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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Suisse

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 324-325).
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SUISSE, s. m., parlant par respect. —— Je suis forcé de consigner ici ce mot, en dépit de toute mon estime et de toute ma sympathie pour la nation suisse, à laquelle je tiens par plus d’un lien, car mon arrière-grand-père maternel, Pierre-Aymé Durafor, était né à Genève, le cinquième mars mil sept cent quinze. Son père, Simon Durafor, était « Guet de nos Seigneurs de Genève (il y a encore des Durafor à Genève) ». De se patrie, Pierre-Aymé vint, en octobre 1732, exercer à Lyon sa profession de garçon lanternier et plombier. Il s’y maria, et sa qualité de Genevois sauva la vie à son fils en 1793. Donc on ne m’accusera pas d’être injurieux envers la Suisse, si je cite le terme en question, tout péjoratif qu’il est, comme toutes les épithètes que l’on s’applique de nation à nation. Un dictionnaire doit être complet. — Comme je demandais un jour l’explication du choix de ce mot, un membre de l’Institut, très savant, me fit connaître que c’était un hommage à la vaillance, car on a toujours vu un suisse se laisser écraser plutôt que de se rendre. La vérité, c’est que suisse et sentinelle c’est tout un. (Voy. sentinelle).