’enseigner la jeunesse. Je lis en effet cette annonce dans un journal de Lyon de 1823 : « Madame Joulain et sa demoiselle, sous la recommandation de beaucoup de personnes considérées, ont l’honneur d’offrir leur plan d’enseignement, etc. » Et pas plus tard qu’hier, je lisais dans un grand journal de Lyon un article écrit par un ancien professeur de l’Université, sur une fête musicale. Il était parlé des « musiciens et de leurs dames ». Or, à qui ferez-vous croire que les musiciens n’aient pas trouvé cela plus poli que s’il avait dit grossièrement « leurs femmes » ?

Un temps de dame : Ni pluie, ni vent, ni soleil. Soit, mais c’est de tous les temps le plus ennuyeux. Peut-être est-ce pour cela qu’on l’a nommé de dame.