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Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Taque

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 328).
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TAQUE, s. m., terme de canuserie. — Cale de bois en forme de coin qui, prise entre la tête du rouleau de devant et le pied de métier, servait jadis à maintenir fixe ce rouleau. De mon temps déjà, le taque était remplacé par une roue dentée, avec un chien s’abattant sur les dents. Lorsque l’ouvrier avait fait environ deux pouces d’étoffe, il « tournait devant » pour faire enrouler d’autant l’étoffe, en faisant avancer la roue de deux ou trois dents. Aujourd’hui l’étoffe s’enroule automatiquement à chaque coup de battant, à l’aide d’un mécanisme appelé régulateur.

Mettre en taque ou entaquer. C’était proprement, après avoir inséré le compasteur (voy. ce mot) dans la rainure du rouleau de devant, fixer celui-ci à l’aide du taque pour commencer à battre. L’expression s’est conservée alors même que l’ouvrier ne sait plus ce que c’est que le taque, et aujourd’hui entaquer, c’est mettre le compasteur dans le rouleau, ou simplement, par extension, se mettre en mesure de commencer le tissage de la pièce.

— D’une racine tac (voy. tacon). Sur l’extension du sens, comp. petas (voy. ce mot) qui, de pièce rapportée sur une étoffe, a pris le sens de gros morceau.