Le Livre de jade (1867)/L’Automne/Le Cormoran

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Judith Walter ()
Alphonse Lemerre, éditeur (p. 65-66).


LE CORMORAN



Selon Sou-Tong-Po.




Solitaire et immobile, le cormoran d’automne médite au bord du fleuve, et son œil rond suit la marche de l’eau.

Si quelquefois un homme se promène sur le rivage, le cormoran s’éloigne lentement en balançant la tête ;

Mais, derrière les feuilles, il guette le départ du promeneur, car il aspire à voir encore les ondulations du courant monotone ;

Et, la nuit, lorsque la lune brille sur les vagues, le cormoran médite, un pied dans l’eau.

Ainsi l’homme qui a dans le cœur un grand amour suit toujours les ondulations d’une même pensée.