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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Massacre

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 225).
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MASSACRE, s. m. — 1. Mauvais ouvrier qui massacre l’ouvrage. Bibochard, c’est pas un canut, c’est un massacre. — Subst. verbal de massacrer.

2. Travailler comme un massacre. Ce n’est pas du tout travailler comme un ouvrier qui massacre l’ouvrage, c’est au contraire travailler avec rage, d’arrache-pied, en surmontant tout obstacle. Hercule, pour épouser les cinquante filles de Danaüs, dut travailler comme un massacre.

Ce mot est un curieux exemple de corruption euphonique. L’expression primitive, encore usitée à Genève, est travailler comme un sacre. Un sacre, autrefois, était un homme capable de toute sorte de rapacités et même de crimes, par analogie avec le sacre, qui, d’après Henry Estienne, est « le plus vaillant et le plus hardi entre les oiseaux de proye ». Travailler comme un sacre, c’est donc travailler en homme hardi, énergique, que rien n’arrête. Mais ne comprenant plus ce que c’est qu’un sacre, nous avons dit massacre, ce qui, même comme sens, n’en est pas très loin, car un sacre est très capable de massacres.