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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Loup

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 214-215).
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LOUP. — Je crois ben que la Fanchon a vu peter le loup, c’est-à-dire connaît l’amour. D’où vient cette bizarre idée ? Est-ce parce que les amoureux, se donnant rendez-vous dans les bois, courent fortune d’y rencontrer des loups et par conséquent de les voir, ou plutôt de les entendre se soulager ?

Beaucoup disent : Elle a vu peter le loup sur la pierre de bois. Cette addition ne me paraît qu’une forte bêtise. Dans mon enfance elle était inconnue. — Ajoutons cependant qu’au Gourguillon, nous disons couramment : Elle a vu peter le loup sur la pierre d’évier, expression qui ne manque pas de saveur.

Connu comme le loup blanc. Se dit d’une chose aussi nouvelle que la soupe à l’oignon. Pour que le proverbe soit exact, il faut qu’il y ait beaucoup de loups blancs. Je n’en ai pourtant jamais vu.

C’est aussi vrai comme il n’y a qu’un loup, c’est-à-dire c’est un mensonge.

Quand on parle du loup, on en voit la queue. Se dit lorsque l’on parle de quelqu’un et qu’il arrive inopinément.

Si vous voulez dompter le loup, mariez-le. Proverbe énergique pour indiquer que rien ne résiste à la force féminine. Un petit cheveu d’une femme a plus de force que cent chevaux, disait mon maître d’apprentissage. Un proverbe italien dit la même chose, mais trop crûment.

Des contes à tuer les loups à coups de bonnet, c’est-à-dire des contes si sots que les loups en seraient abrutis au point de pouvoir les tuer avec cette arme peu dangereuse ? Ou bien des contes où l’on tue les loups de cette façon ?

Loup de poivre, Colin-Maillard. Quelle singulière métaphore !