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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Marquer

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 224).
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MARQUER, v. n. — 1. Marquer bien, Avoir bonne tournure. Marie, comment était ce mecieu qu’est venu me demander ? — C’est un mecieu qui marque bien. Il avait un chapeau monté et une blouse. Par opposition, Marquer mal, Avoir mauvaise câle. Si te savais comme te marques mal avè ton chapeau d’ânier ! Te sembles un mandrin.

2. Marquer. Se dit d’une jeune fille devenue pubère. La Louisa n’a que douze ans, et elle marque déjà. Se dit, au rebours, d’une femme qui n’a pas encore atteint l’âge critique. Le médecin lui a tout de suite demandé si elle marquait encore. On dit en proverbe à ce propos : Toute pièce qui marque est encore valable.

3. Marquer le course. Lorsque le taffetier suspend son travail, il met un cabelot sous la marche qu’il doit baisser en le reprenant, afin de ne pas être exposé, en baissant deux fois de suite la même marche, à passer deux coups de navette de suite dans la même ouverture de la chaine. Mettre le cabelot, c’est marquer le course.

Je ne sais quel étrange lapsus m’a fait dire que l’on marquait le course dans le métier de taffetas. Il est évident que ce métier n’ayant que deux marches, si l’on enfonce la même marche deux fois de suite, le coup de trame que l’on vient de passer se dépassera. J’ai voulu parler des satins et des armures, avant qu’on ne les fit à l’aide de la mécanique-armure qui n’a qu’une marche. Le satin huit lisses avait huit marches, et l’on faisait des armures de onze marches. Il est clair qu’il était indispensable de marquer la marche où l’on en était avant de reprendre le travail.