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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Machecroute

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 216).
Mâché  ►

MACHECROUTE. — 1, s. f. Énorme mannequin que l’on portait jadis à notre carnaval. « C’estoit, dit le tant gracieux Rabelais, une Effigie monstrueuse, ridicule, hideuse, et terrible aulx petits enfans, ayant les œilz plus grands que le ventre, et la teste plus grosse que tout le reste du corps, avecque amples, larges et horrificques maschoüeres bien endentelées tant au dessus comme au dessoubs : lesquelles avecques l’engin d’une petite chorde cachée… l’on faisoit l’une contre l’aultre terrificquement cliqueter. » Le Duchat dit en note : « On ne le porte plus à Lyon, quoiqu’on y en parle encore, et qu’on y menace les enfans de les faire manger à la Maschecroute. » La Mâchecroûte était évidemment un souvenir du Manducus latin, d’après Plaute et Festus mannequin pourvu de mâchoires et de dents énormes, qu’on promenait dans certains jeux publics. La tradition, comme le mot, est complètement oubliée.

2, s. m. Instrument en fer, composé d’un levier denté et d’une partie fixe, qui servait à briser la croûte du pain pour les vieillards sans dents. Il ressemblait à l’instrument dont on se sert pour mâcher et amollir les bouchons. Depuis soixante ans, c’est-à-dire depuis qu’on fait des fausses dents, l’instrument est hors d’usage.