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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Sentir

La bibliothèque libre.
Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 318-319).

SENTIR. — Ça sent le sapin. Se dit d’un malade dont la maladie est jugée mortelle.

Ça sent le Saint-Just, même sens. Cette expression a son origine dans ce fait qu’à la Révolution, les cimetières à l’intérieur de la ville ayant été supprimés, on enterra soit à la Guillotière, soit à Saint-Just dans un cimetière dont le terrain fait aujourd’hui partie du monastère des Sœurs de la Visitation. Les télégraphes aériens furent bâtis sur ce terrain, quand celui-ci eut été désaffecté, et pendant longtemps, en suivant le raidillon qui y conduisait, on pouvait voir encore des tombes en marbre, encastrées dans le mur de clôture. Ce fut M. Fay de Sathonay, maire de Lyon, mort en 1812, qui fit transporter le cimetière à Loyasse. L’expression s’est conservée malgré le déplacement du cimetière. — Dans les premières années du siècle, ma mère avait une sœur qui tomba malade. On envoya chercher M. X…, médecin, qui, en se retirant eut le courage de dire à ma grand’mère : Ça sent le Saint-Just. Ma grand’mère indignée le poussa dehors en refermant la porte.

Je ne peux pas le sentir. Curieuse métaphore pour dire que la présence de ce monsieur m’est insupportable.

Je ne peux pas me sentir à la ville, je n’aime que la campagne. Ici la métaphore est encore bien plus drôle, puisque mot à mot, c’est : « Je ne peux pas me percevoir par l’odorat, quand je suis à la ville. »