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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Mimi

La bibliothèque libre.
Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 231-232).

MIMI. — Faire mimi, Donner un baiser. — Un jeune architecte lyonnais fut mandé pour la construction d’une maison de campagne. Après quelques instants de conversation, le monsieur, appelé par ses affaires, laisse l’architecte avec sa femme, lui disant : « Vous ferez tout ce que ma femme vous dira. »

La dame était jeune, fraîche, en fort bon point, déparée seulement en ce qu’elle béguait, non sans quelque grâce même. On arrête les dispositions générales. Supplications à l’architecte de commencer les fondations. Il déclare la chose impossible. Monsieur, disait la dame avec une grâce infinie, vous… vous me ferez ce mi… mi… L’architecte se souvenant de la recommendation du mari de faire tout ce que dirait sa femme, il l’embrasse. Racle ! fait la femme, en le repoussant avec violence. L’architecte comprit, mais trop tard, qu’elle avait voulu dire « miracle ». — Il faillit n’en pas faire la maison, mais tout s’arrangea.

Mimi est forgé par répétition de syllabe, comme les mots enfantins, possible avec l’intention d’imiter le bruit du baiser sur chaque joue.

Faire mimi à la pincette, C’est un baiser qui se fait d’une manière aimable en tirant les deux joues de la personne embrassée (pour autant qu’alors on ne peut pas l’embrasser sur les joues).

Je connaissais un jeune licencié ès lettres qui faisait étalage de son latin. Toutes les fois qu’on donnait une pénitence aux jeux innocents, il se précipitait sur une dame (ou une demoiselle) pour l’embrasser, en criant : Primo mini !