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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Empoisonner

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 148).
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EMPOISONNER, v. n. — Répandre une mauvaise odeur. — Une mère à son fils qui l’embrasse : Pouah ! t’empoisonnes la pipe ! Une femme, inquiète, à son mari qui l’embrasse : D’où vient donc que t’empoisonnes le musc ? — Une petite fillette d’une douzaine d’années se confessait au vénérable curé de Saint-Polycarpe. Après les aimables péchés sans importance d’une jeune vierge, tout d’un coup elle s’arrête, puis hésitant beaucoup, rougissant, balbutiant, elle dit : — Mon père, je m’accuse encore… d’avoir… empoisonné… ma mère !

— Ô mon Dieu ! fit le digne prêtre en bondissant. Petit monstre ! Si jeune ! et comment avez-vous fait ?

La fillette partit en sanglots : — Mon pè… è… re…, voilà… à… à… ! J’étais assise sur maman… an… Tout à coup elle m’a poussée par les épaules en me disant : Peux-tu te sauver, petite cayonne, tu m’empoisonnes !

Voilà les inconvénients de ne pas parler proprement lyonnais. Si cette jeune personne s’était accusée d’avoir emboconné sa mère, au lieu de l’avoir empoisonnée, le confesseur n’aurait pas eu un instant d’hésitation.